Journée internationale de la femme : Assurer la participation effective des femmes dans les processus de paix menés par les Nations unies

Journée internationale de la femme : Assurer la participation effective des femmes dans les processus de paix menés par les Nations unies

Au Conseil de Sécurité, les missions permanentes de l’Irlande, du Mexique, de l’Estonie, de la France, du Kenya, du Niger, de la Norvège, de Saint-Vincent et les Grenadines, la Tunisie, le Viet Nam, le Royaume-Uni et les États-Unis ont coorganiser une réunion sous formule Arria le lundi 08 Mars 2021 virtuellement pour mettre en lumière l’urgence d’une mise en œuvre complète et efficace de l’agenda, « FEMMES, PAIX et SECURITE (FPS) » en ce qui concerne le leadership et la participation des femmes à la paix et dans les processus de paix conduits par les Nations Unies.

La Commission de la condition de la femme, dont le thème cette année est « Participation pleine et effective des femmes à la prise de décisions dans la sphère publique, élimination de la violence, réalisation de l’égalité des sexes et autonomisation de toutes les femmes et de toutes les filles » se réunira du 15 au 26 mars. La participation de la femme dans la sphère publique engage également sa participation pleine, égale et significative dans le développement social, culturel et politi1que ainsi que dans la résolution des défis relatifs aux questions de paix et de sécurité notamment la consolidation de la paix et la prévention des conflits.

Malgré le rôle primordial des femmes dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix, les femmes restent sous-représentées y compris dans les processus de paix menés par les Nations unies. Comme le souligne le dernier rapport du Secrétaire général sur l’agenda FPS, entre 1992 et 2019, les femmes ne représentaient que 13 % des négociateurs et 6 % des médiateurs dans les processus de paix. Les femmes sont également absentes lors de la signature des accords de paix. Seuls 6 % des signataires dans les processus de paix étaient des femmes.

L’événement portera sur la manière dont les Nations unies peuvent montrer l’exemple en exigeant que les femmes soient pleinement impliquées avec une participation et un leadership significatif dans toutes les équipes de médiation, des transitions politiques et des processus politiques qu’elle dirige ou co-dirige. Les Nations unies sont impliquées actuellement dans un certain nombre de processus de paix dans le monde, notamment en Libye, en Syrie et au Yemen. Les missions de l’ONU soutiennent également les transitions politiques et la mise en œuvre du processus de paix dans plusieurs pays, notamment au Mali, au Soudan et au Sud-Soudan. Dans plusieurs pays, comme en Colombie, l’ONU joue un rôle dans la consolidation de la paix et la mise en œuvre des accords de paix. Les Nations unies peuvent jouer un rôle essentiel en veillant à ce que les femmes soient au cœur de ces efforts de consolidation de la paix, contribuant ainsi à des accords de paix plus durables.

Cette réunion sous formula Arria a pour but d’engager les États membres, les femmes bâtisseuses de la paix, et le leadership de l’ONU dans un dialogue sur la manière dont l’ONU elle-même peut montrer l’exemple en insistant sur la participation égale et significative des femmes et sur l’importance de leur leadership dans la médiation et les processus politiques, ainsi que dans d’autres processus qu’elle soutient.

La réunion abordera également la nécessité d’assurer une représentativité diversifiée des femmes, y compris celles des jeunes femmes, des femmes des groupes marginalisés dans les processus de paix et politiques, les femmes travaillant à la base y compris au niveau rural, en soulignant les obstacles qui empêchent leur participation pleine et entière et en identifiant les moyens de les surmonter.

Pour le Représentant du Niger à l’ONU, l’Ambassadeur Abdou Abarry, « Si cette journée est une célébration, elle est aussi l’occasion de faire le point sur le chemin parcouru, mais aussi un rappel brutal des inégalités préjudiciables qui façonnent la participation des femmes à la prise de décision, y compris aux processus de paix, vingt (20) ans après la résolution 1325.

Pour un pays comme le mien, niché dans une région aux crises multiples, l’agenda Femmes, Paix et Sécurité (FPS) n’est pas simplement un concept, il est fondamental pour soutenir la paix et prévenir les conflits. Le Niger soutient fermement cet agenda.

Nous n’avons cessé de prendre des engagements et de renforcer le cadre normatif, il est temps d’agir de manière décisive pour assurer la participation pleine, égale et significative des femmes à la prise de décision et à tous les processus de paix ».

Le diplomate nigérien a fait remarquer que « pour la première fois dans l’histoire, il y a autant de femmes que d’hommes dans les postes de direction des Nations unies, un résultat qui témoigne de l’engagement du Secrétaire général en faveur de l’égalité des sexes. Cela montre également qu’il est possible de garantir la participation pleine, égale et significative des femmes aux processus de paix grâce à un engagement politique ».

L’Ambassadeur Abdou Abarry a poursuivi son intervention en faisant plusieurs propositions, notamment a-t-il indiqué, « Ma délégation tient à souligner que si la valeur instrumentale de l’égalité dans les processus de paix demeure, la participation pleine, égale et significative des femmes est aussi tout simplement une question de justice : si la paix est une question collective, alors pourquoi devrait-elle être discutée, consolidée et réalisée sans les femmes ?

