Déclaration de Mme Sylvie Baïpo-Temon, ministre des Affaires étrangères et des Centrafricains à l’étranger de la République centrafricaine à la réunion du Conseil de sécurité sur la situation en RCA et les activités de la MINUSCA

Déclaration de Mme Sylvie Baïpo-Temon, ministre des Affaires étrangères et des Centrafricains à l’étranger de la République centrafricaine à la réunion du Conseil de sécurité sur la situation en RCA et les activités de la MINUSCA

Monsieur le Président du Conseil de Sécurité, Mesdames et Messieurs, Monsieur le Président,

Par ma voix, la République Centrafricaine a l’honneur de prendre la parole devant cette Assemblée à un moment crucial de l’humanité confrontée à la lutte contre la pandémie du COVID-19.

Avant d’entamer mes propos, je voudrais, très humblement, joindre ma voix à celle de tous ceux qui m’ont précédé, pour vous adresser, Monsieur le Président, mes vives et chaleureuses félicitations pour la Présidence de nos travaux.

Monsieur le Président,

Je voudrais également saisir l’occasion offerte à la République Centrafricaine pour vous remercier d’avoir convier cette importante assemblée du Conseil de Sécurité pour exprimer, au nom du peuple et du Gouvernement Centrafricain, toute notre gratitude pour la bienveillante attention et l’estime constante à l’endroit de mon pays.

Qu’il me soit permis de réitérer toute notre gratitude et notre confiance à l’endroit de Monsieur Antonio GUTTERES, Secrétaire Général des Nations Unies, pour son engagement soutenu en faveur de la paix et du développement dans le monde, et surtout pour les appuis constants et multiformes des Nations Unies en faveur de la République Centrafricaine.

Monsieur le Président,

Nous avons, le 06 Février 2019, en République Centrafricaine franchi une étape majeure sur le plan politique, par la signature de l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation (l’APPRRCA). Accord de Paix, dont nous avons célébré le premier anniversaire cette année, qui témoigne incontestablement de notre détermination au progrès et à la volonté de transcender les inerties, les résistances à la stabilité ainsi qu’à la prospérité du peuple centrafricain.

Monsieur le Président,

Il est important de rappeler que cet Accord a été conçu sur la base des consultations populaires de 2015 ayant abouti à la tenue du Forum National de Bangui et aux revendications des groupes armés. La correcte mise en application, de cet Accord obtenu après moult négociation, implique que nous soyons : Gouvernement, les 14 groupes armés, les facilitateurs, les garants, les pays de la sous-région et la communauté internationale, en synergie avec le défi d’une paix durable.

La réussite de la mise en œuvre de cet Accord exige un soutien ferme et unanime de la Communauté internationale. Faire cesser les armes, en République Centrafricaine, tel que le préconise le thème de l’année de l’Union Africaine, n’est pas seulement réalisable mais est inévitable. La croisade pour la paix au sein de laquelle, depuis plus de 4 ans nous bâtissons, par stratégie plurisectorielle notre progressif retour à la stabilité et à un Etat de droit, est un engagement gouvernemental décliné sous l’impulsion du Président de la République, Chef de l’Etat, le Professeur Faustin Archange TOUADERA. Il nous incombe, donc, à nous tous qui prônons la culture de la paix, Organisation des Nations Unies, Union Africaine, CEEAC, ainsi que les Etats membres de chacune de ces organisations de faire de cette expérience centrafricaine, un modèle réussi de résolution des conflits en Afrique.

Monsieur le Président,

Le Gouvernement centrafricain n’a point cessé de faire preuve de sa bonne volonté dans l’application des principales dispositions de l’Accord politique, telles que : – La formation d’un Gouvernement inclusif, – L’adoption et la promulgation des lois réclamées, notamment celle sur la décentralisation, le statut des anciens Chefs d’Etat et celle régissant les partis politiques ; – La mise en œuvre des mécanismes de suivi ;

  • La mise en place d’une Commission inclusive comprenant les représentants des parties signataires – La création de la Commission Vérité Justice Réconciliation et Réparation.

