Déclaration de M. AOUGUI NIANDOU, Représentant permanent du Niger adjoint auprès des Nations unies au nom des A3 et de St. Vincent et les Grenadines sur la situation en Afghanistan

Déclaration de M. AOUGUI NIANDOU, Représentant permanent du Niger adjoint auprès des Nations unies au nom des A3 et de St. Vincent et les Grenadines sur la situation en Afghanistan

M. le Président,

1. J’ai l’honneur de faire cette déclaration au nom des A3+1, à savoir le Kenya, la Tunisie, le Saint-Vincent-et-les-Grenadines et le Niger.

2. Je tiens tout d’abord à remercier Mesdames Deborah Lyons, Envoyé Spéciale du Secrétaire Général pour l’Afghanistan et Shaharzad Akbar, Président de la Commission indépendante des droits de l’homme en Afghanistan pour leurs présentations sur les derniers développements en Afghanistan. Les A3+1 réitère son soutien aux efforts de stabilisation et aux bons offices déployés dans la recherche d’une solution à la crise afghane, qui a évolué de manière particulièrement inquiétante ces derniers temps.

3.  Je voudrais également saisir cette occasion pour souhaiter la bienvenue Représentant Permanent de l’Afghanistan pour sa déclaration.

M. le Président,

4. Après des décennies de guerre, de destruction et de désolation, le peuple afghan aspire aujourd’hui à la paix. Cette aspiration est profonde, et les Afghans l’ont manifestée en accueillant avec beaucoup d’espoir le début des pourparlers de paix intra-afghans en septembre 2020 à Doha.

5. Malheureusement, ces pourparlers sont actuellement dans l’impasse mort et les hostilités font rage dans tout le pays. Les A3+1 soulignent que l’option militaire ne conduira pas à une solution durable acceptable pour toutes les parties afghanes. Nous appelons donc les talibans et le gouvernement afghan à cesser immédiatement le feu, afin de donner aux pourparlers de Doha de meilleures chances de succès. En outre, nous devons redoubler nos efforts diplomatiques au niveau régional et international, afin de faciliter la reprise des négociations de paix intra-afghanes.

6. Les A3+1 déplorent les pertes en vies humaines et les souffrances endurées par la population civile en raison de la dernière flambée de violence, suite à la décision des forces internationales de quitter le pays d’ici la fin septembre de cette année. La situation humanitaire déjà précaire pourrait encore s’aggraver avec le déplacement des populations fuyant les combats en cours entre les Talibans et les forces gouvernementales dans plusieurs provinces du pays, dont Kandahar, Helmand et Herat.

Nous réitérons notre condamnation de l’attaque contre le complexe des Nations Unies à Herat le 30 juillet 2021. Nous condamnons également les attentats suicides commis le 4 août à Kaboul et appelons les belligérants à assurer la protection des civils, mais surtout à mettre fin aux hostilités et à privilégier le dialogue.

M. le Président,

7. Aujourd’hui plus que jamais, l’Afghanistan a besoin du soutien de l’ensemble de la communauté internationale pour l’aider à traverser cette période critique de son histoire. L’Afghanistan ne doit pas retomber dans une véritable guerre civile, au risque de perdre tous les acquis démocratiques, sociaux et de développement engrangés ces dernières années.

8. Si le rétablissement de la paix passe par un accord entre les parties en présence, l’on devrait veiller a ce que les processus de paix ne rendent légitime le recours à des interventions militaires et l’association avec des organisations terroristes par une reconnaissance politique.

9. À l’approche du 20e anniversaire des attentats du 11 septembre, nous nous rappelons comment les talibans ont été chassés du pouvoir en raison de leur soutien à Al-Qaïda. Le Conseil doit maintenant donner la priorité à la création d’incitations et de lignes rouges qui obligeraient les talibans à cesser d’utiliser le terrorisme à des fins politiques. 

10. Nous rappelons la décision de ce Conseil de scinder les listes de sanctions d’Al-Qaida et des Talibans en réponse aux efforts du gouvernement afghan pour négocier un processus de paix avec les Talibans et établir une réconciliation nationale en Afghanistan. L’objectif était de fournir une bouée de sauvetage aux membres des Talibans qui renoncent à la violence et se dissocient d’Al-Qaida. Le Conseil doit donc exiger que les Talibans embrassent la paix, cessent leurs liens avec Al-Qaïda et ISIS et s’engagent dans le processus de paix qui transformera l’Afghanistan en un pays de paix.

11. Les A3+1 saluent et soutiennent pleinement les bons offices des Nations Unies, de la Troïka (États-Unis, Russie, Chine et Pakistan) et tous les autres efforts diplomatiques déployés par les pays voisins pour réduire les tensions afin de parvenir à une solution négociée de la crise. En outre, il est important de souligner que la recherche de la paix ne doit pas se faire au détriment des droits des afghans, en particulier ceux des femmes, des enfants et des minorités ethniques et religieuses d’Afghanistan.

M. le Président,

12. À l’heure où l’attention se porte sur la détérioration de la situation sécuritaire, les A3+1 souhaitent également souligner l’importance de trouver une solution urgente et durable à la grave crise humanitaire qui sévit déjà dans le pays. Les effets de décennies de conflit, combinés à ceux du changement climatique et de la pandémie de la COVID-19, ont créé une situation où plus d’un tiers de la population est désormais en situation d’insécurité alimentaire, avec une grande proportion d’enfants. Il est donc urgent de mobiliser les ressources supplémentaires nécessaires pour faire face à cette situation et d’appeler les donateurs à honorer les engagements pris dans le cadre du plan humanitaire afghan.

13. De même, les A3+1 s’inquiètent du fait que l’insécurité croissante en Afghanistan puisse entraver les efforts du gouvernement et détourner son attention de la lutte contre la pandémie de la COVID-19 à un moment où des variants plus contagieux du virus circulent dans le monde. Nous tenons à souligner ici que la livraison et le déploiement en temps voulu des vaccins sont nécessaires de toute urgence pour protéger la population afghane en ces temps difficiles.  

14. En conclusion, Monsieur le Président, les A3+1 suggèrent que nous nous posions la question suivante : Quel message envoyons-nous si nous abandonnons l’Afghanistan au moment où le pays est au bord du gouffre ? En termes simples, laisser l’Afghanistan retomber dans le chaos pourrait signifier aux terroristes et aux groupes d’insurgés sur place et dans d’autres parties du monde qu’ils peuvent acquérir une légitimité et un pouvoir par le recours à la force.  

15. D’autre part, si le Conseil de sécurité doit véritablement remplir sa mission de maintien de la paix et de la sécurité internationales, nous pensons que tous les efforts doivent être faits dès maintenant pour que les principaux responsables de la violence mettent immédiatement fin à leur offensive et s’engagent résolument dans la recherche d’une solution politique négociée, inclusive et durable.   

Merci.