Ma délégation réitère la nécessité de répondre efficacement à cette injustice de longue date et à cette violation des droits qui handicapent non seulement notre travail mais aussi l’efficacité des processus de paix. À cet effet, nous présentons cinq points essentiels à retenir :

– Premièrement, il faut une refonte systémique pour tenir compte de la participation des femmes à tous les niveaux et à toutes les étapes des processus de paix et de sécurité. Nous soulignons que la représentation géographique est importante.

– Deuxièmement, l’ONU doit se tenir responsable et procéder à un examen de tous ses processus de paix en cours en ce qui concerne l’inclusion des femmes. Des stratégies d’inclusion réalisables peuvent être adoptées avec des rapports réguliers sur les lacunes et les mesures adoptées pour les combler. Sur ce point, l’implication des acteurs nationaux serait essentielle pour garantir des analyses contextuellement pertinentes et sensibles au genre depuis les phases de négociation et de médiation jusqu’à la mise en œuvre.

– Troisièmement, rien ne peut remplacer le renforcement du leadership et de l’influence des femmes dans les postes de pouvoir et de décision. Compte tenu des barrières structurelles bien ancrées qui existent, il est nécessaire de soutenir le renforcement des mesures juridiques et institutionnelles, y compris les législations nationales, afin d’obtenir un changement durable ». 

Pour lui en effet, « Lorsque les femmes sont plus nombreuses à occuper des postes de direction dans la sphère publique, elles peuvent modifier fondamentalement les politiques de manière à induire un changement structurel. Notre évaluation des diverses interventions des femmes œuvrant pour la paix, au cours de l’année écoulée, montre que l’une des recommandations communes est l’appel à un engagement significatif des femmes, au-delà d’une participation ou d’une consultation symbolique à des étapes spécifiques.

l’idée du leadership et de la participation des femmes, qui est une priorité pour le Niger, est profondément ancrée dans la longue et plus récente histoire de notre région, où des femmes comme Sarraounia Mangou, la reine Amina de Zazzau et Nana Asmau Fodio ont façonné les espaces sociaux et politiques de manière à cimenter le leadership des femmes comme une norme plutôt qu’une anomalie.  Dans une histoire plus récente, la mise en œuvre de la politique de genre (2017) et de la loi sur les quotas (2000) a fourni au gouvernement une occasion importante de nommer des femmes à des postes de décision critiques qui ont un impact positif sur la mise en œuvre des programmes de paix et de sécurité dans notre pays qui est négativement affecté par les guerres régionales et les crises humanitaires. Dans le gouvernement actuel qui a été formé en 2016 pour cinq (5) ans, les femmes ont occupé des postes de cabinet très critiques comme ministre de la planification, ministre du développement social, ministre du travail et ministre des affaires féminines. En tant que chefs de cabinet, ces femmes dirigeantes ont placé l’équité de genre au centre de leur mission respective avec beaucoup de succès. En mars 2021, 28% des parlementaires élus sont des femmes alors que la loi sur les quotas est une avancée significative qui donne à ces femmes parlementaires l’opportunité de créer une commission spécifique au Parlement qui suit la mise en œuvre du Plan d’Action National 1325.   C’est une tendance très positive pour notre pays ».

Il faut noter que plusieurs conférenciers animeront cette séance, notamment, Mme Rosemary DiCarlo, Secrétaire générale adjointe au Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix (DPPA), M. Geir O Pedersen, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, Mme Bronagh Hinds, négociatrice de l’accord du Vendredi Saint et stratège en chef de la Coalition des femmes d’Irlande et Mme Rasha Jarhum, bâtisseuse de la paix au Yemen.

Le Niger dans son intervention a mis en avant le rôle du leadership des femmes dans les institutions avec notamment le rehaussement du quota, la nécessité de renforcer la participation des femmes dans les opérations de maintien de la paix, la mise en place d’un mécanisme de suivi sur cette question, et l’accès à une éducation de qualité aux filles dont SEM Issoufou Mahamadou, Président de la République a, d’ailleurs, fait une priorité. Sur cette question, il faut noter le leadership du Niger au Conseil de Sécurité de l’ONU avec notamment l’adoption d’une Déclaration Présidentielle (PRST/2020/8) sur la question des attaques contre les écoles appelant à une protection accrue des enfants, en particulier les filles, en cours de scolarité dans les zones de conflits. 

La question du leadership des femmes est au cœur des priorités du Secrétaire général des Nations unies qui, en 2020, a déclaré qu’il ferait tout ce qui est en son pouvoir pour que les femmes soient représentées dans tous les processus décisionnels des Nations unies, y compris les processus de paix et a lancé un appel à l’action pour que toutes les parties prenantes adoptent une approche féministe afin d’accélérer la participation pleine, égale et significative des femmes, en mettant l’accent sur leur leadership. Cet appel a été réitéré par le Groupe des amis pour l’agenda « Femmes, Paix et Sécurité », un groupe interrégional, composé de 64 États membres et de l’Union européenne, qui a appelé les Nations unies à faire de la participation pleine, égale et significative des femmes une exigence dans toute médiation, les transitions politiques et les processus de paix.

Par la cellule communication du conseil de sécurité/Niger.

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