Déclaration de M. Aougui NIANDOU, Représentant Permanent Adjoint du Niger auprès des Nations Unies   au débat de Haut Niveau du Conseil de Sécurité Sur le thème : Opérations de maintien de paix et les Transitions

Déclaration de M. Aougui NIANDOU, Représentant Permanent Adjoint du Niger auprès des Nations Unies au débat de Haut Niveau du Conseil de Sécurité Sur le thème : Opérations de maintien de paix et les Transitions

Madame la Présidente,

Je voudrais, à l’entame de mon propos, remercier Son Excellence Mme Ellen Johnson Sirleaf, ancienne présidente du Liberia, Mr António Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, et Mme Safaa Elagib Adam, présidente de l’Association de développement communautaire du Soudan pour leurs riches et édifiantes présentations.

Je tiens aussi à remercier présidence irlandaise du Conseil pour l’organisation de ce débat sur un thème aussi important, que celui des transitions organisées par les opérations de maintien de paix de l’ONU dans le cadre de la préservation de la paix et la sécurité internationales. 

Comme vous le savez, le plus difficile ce n’est pas de s’interposer entre les belligérants et de faire taire les armes dans un conflit, mais de laisser le pays hôte dans un climat apaisé, favorable à un relèvement et un développement durable. Des objectifs qui ne pourront être atteint que si le maintien de la paix parvient à léguer aux autorités de la transition un environnement propice à la consolidation de la paix.

En effet, un retrait précipité ou une reconfiguration mal préparée des missions de maintien de paix comportent des risques énormes de basculement qui pourraient emporter d’un revers de main, tous les espoirs de paix.

C’est pourquoi, le Conseil de Sécurité qui porte la lourde responsabilité de l’établissement et du démantèlement des missions de paix, devra d’abord et avant tout, s’assurer que les conditions sont suffisamment réunies avant de décider de son désengagement, dont la décision et ou le calendrier sont hélas, parfois établis dans l’empressement, à un moment où les populations vulnérables, ont encore besoin de la présence onusienne sur leur terrain.

Madame la Présidente,

Il n’est pas exagéré que le Conseil de sécurité procède à une évaluation approfondie de la situation sur le terrain avant d’en prendre la décision de se retirer. Il doit en outre tenir compte de l’avis des acteurs locaux et internationaux sur l’opportunité de retrait des forces onusiennes a travers des indicateurs de succès de leurs mandats.

Tout retrait de l’ONU ne devra être opéré sans que les acteurs nationaux ne disposent de capacités minimales pour animer eux même, les transitions qui, compte tenu de la fragilité des environnements post conflits doivent être minutieusement planifiées.

Il est évident que la complexité de la mise en œuvre des processus de paix et l’ancrage de toutes les activités concourant à la stabilisation d’un pays fragilisé par un conflit ; qu’il s’agisse de la restauration, la consolidation et du maintien de la paix, ou encore la mise en place et le renforcement des institutions étatiques, est un travail fastidieux, de longue haleine.

Par conséquent, une attention particulière doit être accordée à la manière dont une opération de maintien de la paix s’engage dans une planification intégrée avec les autorités locales et nationales, les communautés, la société civile, et avec le système des Nations unies dans son ensemble, pour assurer une transition réussie.

Comme la transition est assurément une période de transfert de pouvoir aux autorités locales, il est crucial que le pays hôte identifie ses propres priorités et s’approprie les acquis et les consolider. Si l’ONUCI, a souvent été citée comme un exemple de transition réussie, c’est grâce à l’implication des acteurs ivoiriens qui se sont appropriés, de belle manière, le processus de paix, en développant des plans consensuels de transition adaptés à leurs besoins.

Les transitions récemment effectuées, au Liberia en 2018 et au Darfour en 2020 comportent autant de leçons qui peuvent contribuer significativement à l’amélioration des transitions même si, faudrait-il le rappeler, chaque situation présente ses propres spécificités.

Madame la Présidente,

Pour obtenir l’implication et l’adhésion des populations locales, il faudrait qu’elles soient associées à toutes les étapes du processus de paix pour leur permettre d’exprimer leurs préoccupations, leurs visions et leurs besoins. Pour y parvenir, il est indispensable que l’ONU développe une communication efficace avec tous les acteurs locaux et les populations locales dans leur diversité.

La planification de la stratégie de sortie de crise doit nécessairement être établie en symbiose avec les stratégies nationales qu’elles sont censées appuyer. Ce qui suppose un travail de coordination intense avec tous les acteurs ; pays hôte, le système des Nations unies et d’éventail acteurs intervenants dans le pays hôte, dans la diversité de leurs interventions.

Par ailleurs, compte tenu de l’impact et du rôle joué par la société civile, les jeunes et les femmes au sein de toutes les organisations sociales et projet de développement économique et social, le Conseil doit veiller à l’application strict de toutes les résolutions pertinentes assurant leur pleine et entière participation à toutes les stratégies et leur mise en œuvre si l’on veut réellement parvenir au succès souhaité dans la consolidation de la paix. 

Pour conclure, ma délégations voudrais exhorter la communauté internationale et, plus spécialement celle des donateurs financiers sur la nécessité de doter les transitions de ressources financières conséquentes à la hauteur des activités multidimensionnelles qu’elles conduisent et de tous les défis liés à la situation de fragilité des régions en conflit.

Je vous remercie