Avec l’appui de la Communauté Internationale depuis 2015, plusieurs initiatives ont été entreprises par le Gouvernement dans le cadre du Désarmement, Démobilisation, Réintégration et Rapatriement. Après le programme pilote de Septembre 2017, le grand programme DDRR a été lancé en Décembre 2018. Ainsi, en avril 2019, les efforts consentis ont permis de réaliser le grand programme au Nord-Ouest, le désarmement des combattants d’un bon nombre de groupes armés pour une réinsertion dans le tissu socioéconomique ou les Unités spéciales mixtes de sécurité ou les forces de défense et de sécurité. A Ndélé, dans le Nord-Est, le grand programme de DDRR est en cours d’opérationnalisation.

Concernant les USMS, le cadre juridique associé au concept de leurs opérations a également établi. Le 12 Mai 2020, les premiers éléments des Unités Mixtes de Sécurité (USMS) formés à Bouar ont reçu officiellement leurs certificats de fin de formation.

Monsieur le Président,

Malgré, la volonté affichée du Gouvernement dans la mise en œuvre des recommandations de l’Accord Politique de Paix et de Réconciliation, l’inlassable lutte pour le retour à la paix, le Gouvernement reste confronté à plusieurs défis à relever, notamment de nombreuses formes de violences du fait du non respect et de la violation par les groupes armés des dispositions dudit Accord dont ils sont signataires. Ainsi il est constaté la recrudescence des violences dans l’arrière-pays et le réarmement de certains groupes armés (UPC, FRPC, 3R, MDPC).

Monsieur le Président,

Face aux multiples cas de violation de l’Accord Politique et de Paix par les groupes armés récalcitrants, un contrepoids majoritaire pour faire nid à la paix est impératif. Rester passif, signifierait se désolidariser de l’effort de contrepoids en faisant le choix de la violence des autres.

Nous ne pouvons être spectateurs des inter-agissements humains de nature décourageante à nos idéaux. Tel que l’ancrage démocratique qu’il est utile de conserver en mémoire aux victimes innocentes et en préservation de tant d’efforts réalisés pour la paix. C’est pourquoi, le respect du délai constitutionnel dans le cadre des prochaines échéances électorales est un engagement collectif à tenir.

Monsieur le Président,

En dépit du contexte difficile lié à la pandémie du COVID-19, l’Autorité Nationale des élections s’active à tout mettre en œuvre pour que les élections se tiennent conformément au chronogramme établi. Les démembrements au niveau national ont été finalisés et les opérations d’enrôlement des électeurs sont en cours d’être initiées. Pour ce faire, l’acquisition des équipements électroniques et le logiciel de gestion du fichier électoral et l’ensemble des équipements à cet effet ont été réceptionnés. Les ressources mobilisées à cet effet ont déjà dépassées la barre de 50%. L’adoption par l’Assemblée Nationale et la promulgation des décrets fixant la période de l’établissement de la liste électorale et celui fixant la liste des pays retenus pour la participation des centrafricains de l’Etranger à l’élection présidentielle montrent à suffisance la ferme volonté à de la RCA à aller vers les Elections de 2020-2021. De plus, le Gouvernement a acté la participation des votes des réfugiés centrafricains, sous réserve de l’accord des pays concernés à prendre les dispositions nécessaires à l’exercice des droits civiques des réfugiés centrafricains sur leur territoire. Le projet de loi.

Monsieur le Président,

Je fonde l’espoir que la Communauté Internationale restera mobilisée aux côtés du peuple et du Gouvernement Centrafricain et continuera à les appuyer pour le relèvement et la levée totale de l’embargo qui pèse encore sur mon pays qui n’aspire qu’à une paix véritable.

Je vous remercie.