Déclaration M. Abdou ABARRY Représentant Permanent du Niger auprès des Nations Unies au debat: « Protection des civils en temps de conflits armés :  La protection des objets indispensables à la survie de la population civile »

Déclaration M. Abdou ABARRY Représentant Permanent du Niger auprès des Nations Unies au debat: « Protection des civils en temps de conflits armés : La protection des objets indispensables à la survie de la population civile »

Mesdames et Messieurs les Ministres

Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies,

Monsieur le Président,

Le thème sous examen est pertinent dans la mesure où les efforts entrepris visant à enrayer la propagation de la Covid-19 ont amplifié les vulnérabilités des civils vivant dans les zones en proie aux conflits et posé de nouveaux défis aux acteurs étatiques et humanitaires, quant à la protection de ces populations et des infrastructures nécessaires à leur survie.

Dans plusieurs théâtres de conflits, que ce soit en Syrie, au Yémen, en Afghanistan ou au sahel, l’on a assisté à une recrudescence des attaques lâches et gratuites des groupes armés sur des cibles civiles en violation des principes de distinction, d’interdiction d’attaques indiscriminées, de proportionnalité et de mesures de précaution dans la conduite des hostilités, comme préconisés par les Conventions de Genève et leur protocoles additionnels. Le temps est venu pour le Conseil de Sécurité de renforcer son engagement dans ce domaine, en envoyant un message clair de soutien au respect du droit humanitaire international et de la reddition des comptes pour les contrevenants.

Je voudrais, à ce stade de mon propos, Monsieur le Président, remercier votre pays le Vietnam, pour avoir placé cette importante question au nombre des priorités de sa présidence et de son mandat au Conseil de Sécurité.

Nous tenons aussi à remercier Messieurs Guterres, Maurer, et le représentant de l’Institut International de Paix, pour leurs présentations et pour leurs engagements sur cette importante question.  

Monsieur le Président,

Une chose est claire : les conséquences humanitaires des attaques sur les infrastructures et objets civils telles que les installations énergétiques, sanitaires, éducatives, d’adduction d’eau, et la destruction des cultures et stocks alimentaires en temps de conflit, se font ressentir non seulement à court, mais aussi, à long terme.

À court terme, ces actes contribuent à complexifier la situation humanitaire des populations, prises au piège entre les belligérants. En s’attaquant à une centrale électrique, par exemple, on s’attaque au système de distribution d’eau courante, au fonctionnement des hôpitaux et de système du traitement des eaux usés dans une communauté. Cet état de fait va favoriser l’apparition de maladies d’origine hydrique et d’autres dysfonctionnements dans la fourniture des services de bases et conduire à un déplacement de populations devenues fragiles.

Sur le long terme, le chemin pour la reconstruction d’un pays dont les infrastructures civiles sont détruites par le conflit est long et nécessite d’énormes ressources. Les dégâts occasionnés par la guerre induisent un retard dans le développement économique et social et fait courir au pays post-conflit un risque d’endettement énorme.

Eu égard à tout ce qui précède, la protection des civils et des objets essentiels à leur survie, nécessite donc, de nous, une approche holistique. À cet effet, permettez-moi de faire quelques recommandations à même de pouvoir faire de la protection de ces infrastructures critiques, un enjeu central de la protection des civils en période de conflit :

Il s’agit tout d’abord de souscrire aux recommandations du Secrétaire Général concernant l’adoption de cadres politiques nationaux et globaux sur la protection des civils qui mettent l’accent sur la prévention, l’atténuation et la réponse aux dommages causés aux infrastructures dont dépendent les populations civiles.

Je voudrais, à ce niveau, saluer et souligner les efforts des pays membres du G5-Sahel, à savoir le Tchad, la Mauritanie, le Burkina Faso, le Mali et mon pays, le Niger, pour avoir développé et mis en œuvre des politiques nationales et autres cadres sur la protection des civils et des infrastructures de fourniture des services essentiels, sur la base d’une approche proactive tendant à réduire l’impact sur les populations civiles.

Il s’agit ensuite d’assurer un accès équitable et inclusif des acteurs de la société civils dans les processus de mise en place de programmes de renforcement de la résilience des infrastructures civiles et des services essentiels, mais aussi, de prendre en compte l’agenda jeunesse paix et sécurité, ainsi que celui sur la femme, paix et sécurité et les recommandations de la résolution 1325 dans l’élaboration de ces mesures.

Par ailleurs, du fait que six (6) des dix (10) plus grandes opérations de maintien de la paix se déroulent dans les pays les plus exposés au changement climatique, l’adoption de mesures visant à améliorer notre compréhension de la corrélation entre conflits et impacts des changements climatiques s’avère indispensable. Le Niger avec l’Irlande et les Amis du Climat continuent à œuvrer pour la prise en compte du changement climatique dans les situations de conflit.

Enfin, Monsieur le Président, tout espoir réel de mettre fin à ces violations, en zone de conflit, passera aussi nécessairement par des actions concrètes pour faire taire les armes, et mettre fin à leur prolifération. Nous tenons à rappeler ainsi aux États, leur obligation de respecter le Traité sur le commerce des armes et inviter ce Conseil à se pencher sur le rôle que joue certains acteurs dans la circulation de ces armes, notamment au Sahel. 

Pour conclure, et étant donné que le débat à notre ordre du jour est le dernier évènement de haut niveau de votre présidence, permettez-moi de vous adresser mes sincères félicitations à vous-même, ainsi qu’à votre gouvernement, pour une présidence bien réussie, comme en témoigne l’adoption d’importants produits par ce Conseil durant ce mois.

Je vous remercie.

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