Déclaration de S.E.M. Hassoumi Massoudou, Ministre d’État Ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération de la République du Niger au débat de Haut Niveau du Conseil de Sécurité Sur le thème : Sécurité Maritime

Déclaration de S.E.M. Hassoumi Massoudou, Ministre d’État Ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération de la République du Niger au débat de Haut Niveau du Conseil de Sécurité Sur le thème : Sécurité Maritime

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Chefs d’État et de Gouvernement,

Mesdames et Messieurs les membres du Conseil,

Je voudrais tout d’abord féliciter le Premier Ministre Narendra Modi pour l’accession de l’Inde à la présidence du Conseil de Sécurité des Nations Unies pour ce mois d’Août. C’est une responsabilité éminente qu’il vous reviendra d’assumer au nom de votre grand pays, toujours en pointe lorsqu’il s’agit de contribuer aux efforts communs pour la paix et la sécurité internationales. Vous pouvez en cela compter sur le Niger, qui ne ménagera aucun effort pour faciliter votre mission.

Je tiens aussi à saluer l’opportunité que vous nous donnez de débattre sur un thème particulièrement important pour la paix et la sécurité internationales, celui de la sécurité maritime. En effet, aucune partie du monde n’est à l’abri des conséquences de la piraterie maritime, qui prend de plus en plus de l’ampleur et compromet dangereusement la liberté de circulation maritime et la sécurité nécessaire aux transbordements des biens et autres marchandises qui contribuent à l’essor du commerce international.  

Je voudrais remercier Son Excellence Monsieur Félix Antoine Tchisékedi, Président de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de l’Union Africaine, pour sa contribution au présent débat. Nous savons que la sécurité maritime est aussi pour le continent africain un sujet de grande préoccupation. Il vous souviendra que l’Union Africaine avait organisé du 10 au 15 octobre 2016 à Lomé, un Sommet Extraordinaire sur la sécurité et la sureté maritimes en Afrique, qui a été l’occasion d’adopter la charte de l’Union Africaine sur la sécurité maritime.

Je voudrais enfin exprimer mes remerciements à Mesdames Maria Luiza Ribeiro Viotti, Chef de Cabinet du Secrétaire Général des Nations Unies et  Ghada Fathi Waly, Directrice Exécutive de l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC), pour leurs exposés liminaires. 

Monsieur le Président,

Les mers et les océans représentent plus des deux tiers de la surface de notre planète. Des milliards de personnes en dépendent pour leur subsistance. En outre, les mers et les océans constituent, à un titre ou à un autre, un secteur majeur de l’économie mondiale. Aujourd’hui, près de 90% des échanges commerciaux mondiaux s’effectuent par les voies maritimes. Celles-ci sont non seulement des zones de passages stratégiques, mais aussi des espaces privilégiés pour la pêche ou l’extraction des hydrocarbures et autres minerais.

C’est pourquoi, nous considérons que cette question appelle, plus que toute autre, un renforcement de la coopération et une meilleure gestion de sa prospérité subséquente. Nous avons donc le devoir impérieux de sauvegarder la sécurité maritime qui est un gage important pour la paix et le développement international.

Mesdames et Messieurs,

La sécurité maritime, on le sait, reste précaire malgré les efforts inlassables que nous déployons pour la préserver. En effet, la prolifération et la sophistication d’actes criminels en milieu marin sont devenues une menace persistante pour la paix et la sécurité internationales. Ces actes ont un effet désastreux sur les activités économiques et alimentent les flux financiers illégaux des pays affectés par ce phénomène. Aussi, mettent-ils à mal les perspectives de développement.

Le continent africain paie un lourd tribut du fait de ces actes criminels perpétrés en haute mer. Si dans les années 2000, c’étaient les côtes somaliennes et le Golfe d’Aden qui étaient l’épicentre de détournements des navires marchands, l’insécurité maritime a pris de l’ampleur pour atteindre, depuis une décennie, le Golfe de Guinée. En effet, dans cette région, le piratage, tout particulièrement dans l’industrie pétrolière, les prises d’otages pour rançon et le trafic de drogue et d’êtres humains, pour ne citer que ceux-là, sont devenus des pratiques courantes.

Le Niger, pays enclavé, dont le port d’entrée le plus proche se trouve à plus de 1000 Km de Niamey, sa capitale, subit de plein-fouet l’impact de toute détérioration du climat sécuritaire sur les côtes de ses voisins dotés de littoral maritime, dont les installations portuaires lui servent de point de transit pour son commerce international. Cela s’est souvent traduit par des pénuries de toutes sortes, affectant les prix des denrées de première nécessité, avec des répercussions sociales redoutables.

C’est pourquoi, comme elle l’a fait dans le Golfe d’Aden, la communauté internationale devrait porter une attention particulière au phénomène de piraterie maritime en renforçant notamment les moyens de lutte contre ce phénomène dans le Golfe de Guinée. C’est le lieu ici de saluer les efforts fournis, au niveau national par les pays côtiers de la Zone, ainsi que le précieux appui que leur fournit l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC), pour venir à bout de ce fléau. 

Mesdames et Messieurs,

Je voudrais pour finir formuler quelques recommandations qui peuvent contribuer au renforcement de la sécurité maritime, telle qu’elle se présente aujourd’hui :

  • La première est d’ordre politique. Tout comme nous l’avions vivement encouragé dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et la pandémie de la COVID-19, il est indispensable de consolider notre coopération, en privilégiant sa dimension multilatérale et globale, avec l’Organisation des Nations Unies comme fer de lance. A ce sujet, nous pouvons d’ores et déjà nous appuyer sur les mécanismes régionaux et sous régionaux déjà existants tels que l’Architecture de Yaoundé établie par la CEDEAO, la CEEAC et la Commission du Golfe de Guinée (CCG), la Stratégie Maritime Intégrée de la CEDEAO et la Stratégie Maritime Intégrée pour l’Afrique 2050.
  • Ma seconde recommandation est d’ordre juridique. Nous devons nous assurer d’avoir une définition commune de la sécurité maritime englobant le vaste éventail de crimes perpétrés en milieu marin. Ce préalable nous permettrait ainsi d’harmoniser nos codes pénaux et de traduire les auteurs d’infractions en justice. L’arrestation et la poursuite de certains acteurs de la piraterie, grâce à la coopération judiciaire entre les États, ont sans doute contribué à la baisse de ces actes criminels.
  • Enfin, dans la troisième recommandation, je voudrais inviter les partenaires à investir davantage dans les projets et initiatives de développement, de façon à créer des opportunités pour les jeunes dans les pays ou régions le plus en proie au fléau de l’insécurité maritime. 

Je vous remercie de votre attention.

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