
Intervention de M. Abdou ABARRY Représentant Permanent du Niger auprès des Nations au débat public à l’Assemblée Générale sur la situation au Moyen Orient, y compris la question Palestinienne
Monsieur le Président,
Messieurs les Ministres et chefs de délégation,
Je voudrais, au nom du Ministre d’État, Ministre des Affaires Étrangères de la République du Niger S.E.M. Hassoumi Massoudou, empêché, adresser nos remerciements, au Président de l’Assemblée Générale, M. Volkan Bozkir, pour avoir convoqué, la présente séance, pour nous permettre d’examiner la grave situation qui prévaut depuis quelques jours, dans les territoires palestiniens occupés.
Le Niger, Président en exercice de la Conférence des Ministres des Affaires Étrangères de l’OCI se réjouit de partager l’initiative de la convocation de cette importante réunion avec l’Algérie, qui préside le Groupe des États Arabes, pour permettre à cette instance représentative de faire entendre sa voix, sur le drame à ciel ouvert, qui se déroule en Palestine occupée.
Je voudrais me réjouir de la participation de plusieurs ministres qui ont fait le déplacement, malgré les conditions difficiles liées à la pandémie pour prendre part à la première grande réunion de l’Assemblée Générale de l’ère Covid-19, en présentielle.
C’est la preuve éloquente, de leur attachement à la défense des idéaux de la Charte, si injustement bafoués en Palestine occupée.
Par sa présence, le Secrétaire Général des Nations Unies M. Antonio Guterres, marque son engagement constant dans la recherche d’une solution à la crise.
Monsieur le Président,
Pour mon pays, le Niger, la défense des idéaux et principes de la Charte des Nations Unies n’est pas une option ; c’est un impératif dont le respect est le garant de la paix et de la sécurité de chacun et de tous les États membres, grands ou petits.
La grave situation en Palestine, du fait de l’occupation israélienne constitue pour nous tous, un test quant à notre volonté de respecter les valeurs qui fondent notre Organisation.
Face au blocage constaté au sein du Conseil de Sécurité qui, après quatre sessions, n’a pas été en mesure de se prononcer sur les graves évènements en cours, l’Assemblée Générale est dans son rôle de contribuer à la désescalade de la violence, pour épargner les vies humaines, arrêter les destructions d’infrastructures et d’habitations qui creusent encore un peu plus, le fossé entre Israéliens et Palestiniens.
N’ayons pas peur de le dire ! les violences de ces derniers jours sont la conséquence directe de la poursuite de la politique de colonisation effrénée des terres palestiniennes menée par Israël depuis plus de 54 ans.
Cette politique faite d’évictions, d’intimidations, de provocations et de brimades de toutes sortes à l’endroit des populations, en particulier à Jérusalem-Est, du fait des actions des forces de sécurité israéliennes et des colons extrémistes et de surcroit durant le mois béni de Ramadan, a été sans conteste le détonateur du soulèvement auquel nous assistons. Comme elle l’a fait au Conseil, ma délégation condamne, sans réserve, ces actes et appelle Israël, la puissance occupante, à respecter le Droit international et le Droit international humanitaire.
Monsieur le Président,
Nul ne saurait contester, à Israël, le droit de se protéger et de se défendre, comme le martèlent certains, comme si c’était le territoire Israélien qui était occupé.
De même, nul ne saurait envisager ou exiger que des populations sans défense, vivant sous le joug d’une occupation féroce, se résignent à rester éternellement sans réaction, face à l’inertie d’une communauté internationale pourtant sensée les défendre et les protéger.
Face à l’urgence, nous devons appeler à la cessation immédiate des hostilités en exigeant l’arrêt des bombardements contre les populations civiles palestiniennes, bombardements qui hélas, n’épargnent ni les camps de réfugiés, ni les écoles, ni même les édifices des Nations Unies, encore moins ceux abritant les organes de presse. Les civils, de quelque bord qu’ils soient, doivent être protégés sans considération d’origine, de race ou de religion, conformément au droit international humanitaire et aux résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité sur leur protection des civils en temps de conflit.
De même, les tirs de roquettes en direction d’Israël, en réaction aux bombardements, devraient cesser, pour donner une chance à la paix.
La paix tant recherchée depuis Oslo, n’est pas simplement l’arrêt des hostilités en cours, nous avons l’obligation de régler le problème à sa racine.
Nous saluons à ce titre, les efforts diplomatiques intenses déployés par les Nations Unies, à travers le Coordonnateur Spécial M. Tor Wennesland, le Quartet pour le Processus de paix au Moyen Orient ainsi que les autres acteurs pertinents, pour mettre fin aux hostilités, afin de donner un répit aux populations civiles prises au piège de cette dernière flambée de violence.
En effet, de même qu’on ne peut soigner une maladie en s’attaquant à ses symptômes, on ne pourra pas régler la crise israélo-palestinienne en arrêtant simplement les violences actuelles, comme cela a été fait plusieurs fois déjà. La véritable solution, c’est d’amener Israël à mettre fin à sa politique de colonisation des territoires palestiniens. La véritable solution, dis-je, c’est d’avoir le courage de créer les conditions en vue de l’avènement d’un État palestinien indépendant et viable, dans ses frontières de 1967, vivant côte à côte avec Israël, et avec Jérusalem-Est comme capitale, conformément aux résolutions pertinentes de ce Conseil et de l’Assemblée Générale.
Les longues années d’attente, de promesses non tenues, d’espoirs vains, éloignent de la solution à deux États, surtout lorsque par ses agissements, Israël la rend, à terme, irréalisable avec la poursuite de sa politique de bantoustanisation des territoires palestiniens par voie de déguerpissement, de confiscation, et d’occupation illégale des terres palestiniennes.
Monsieur le Président,
La situation humanitaire dans les territoires palestiniens occupés est également une source de grande préoccupation.
La destruction d’édifices abritant les services publics, d’écoles, d’hôpitaux et des voies de communication, aura des graves conséquences sur la fourniture des services de base aux populations. De même, elle freinera les efforts déployés pour lutter contre la pandémie du COVID-19.
Ainsi, ma délégation appelle à un soutien conséquent à l’UNRWA pour renforcer ses capacités à faire face aux besoins pressants des populations, rendues encore plus vulnérables, par la crise actuelle.
Nous saluons les efforts déployés par le CICR, l’UNICEF ainsi que l’ensemble de la famille des humanitaires, dont les équipes travaillent, au péril de leurs vies, pour sauver des vies.
Pour Conclure, Ma délégation espère que notre présente réunion contribuera à mettre un terme à cette dangereuse escalade. Nous devons tout mettre en œuvre pour faire triompher la justice, la paix et la liberté. Nous devons avoir le courage de créer les conditions en vue de l’avènement d’un État palestinien indépendant et viable, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité et de l’Assemblée Générale.
Les peuples de cette merveilleuse région, creuset des trois grandes religions monothéistes, nous regardent, le monde aussi. Nous ne devons pas et ne pouvons pas faillir à notre responsabilité historique de les aider.
Je vous remercie.