
Déclaration de M. Abdou ABARRY Représentant permanent du Niger auprès des Nations unies sur Paix et sécurité en Afrique : Le Grand Barrage de la Renaissance Ethiopienne
Je vous remercie, Monsieur le Président,
En tant que pays enclavé et abritant le 3ème plus long fleuve d’Afrique, le fleuve Niger, mon pays considère la gestion des eaux transfrontalières comme essentielle à la coexistence pacifique des pays ayant en commun cette ressource naturelle importante qu’est le fleuve. C’est dans ce sens que nos Etats ont mis en place l’Autorité du Bassin du Niger, la Commission du Bassin du lac Tchad ou encore, l’Union du Fleuve Mano. En effet, l’eau doit être une source de coopération et de prospérité partagée, et non une source de conflit ou de discorde entre les nations riveraines. À ce titre, l’escalade des tensions concernant le projet du Grand barrage de la Renaissance éthiopienne (GERD), bien qu’étant une source de préoccupation, devrait connaitre un heureux dénouement dans la mesure où il concerne trois pays frères, unis par l’histoire et la géographie.
Lorsque, il y a quelques jours, notre Conseil a discuté de l’opportunité d’aborder cette question, la situation entre les trois pays concernés était tendue en raison de l’impasse dans laquelle se trouvaient les négociations.
Nos discussions d’aujourd’hui se déroulent dans une atmosphère différente, qui, je l’espère, se dégagera à travers les déclarations qui seront faites, ici même, par les trois pays concernés.
Nos discussions se déroulent, dis-je, à la suite de l’heureuse initiative prise par S.E.M. Ciryl Ramaphosa, Président de l’Afrique du Sud et président en exercice de l’Union africaine, de convoquer une réunion du Bureau de la Conférence le 26 juin par vidéoconférence, avec la participation du Président de la République Arabe d’Égypte et des Premiers ministres de l’Éthiopie et du Soudan.
Je voudrais relever ici, pour men féliciter, quelques résultats de cette Conférence, qui constituent à nos yeux, des jalons positifs sur la voie d’une solution négociée du problème.
En effet, cette réunion extraordinaire du Bureau a montré que plus de 90 % des questions en litige ont déjà été réglées par les trois pays et que ces derniers sont déterminés à discuter des questions restantes dans le cadre de l’Union africaine, dans un esprit constructif, reflétant les excellentes relations et la solidarité qui ont toujours existé entre les trois pays.
Le Niger est convaincu que le mécanisme de négociation tripartite, tel que renforcé à cette occasion, produira un rapport dans les prochains jours, qu’il soumettra au président en exercice de l’Union Africaine, qui pourra alors convoquer une autre réunion du Bureau début juillet pour décider de l’issue des négociations.
Monsieur le Président,
En conclusion, ma délégation se félicite de l’appel lancé par le Réunion Extraordinaire du Bureau de l’Union Africaine, au Conseil pour qu’il prenne note du fait que l’Union Africaine est saisie de cette question. Le Conseil pourrait à cet égard soutenir cette initiative régionale, car cela enverrait un signal fort de reconnaissance du rôle essentiel que jouent les organisations régionales dans le règlement pacifique des différends de cette nature.
En effet, les organisations régionales telles que l’Union Africaine sont souvent celles qui ont une meilleure connaissance des dynamiques régionales. Elles peuvent à ce titre, détecter les signes avant-coureurs d’un conflit imminent, et à travers cette connaissance promouvoir le dialogue et de la réconciliation entre les parties, comme cela est du reste ressorti du rapport du Secrétaire Général sur le renforcement du partenariat entre l’ONU et l’Union africaine sur les questions de paix et de sécurité en Afrique.
Si le rôle du Conseil de Sécurité est essentiel dans le maintien de la paix et la sécurité internationale, au nom du principe de subsidiarité, l’initiative africaine de vrai être soutenue dans le cas d’espèce, afin de donner toute sa force au principe qui veut qu’aux problèmes africains on trouve des solutions africaines.
Je vous remercie,