Déclaration de SEM Hassoumi Massoudou, Ministre d’État, Ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération  au débat de Haut Niveau du Conseil de Sécurité sur le « Maintien de la paix et de la sécurité internationales : maintien du multilatéralisme et du système international centré sur les Nations unies »

Déclaration de SEM Hassoumi Massoudou, Ministre d’État, Ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération au débat de Haut Niveau du Conseil de Sécurité sur le « Maintien de la paix et de la sécurité internationales : maintien du multilatéralisme et du système international centré sur les Nations unies »

Mesdames et Messieurs les Ministres, Monsieur le Président de l’Assemblée Générale,

Monsieur le Président,

C’est avec un réel plaisir et un profond attachement aux idéaux de notre organisation commune que je prends la parole, pour la première fois devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies, en ma qualité de Ministre d’Etat, Ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération de la République du Niger. Je voudrais, à cette occasion vous adresser mes remerciements les plus sincères et vous exprimer ma pleine et entière disponibilité à poursuivre nos relations d’échanges et de coopération avec chacun de vos pays.

Je voudrais également vous transmettre les sincères remerciements de S.E.M. Mohamed Bazoum, pour les félicitations que vos pays respectifs lui ont adressées, suite à son élection à la présidence de la république du Niger.

Monsieur le Président,

Je voudrais remercier la Chine d’avoir fait le choix judicieux de ce thème important de notre débat d’aujourd’hui qui est le maintien de la paix et de la sécurité internationales : maintien du multilatéralisme et du système international centré sur les Nations Unies.

Comme l’ont eu à le rappeler, les intervenants qui m’ont précédé, les Nations Unies représentent le creuset par excellence du multilatéralisme et le cadre approprié pour son maintien.

Contenus au chapitre premier de la Charte des Nations Unie, les principes qui fondent le multilatéralisme appellent les Etats membres à privilégier les « mesures collectives en vue de prévenir et d’écarter les menaces à la paix, dans le respect de l’égalité souveraine des Etats membres ».

C’est conscient de cela, que mon pays n’a eu de cesse de réitérer son ferme attachement à ces principes et d’apporter son soutien continu au renforcement du système international centré sur les Nations Unies. C’est, du reste, pour cette raison que mon pays a organisé lors de sa présidence du Conseil, au mois de septembre dernier, un débat de haut niveau sur le thème « la gouvernance mondiale post covid19 ».

Il est important de souligner que la crise sanitaire provoquée par la pandémie du covid 19 a mis en évidence les insuffisances de nos instruments de gouvernance mondiale et les limites du fonctionnement du système international, y compris le Conseil de Sécurité.

A cet égard, il est temps de donner un nouveau souffle au multilatéralisme, en dotant le système des Nations Unies de moyens suffisants et efficaces lui permettant de remplir ses missions de façon adéquate.

En effet, le monde tel qu’il était au lendemain de la seconde guerre mondiale est diffèrent de celui d’aujourd’hui et nos instruments en l’état actuel, ne suffisent plus à faire face aux grands défis contemporains, notamment les crises sanitaires, la pauvreté, les changements climatiques, le terrorisme, le crime international organisé, la cybercriminalité, etc.

Au regard de ce qui précède, permettez-moi Monsieur le Président, de faire quelques recommandations à même de renforcer la solidarité et la coopération internationales dans le cadre du multilatéralisme pour traiter des questions de paix et de sécurité auxquelles la communauté internationale est actuellement confrontée.

En premier lieu, il est plus que nécessaire de rétablir la confiance dans un système trop souvent perçu comme étant inéquitable et non représentatif de certains pays ou continents. L’Afrique par exemple, qui participe pleinement aux travaux du Conseil de Sécurité n’a pas de siège permanent dans cet organe, malgré  sa participation active à plus de 50 % des réunions du Conseil de sécurité, 60 %  à l’élaboration de ses documents finaux et 70 % de ses résolutions assorties de mandats au titre du chapitre VII.

C’est pourquoi la réforme du Conseil de Sécurité est aujourd’hui plus qu’indispensable. Et de ce point de vue, mon pays souscrit pleinement à la position africaine commune telle qu’exprimée à travers le consensus d’Ezulwini, appelant à la pleine représentation de l’Afrique au sein du Conseil de Sécurité avec au moins deux sièges permanents, et un statut unique pour tous les membres permanents, notamment au niveau du droit de veto. 

Par ailleurs, il est temps d’élargir le champ d’action du Conseil de Sécurité, pour prendre en compte nouveaux défis annoncés précédemment pouvant remettre en cause la paix et la sécurité internationales. Les crises sanitaires, la pauvreté, les changements climatiques, le terrorisme, le crime international organisé, la cybercriminalité et tant d’autres problèmes spécifiques à notre siècle, doivent faire l’objet de la part du Conseil de Sécurité d’un traitement judicieux et sans complaisance.

Au-delà de la question de la réforme du Conseil de Sécurité, se pose également celle des autres institutions de Bretton Woods, tels la Banque Mondiale, le FMI et les autres institutions spécialisées.

Faire face à ces risques sécuritaires, nécessitera un changement de paradigme majeur, mais surtout exigera une volonté politique et un changement d’approche du Conseil de Sécurité. En tant que Conseil, notre objectif n’est pas seulement de gérer les conflits. Nous avons la responsabilité fondamentale de les prévenir. A cet égard, il est donc essentiel, de comprendre les causes, les effets et les complexités des changements en cours, pouvant affectuer durablement la quiétude de nos sociétés.  

En deuxième lieu, nous devons renforcer la coordination et la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous régionales. A cet égard, je voudrais saisir ce moment pour saluer le partenariat qui existe entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union Africaine, qui joue un rôle éminemment positif dans la promotion du multilatéralisme. C’est notre souhait de voir ce partenariat se renforcer davantage, à travers la promotion des mesures de confiance et le dialogue pour soutenir les efforts de prévention et de résolution des conflits sur le continent africain. Aussi, nous encourageons cette initiative entre l’Organisation des Nations Unies des Nations Unies et l’Union Africaine à toutes les autres organisations régionales de par le monde.

Enfin, nous devons tirer les leçons des graves conséquences sociale, économique et politique, induites par la Pandémie du Covid 19 et son impact sur la paix et la sécurité internationales.

C’est l’occasion de réitérer, à la suite du Président de la Commission de l’Union Africaine et du Secrétaire Général des Nations Unies, que le contexte de la pandémie du covid 19 offre une opportunité unique pour « une renaissance du multilatéralisme », basée sur des institutions capables d’agir de manière décisive, sur la base d’un consensus mondial, pour notre bien-être commun.

La pandémie nous appelle donc à renforcer les partenariats bilatéraux, régionaux et interrégionaux. Elle nous appelle également à développer une meilleure coordination aussi bien avec les agences des Nations Unies qu’avec les institutions financières internationales.

Pour conclure, je voudrais réaffirmer que le Monde a aujourd’hui, plus que jamais, besoin d’institutions de régulation fortes. S’il est vrai que la défense des intérêts nationaux gouverne les politiques étrangères des Etats, ces intérêts nationaux sont mieux défendus, dans la coopération, la complémentarité et la solidarité.

Je vous remercie,