
Déclaration de M. Aougui Niandou Représentant permanent adjoint du Niger auprès des Nations unies au débat du Conseil de sécurité sur le climat et la sécurité
Je vous remercie, Monsieur le Président,
Le fait que nous coparrainions ce débat avec la Belgique, la République dominicaine, l’Estonie, la France, l’Allemagne, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, la Tunisie, le Royaume-Uni et le Viêt Nam, témoigne de notre convergence de vues sur les défis que le changement climatique pose au monde. Comme l’a mentionné le Secrétaire général, c’est « l’enjeu majeur de notre temps ». Nous sommes d’accord et prêts à entreprendre toute action appropriée pour faire avancer ce programme.
Permettez-moi de saisir cette occasion pour remercier nos informatrices, Mme Jenca, Mme Coral Passisi et mon cher compatriote, le colonel Magagi, qui ajoute une autre voix importante pour le Niger sur ce sujet.
Monsieur le Président,
La lutte contre le changement climatique est en effet de la plus haute importance pour nous, compte tenu des défis immenses et multiples auxquels mon pays, le Niger, le continent africain et le monde en général sont confrontés.
Selon les données scientifiques, les nations africaines ne sont responsables que de 4 % des émissions mondiales de CO2, et pourtant le continent est l’une des régions du monde où l’impact du changement climatique est le plus dramatique et le plus dévastateur. 57 % des pays confrontés au double fardeau de l’exposition au climat et du risque de fragilité politique se trouvent en Afrique subsaharienne, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI).
Parmi ces défis, j’aimerais mentionner l’exacerbation des effets de la dégradation de l’environnement avec des conséquences négatives sur les moyens de subsistance de nos citoyens et la cohésion sociale. Ses conséquences humanitaires sapent les efforts des gouvernements des pays sahéliens pour atteindre les objectifs de développement durable.
Dans les régions du Sahel occidental et du bassin du lac Tchad, où l’agriculture pluviale et le pastoralisme constituent les principales activités économiques de la population, les variations saisonnières font place à de mauvaises récoltes et à une pénurie de fourrage pour les animaux. Le rétrécissement des cours d’eau comme le fleuve Niger et le lac Tchad, dû au manque de pluie et aux températures élevées, associé à une démographie galopante, donne souvent lieu à des conflits entre les communautés d’agriculteurs et d’éleveurs pour le contrôle de ces ressources effrayantes dans de nombreux pays du Sahel central, et s’étend à la République centrafricaine et à la RDC.
Une étude récente d’Adelphi a montré que « le changement climatique et la dynamique des conflits créent une boucle de rétroaction, où le changement climatique a un impact sur les pressions supplémentaires, tandis que les conflits sapent la capacité des communautés à faire face ».
Monsieur le Président,
Il est temps, maintenant plus que jamais, que le Conseil se penche sur cette question. Tout comme nous l’avons fait avec le COVID-19, la prise en compte du changement climatique, qui est aussi une autre pandémie au ralenti, comme une question non seulement d’environnement et de développement, mais aussi de sécurité, ne doit pas être source de division. La lutte contre les risques sécuritaires liés au changement climatique nécessitera un changement systémique majeur,
mais surtout une volonté politique et un changement de mentalité des membres de ce Conseil. En tant que Conseil, notre objectif n’est pas seulement de gérer les conflits. Nous avons la responsabilité fondamentale de les prévenir. Il est donc essentiel à cet égard de comprendre les causes, les effets et les complexités du changement climatique.
Nous pensons qu’il est essentiel de renforcer la capacité de ce Conseil à comprendre l’impact du changement climatique sur la sécurité, grâce à un rapport régulier du Secrétaire général qui intégrera une analyse approfondie des risques actuels et futurs, et des recommandations orientées vers l’action pour permettre au Conseil de mener à bien ses principaux mandats de maintien de la paix et de prévention des conflits.
Ma délégation se félicite également d’une intégration systématique des risques pour la sécurité climatique dans les résolutions dans le contexte de situations spécifiques de pays et de régions, car cela peut accroître l’efficacité des efforts de consolidation et de maintien de la paix. Ces efforts devraient également prendre en considération une perspective humanitaire, comme cela a été mentionné dans plusieurs produits du Conseil au cours de ces dernières années.
Monsieur le Président,
La discussion de questions de sécurité non traditionnelles, telles que le changement climatique, ne doit pas être une autre occasion manquée pour l’Afrique. Elle devrait plutôt être l’occasion de donner une voix et une reconnaissance équitables au continent, et à d’autres régions vulnérables telles que les petits États insulaires en développement, par un renforcement de la coopération entre le Conseil de sécurité et leurs organisations nationales et régionales respectives. Comme vous le savez peut-être, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, actuellement présidée par le Niger, et l’Union africaine ont déjà souligné les risques croissants pour la sécurité liés au changement climatique.
Ces organisations régionales sont souvent celles qui ont une meilleure compréhension des dynamiques régionales. À ce titre, elles peuvent détecter les signes avant-coureurs d’un conflit imminent et, sur la base de cette connaissance, promouvoir le dialogue et la réconciliation entre les parties, comme l’a souligné le rapport du Secrétaire général sur le renforcement du partenariat entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine sur les questions de paix et de sécurité.
Pour conclure, Monsieur le Président, je voudrais répéter ce que j’ai dit dans notre déclaration commune à l’occasion de l’adoption de la résolution 2535 (2020) du Conseil de sécurité sur la paix et la sécurité des jeunes, à savoir que la jeunesse d’aujourd’hui sera celle qui supportera le plus gros des conséquences du changement climatique. Les jeunes sont à l’avant-garde de ce combat et prennent des mesures concrètes et attendent donc que nous fassions notre part pour eux et les générations à venir.
Je vous remercie