Déclaration de M. Aougui Niandou, Représentant Permanent Adjoint du Niger auprès des Nations Unies sur la situation en Libye

Déclaration de M. Aougui Niandou, Représentant Permanent Adjoint du Niger auprès des Nations Unies sur la situation en Libye

Monsieur le Président,

Je remercie M. Ján Kubiš, Envoyé Spécial du Secrétaire-Général pour la Libye, l’Ambassadeur T. S. Tirumurti, Président du Comité de Sanctions 1970 et Madame Asma Khalifa, cofondatrice du Mouvement des femmes de Tamazight et de l’Institut Khalifa Ihler, pour leurs exposés édifiants et pour leur engagement respectifs en faveur de la stabilisation de la situation en Libye.

Le Niger salue les efforts inlassables que déploie la MANUL pour assister les autorités libyennes à mettre en œuvre la feuille de route de la transition en cours en Libye. Nous la soutenons et accueillons favorablement les recommandations contenues dans sa revue stratégique et indépendante qui lui permettront sans doute d’être plus efficace et mieux en phase avec le contexte actuel. 

Monsieur le Président,

Le Niger réaffirme engagement constant à œuvrer pour une solution politique à la crise libyenne, et jouer pleinement sa partition pour aider le peuple frère libyen, à se relever des effets de la décennie de conflit qui a meurtri leur pays. 

Ainsi, ma délégation déplore la persistance des actes, fort regrettables, d’ingérence étrangère et de violations de l’embargo sur les armes, des résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité et des engagements pris durant les deux Conférences de Berlin par certains acteurs impliqués dans la guerre en Libye.

Il est clair que la stabilisation de la Libye passerait par l’impératif de tenir les élections qui soient crédibles, inclusives et transparentes, le 24 décembre 2021. À cet égard, les parties prenantes ont la responsabilité historique de s’accorder urgemment pour la mise en œuvre effective des priorités contenues dans la feuille de route approuvée. Nous saluons les récents efforts de la chambres des Représentants en vue de créer le cadre juridique pour de ces élections.

Le Niger salue le lancement, le 6 septembre dernier,  des premières étapes de la réconciliation nationale qui y contribuera fortement.

Nous nous réjouissons davantage de l’annonce des futures démarches de l’Union Africaine pour préparer le terrain nécessaire à la tenue de la Conférence sur la réconciliation nationale inter-libyenne en coordination avec les pays voisins.

Monsieur le président,

Sur le plan sécuritaire, la Commission Militaire Mixte 5+5 a permis d’enregistrer des progrès tangibles. Le Niger salue la récente réouverture de la route côtière reliant l’est et l’ouest de la Libye. Nous encourageons la poursuite de la mise en œuvre des accords du cessez-le-feu. Les violents affrontements de la semaine passée, à Tripoli, sont là pour nous rappeler que mêmes les progrès et acquis sur l’arrêt des hostilités peuvent être inversés, si on n’y prend pas garde. Il est donc primordial d’œuvrer urgemment à l’unification des institutions militaires.

Cela est d’autant crucial vu que le voisinage immédiat de la Libye continue de subir les effets de l’insécurité et des menaces à leur intégrité territoriale du fait des activités des Groupes Armés de tout genre. Le Niger se félicite de l’établissement d’un cadre de coopération transfrontalière entre le Tchad, le Niger, la Libye et le Soudan visant à surveiller, sécuriser et développer conjointement les zones frontalières. À ce titre, nous lançons un appel au Groupe de Travail Nexus, pour accompagner les démarches salvatrices de nos pays.

Sur le plan humanitaire, s’il faut se réjouir de l’amélioration de la situation de manière générale depuis l’instauration du cessez-le-feu, il n’en demeure pas moins qu’elle reste inquiétante. Malgré les récents efforts du gouvernement, la fourniture des services sociaux de base reste en deçà du besoin humanitaire dans le pays.  

On ne peut aborder la question humanitaire sans parler des conditions déplorables et inhumaines de vie des migrants et des réfugiés en Libye. Il est grand temps de prendre les mesures nécessaires pour mettre fin à ces abus et violations auxquels ils sont en permanence assujettis.

Le Niger rappelle, qu’en l’état actuel des choses, le rapatriement et débarquement des migrants repêchés en mer en Libye viole le droit international humanitaire. Ces personnes vulnérables secourus en mer ont besoin de protection et non pas d’être ramenés en Libye où elles subiront détention arbitraire et autres abus de la part des geôliers qui échappent à l’autorité de l’État. 

Je vous remercie