
Déclaration de M. Aougui NIANDOU Représentant Permanent-adjoint du Niger auprès des Nations Briefing du Conseil de Sécurité sur la situation au Yémen
Merci Monsieur le Président,
Je voudrais saluer l’ensemble des intervenants pour la qualité des exposés qu’ils viennent de nous faire sur la situation au Yémen.
Le Niger déplore qu’après tant d’années d’une crise multiformes et d’intenses efforts diplomatiques les parties au conflit au Yémen n’arrivent à s’entendre autour du minimum qu’il faut pour le retour de la paix dans le pays. C’est minimum, nous le savons tous, c’est l’arrêt des hostilités sur l’ensemble du territoire, condition sinequanone pour amorcer des réelles avancées dans tous les autres aspects de la crise.
En effet, il y a deux mois de cela, le constat dressé par Martin Griffiths, à l’issue de son mandat de trois ans, traduisait l’échec des différentes propositions tendant à concilier les positions des parties en vue de parvenir à une trêve nationale susceptible de favoriser les conditions pour la reprise du processus politique au Yémen.
Les parties au conflit doivent se résoudre à l’idée que la guerre civile qui les opposent ne peut se résoudre par la force des armes, mais plutôt par le dialogue sincère, inclusif et sans conditionnalités. L’obtention d’un cessez-le-feu au Yémen demeure primordiale afin de donner toutes ses chances à la reprise du processus politique pour un règlement global et durable de la crise qui déchire ce pays depuis sept ans.
C’est pourquoi nous appelons l’ensemble des acteurs à faire preuve de responsabilité et de retenue mais aussi de grande compassion à l’égard de la population du Yémen tant éprouvée, en mettant un terme à cette tragédie qui n’a que trop durée.
Du reste ce n’est qu’à ce prix que l’on peut espérer le retour de la paix dans ce pays ainsi qu’une amélioration de la crise humanitaire qui y sévit depuis plusieurs années.
Monsieur le Président,
S’agissant justement de la situation humanitaire, ma délégation reste préoccupée par les conditions de détresse des populations du Yémen induites, essentiellement, par la poursuite de la guerre dans le pays.
L’effondrement de l’économie du Yémen, avec la chute vertigineuse du Rial yéménite, la forte propagation du Covid-19, font craindre au pays une troisième vague, le manque d’infrastructures et d’équipements médicaux, la crise du carburant, l’obstruction à l’acheminement de l’aide humanitaire, l’insécurité alimentaire, avec près de cinq millions de personnes au seuil critique de la famine, ainsi que plus récemment des inondations qui ont affecté près 28.000 personnes dans le pays.
Cette situation, où près de 20 millions de personnes nécessitent une assistance pour survivre, intervient alors même que le plan de réponse humanitaire du Yémen n’est financé qu’à hauteur de 47% soit 1,82 milliards sur les 3,85 milliards requis.
C’est pourquoi, nous appelons les pays donateurs et en particulier ceux de la région à plus de générosité afin d’éviter que de nouvelles vies ne soient encore perdues. Il est tout aussi crucial que les entraves liées à l’acheminement de l’aide humanitaire dans le pays, notamment à travers le port d’Hodeïda et l’aéroport de Sana’a, soient levées immédiatement afin d’éviter que le Yémen ne sombre dans une famine à grande échelle.
La situation du pétrolier Safer reste également source de grandes préoccupations notamment en raison du blocus pour le démarrage son inspection, son état de délabrement très avancé, la quantité de brut à son bord, ainsi que les risques accrus de catastrophe environnementale qu’il fait peser aussi bien pour la mer Rouge que pour l’ensemble des pays riverains.
Il est temps, il est grand temps que les autorités d’Ansarallah assument leur responsabilités pour éviter une marée noire par suite de l’explosion du pétrolier Safer qui se précise de jour en jour du fait de la dégradation avancée du navire. Toutes les autorisations ainsi que les garanties nécessaires permettant à l’équipe des Nations-Unies d’accéder au Safer et d’entamer, en toute sécurité, l’inspection du pétrolier doivent être accordés sans délai.
Pour conclure, le Niger salue la nomination, par le Secrétaire général des Nations-Unies, de M. Hans Grundberg comme Envoyé spécial pour le Yémen et l’assure de son plein soutien pour tous les efforts qu’il entreprendra pour la reprise du dialogue entre les parties Yéménites et le retour de la paix dans le pays.
Je vous remercie.