
Déclaration de M. Abdou ABARRY, Représentant Permanent du Niger auprès des Nations Unies Sur la situation en Libye
Monsieur le Président,
Je voudrais, pour commencer, adresser nos sincères félicitations à Mme Stéphanie Williams, qui a brillamment assuré l’intérim du Représentant Spécial du Secrétaire général en Libye. Ses efforts personnels et son engagement ont contribué à l’avancée des dialogues inter libyens.
Nous accueillons la récente nomination de M. Jan Kubis comme nouvel Envoyé Spécial du Secrétaire-Général, et lui souhaitons pleins succès dans sa nouvelle mission.

Les progrès dont on se félicite aujourd’hui, nous les devons aussi, aux initiatives prises par les pays voisins de la Libye, dont la Tunisie. C’est pourquoi, il est impératif que dans toute recherche de solution à la crise libyenne, ces pays soient dument associés, de même du reste, que l’Union Africaine et la Ligue des Etats Arabes.
Monsieur le Président,
Malgré la volatilité actuelle de la situation en Libye, des signes d’espoirs existent. Le Niger note avec satisfaction les récentes évolutions politiques, dont l’approbation, le 19 janvier dernier, du mécanisme de sélection des futurs dirigeants, qui permettra désormais aux libyens de choisir un gouvernement provisoire, pour réunifier la nation et ses institutions, grâce aux élections nationales, prévues le 24 décembre 2021, que nous souhaitons libres, démocratiques, et transparentes.
Le processus actuellement en cours, à Genève, devrait être un jalon important, dans la quête des libyens à la démocratie, à la paix, à la sécurité, et à la justice, idéal pour lequel ils ont consentis d’énormes sacrifices. Notre accompagnement solidaire, en particulier celui des Nations Unies, et des autres parties prenantes, est crucial à cet égard. Le soutien de la communauté internationale devrait au-delà des aspects logistiques, embrasser tous les autres aspects, à même de garantir transparence et crédibilité au processus électoral. C’est de cette façon, qu’on enverra le signal fort qu’attendent les libyens.
Monsieur le Président,
Au plan sécuritaire, si des progrès appréciables ont été accomplis, avec notamment la signature d’un cessez-le-feu, nous restons préoccupés par la présence de mercenaires, et autres combattants étrangers, dont certains pourraient être tentés de regagner, avec leurs machines de guerres, le Sahel, déjà fragilisé par cette crise depuis qu’elle a commencée en 2011.
Conformément aux résolutions pertinentes de notre Conseil, et aux conclusions de la Conférence de Berlin, l’embargo sur les armes doit, quant à lui, être absolument respecté.
Dans leur quête de la paix, les parties libyennes, il convient de les en féliciter, se sont entendues sur des mesures de confiance, notamment la reprise des vols commerciaux reliant les aéroports de l’est et du sud à la capitale, la reprise de la production pétrolière, et l’ouverture des routes.
Dans le même ordre d’idées, les mêmes efforts devraient être faits en vue de la réunification de la Banque Centrale Libyenne, et pour que les ressources générées par l’exploitation du pétrole, puissent bénéficier au peuple libyen.
Nous soutenons la proposition du Secrétaire-Général tendant à la mise en place d’une composante chargée de la surveillance du cessez-le-feu, dans le cadre de la MANUL, qui doit disposer des ressources nécessaires à l’accomplissement de cette mission.
Monsieur le Président,
S’agissant de la situation humanitaire, que l’augmentation des cas de COVID-19 a exacerbé, nous sommes particulièrement préoccupés par le sort des migrants dans des centres de détention, surpeuplés et insalubres.
Tout en saluant le rôle éminemment positif, joué par l’OIM et par le HCR, mon pays demande instamment la libération immédiate des réfugiés et demandeurs d’asile, détenus de façon arbitraire dans les prisons libyennes.
Si la mise en place de la mission européenne IRINI est à saluer, nous sommes d’avis avec le Secrétaire Général, sur la nécessité de revoir la politique de débarquement, en terre libyenne, des migrants et des réfugiés interceptés en mer. A cet égard, il est regrettable que le nombre de personnes renvoyées, depuis le dernier rapport du secrétaire général, soit passé de 11 000 à 11 900. La volatilité de la situation sécuritaire et la vulnérabilité dans laquelle ils se retrouvent, une fois débarqués, devrait tous nous interpeller.
Pour mon pays, une importance particulière doit être accordée à la question de la justice et de la rédition des comptes, composante essentielle de tout processus de paix. Tout doit être fait pour documenter les graves violations des droits de l’hommes qui ont eu lieu en Libye, y compris l’épineuse question des personnes disparues, dont les auteurs et complices doivent être traduits devant la justice.
Monsieur le Président,
Pour conclure, après 10 ans de chaos et d’indicibles souffrances endurées par le peuple libyen, il est grand temps que nous surmontions nos divergences et que nous assumions nos responsabilités, en œuvrant à la poursuite du seul objectif qui vaille, aujourd’hui, pour la Libye et son peuple : la Réconciliation, la Paix, la Justice et la prospérité.
JE VOUS REMERCIE