Intervention de M. Abdou ABARRY Représentant Permanent du Niger auprès des Nations  au débat public du Conseil de Sécurité sur la situation au Moyen Orient, y compris la question Palestinienne

Intervention de M. Abdou ABARRY Représentant Permanent du Niger auprès des Nations au débat public du Conseil de Sécurité sur la situation au Moyen Orient, y compris la question Palestinienne

Je remercie le Coordinateur Spécial M. Tor Wennesland, qui pour la troisième fois cette semaine, vient de nous faire un exposé, combien édifiant sur la situation dans les territoires palestiniens occupés et pour tous les efforts qu’il déploie pour arrêter les violences actuelles en Palestine.

Je voudrais également remercier le Secrétaire Général pour les efforts inlassables qu’il déploie et pour sa participation au débat qui nous réunit.  Je salue par la même occasion la présence des distingués Ministres et Représentants des pays concernés par cette crise.

Monsieur le Président,

D’une session à une autre, les nouvelles qui nous parviennent des territoires palestiniens occupés nous éloignent toujours un peu plus des perspectives de paix conformément au consensus de la communauté internationale sur la création d’un État palestinien vivant aux côtés d’Israël, dans la paix et la sécurité.

Le Niger reste profondément préoccupé par les récents développements survenus ces derniers temps avec la recrudescence de la violence entre Israël et les Palestiniens, ainsi que de la flambée d’émeutes intracommunautaires en Israël même.

Il est regrettable de constater que depuis notre première réunion cette semaine, la situation se détériore de jour en jour avec son lot de désolation, de mort, et de destruction dans les territoires palestiniens occupés et dans la bande de Gaza, du fait des bombardements israéliens auxquels répondent les tirs de roquettes des militants palestiniens. Les incidents déclenchés par le projet de déguerpissement des familles palestiniennes des quartiers de Sheik Jarrah et de Silwan, mais aussi, le raid de la Police Israélienne dans la mosquée Haram Al Sharif, pendant le mois béni de Ramadan, le 7 mai dernier, risquent de plonger la région dans un conflit plus large.

Notre préoccupation est d’autant plus grande, que le risque d’internationalisation de la crise se précise en raison d’informations faisant état de l’imminence d’une offensive terrestre des troupes israéliennes sur Gaza et des tirs de missiles depuis le Liban, en direction d’Israël.

À ce jour, il est dénombré près d’une dizaine de morts côté israélien et près de 140 décès, y compris 39 enfants et 22 femmes, des dégâts matériels énormes et plus de 10.000 personnes déplacées, soit du fait de la destruction de leurs habitations ou tout simplement pour chercher refuge dans des écoles, des camps de réfugiés et autres édifices des nations unies, qui eux-mêmes hélas, comme on a pu le constater, ne sont pas épargnés. Les civils, de quelque bord qu’ils soient, doivent être protégés sans considération d’origine, de race ou de religion, conformément au droit international humanitaire et aux résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité sur leur protection en temps de conflit. Le cas du bombardement du camps de refugies d’Al-Shati, ayant conduit à la mort de 8 enfants palestiniens, est tout simplement choquant et inacceptable.

Ma délégation appelle à un arrêt immédiat des hostilités. Nous déplorons ces violences et autres violations de droits de l’homme et du droit international humanitaire et appelons à leurs cessation immédiate. Ici, comme partout ailleurs, il est important que tous ceux qui sont rendus coupables de graves exactions puissent répondre de leurs actes.

Monsieur le Président,

Si l’État d’Israël a le droit de se protéger et de se défendre, il faut aussi reconnaitre aux palestiniens ses mêmes droits, eux qui subissent l’occupation et les effets d’une colonisation effrénée depuis plus de 54 ans. Nous ne pouvons pas constamment appeler au respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire partout ailleurs, et nous abstenir de le faire lorsqu’il s’agit d’Israël. Il n’est simplement logique, que des populations sans défense, vivant sous le joug d’une occupation féroce se résigne à rester éternellement sans réaction devant l’inertie de la communauté internationale.

Que cela soit claire, de même qu’on ne peut soigner une maladie en s’attaquant à ses symptômes, on ne pourra pas régler la crise israélo-palestinienne en arrêtant simplement les violences actuelles. Que de fois ne l’a-t-on déjà fait ! La véritable solution, c’est d’amener Israël à mettre fin à sa politique de colonisation des territoires palestiniens avec son lot d’expropriation, de déguerpissement, de destruction, de brimades et humiliations de toutes sortes. La véritable solution, dis-je, c’est d’avoir le courage de créer les conditions en vue de l’avènement d’un État palestinien indépendant et viable dans ses frontières de 1967, vivant côte à côte avec Israël, et avec Jérusalem-Est comme capitale, conformément aux résolutions pertinentes de ce Conseil et de l’Assemblée Générale.

Nous saluons, à ce titre, les intenses efforts diplomatiques déployés par les Nations Unies, à travers le Coordonnateur Spécial M. Tor, le Quartet pour le processus de paix au Moyen Orient ainsi que les autres acteurs pertinents, pour mettre fin aux hostilités et à l’effusion de sang afin de donner un répit aux populations civiles prises aux piège de cette dernière flambée de violence et de relancer le processus de paix.

Monsieur le Président,

S’agissant de la situation humanitaire dans les territoires occupés, il est à craindre que les récentes violences, et la destruction des édifices abritant des services publiques, dont des écoles et des hôpitaux, ne viennent impacter la fourniture des services de base aux populations et compliquer ou retarder la lutte contre la pandémie du Covid-19 et la campagne de vaccination entamée dans les territoires occupés. Il est aussi à craindre une hausse des cas de contamination au virus du fait que la population est plutôt préoccupée par la recherche de sa protection physique face aux bombardements que par l’observation des mesures barrières contre la propagation de la maladie.

Aussi, ma délégation appelle à un soutien plus accru à l’UNRWA pour lui permettre de faire face aux besoins des personnes affectées par les combats et continuer son assistance habituelle aux plus démunis dans les territoires occupés. Nous appelons Israël et l’Égypte à ouvrir les points de passage sur Gaza pour permettre l’acheminement de l’aide humanitaire d’urgence aux populations particulièrement fragilisées.

Pour conclure, Monsieur le Président, le Conseil de Sécurité doit se montrer à la hauteur de sa responsabilité première, de part la Charte de notre Organisation, en veillant à la mise en œuvre de la solution à deux États, conformément à sa résolution 2334 (2016). Il est temps d’agir, car si nous permettons la création de « bantoustans » au lieu d’un État palestinien viable et indépendant, nous aurons semé la graine de la perpétuation de la haine, de la violence et de la souffrance humaine dans cette merveilleuse région, berceau des trois religions monothéistes.

Cette fois-ci, il s’agit d’un véritable test pour la crédibilité et l’autorité de ce conseil. Nous devons tous, dans l’unité, redoubler d’ardeur et d’imagination, pour soutenir et encourager les parties, à s’engager résolument sur la voie de la paix. Nous devons, par conséquent, continuer à apporter notre ferme soutien au Coordonnateur Spécial ainsi qu’à tous les autres acteurs qui ouvrent, de façon inlassables, pour faire avancer le processus de paix au Moyen Orient.   

Je vous remercie.