Déclaration de M. Abdou ABARRY,  Représentant Permanent du Niger auprès des Nations Unies Débat du Conseil de Sécurité sur  les menaces à la paix et à la sécurité internationales causées par les actes terroristes.

Déclaration de M. Abdou ABARRY, Représentant Permanent du Niger auprès des Nations Unies Débat du Conseil de Sécurité sur les menaces à la paix et à la sécurité internationales causées par les actes terroristes.

Monsieur le Président,

Je voudrais remercier la Présidence tunisienne pour l’organisation de ce débat, sur un thème important et d’actualité pressante.

Je remercie également, Monsieur Vladimir Voronkov, et Madame Michelle Coninsx, respectivement Secrétaire général adjoint, chef du Bureau des Nations Unies de lutte contre le Terrorisme et Directrice Exécutive du Comité contre le Terrorisme, pour leurs exposés particulièrement riches.

Mes remerciements vont également à Dr. Fatima Akilu pour la perspective qu’elle vient de partager avec nous sur le sujet.

Monsieur le Président,

C’est conscient de la menace que représente le terrorisme, pour la paix et à la sécurité internationales, que le Conseil de Sécurité a adopté le 28 septembre 2001, la résolution 1373, invitant les États membres des Nations Unies, à disposer des instruments juridiques adéquats pour prévenir et réprimer sur leurs territoires, par tous les moyens licites, le financement et la préparation de tout acte terroriste.

En sa qualité de pays membre, et soucieux du respect du droit international et de ses engagements internationaux, mon pays le Niger, a pris plusieurs mesures dans ce sens et coopéré constamment avec les entités compétentes des Nations Unies, dont la Direction Exécutive du Comité contre le terrorisme, chargée de faire le suivi auprès des Etats membres, de la mise en œuvre de la résolution 1373 et des autres résolutions pertinentes du Conseil.

C’est dans ce cadre que le gouvernement nigérien a accueilli plusieurs visites de ladite structure, dont la dernière a eu lieu du 09 au 11 juillet 2018. La collaboration avec les différents organes onusiens a permis à mon pays d’améliorer significativement son dispositif et sa stratégie antiterroriste, conformément au droit international.

Toujours dans le cadre de cette coopération, le Niger a bénéficié de plusieurs appuis en renforcement de capacité de ses agents impliqués dans la lutte contre le terrorisme, notamment dans les domaines de la gestion des frontières, d’enquête et de poursuite judiciaires, de la lutte contre les crimes dits passerelles entre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, tels que la corruption et le blanchiment d’argent.

Monsieur le Président,

S’agissant des mesures prises par le gouvernement nigérien dans le but de satisfaire aux recommandations pertinentes du Conseil, notamment la résolution 1373, je peux citer à titre d’exemple :

– la ratification des 14 instruments universels de lutte contre le terrorisme ;

– l’incorporation de ces instruments dans l’ordonnancement juridiques internes ;

– l’incorporation des dispositions de la résolution 1373 dans le droit interne ;

– la mise en place des structures chargées du suivi des décisions, telles que, le Comité de coordination de lutte contre le terrorisme, le pôle judiciaire spécialisé, le Service central de lutte contre le terrorisme, la Commission Nationale de Traitement d’Information financière (CENTIF), la Commission Nationale pour la collecte et le contrôle des armes illicites, la Commission Nationale contre la Traite de personnes et le trafic illicite de migrants, et la Commission Nationale des Droits Humains ;

– Enfin, l’adhésion à des accords bilatéraux, et multilatéraux sans lesquels aucune lutte contre ce fléau ne serait efficace. A ce niveau je voudrais souligner la pertinence de l’accord de coopération, signé le 02 mai 2019 à Niamey, entre le gouvernement du Niger et l’équipe d’enquêteurs des Nations Unies, chargée de concourir à amener DAECH/Etat islamique à répondre de ses crimes.

Aussi, il me plait de vous l’annoncer, que très bientôt, le Niger se dotera d’une stratégie nationale de prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent. Ladite stratégie a déjà été validée par un atelier national qui a regroupé les représentants de l’Etat, de la société civile, du secteur privé et religieux, le 14 octobre 2020, à Niamey. L’adoption de cette stratégie satisfera également à une recommandation de la Direction exécutive formulée lors de sa visite en 2018.

Monsieur le Président,

20 ans après l’adoption de la résolution 1373, des succès militaires ont certes été enregistrés dans la lutte contre les organisations terroristes en Afghanistan, en Irak et en Syrie. Mais la capacité de nuisance de ces criminels, demeure toujours réelle, et les défis encore plus nombreux, dans plusieurs régions du monde, surtout celles, les moins développées, comme la région du sahel, en témoignent les récentes attaques armées perpétrées dans mon pays le 02 janvier 2021, dans les villages de Tchombangou et de Zaroumdareye, situés dans une zone frontalière du Mali, qui ont occasionné la mort de cent (100) civils et de nombreux blessés.

S’agissant des défis, qu’ils nous faudra relever, je voudrais citer ceux relatifs aux combattants terroristes étrangers dont la présence ne cesse d’augmenter au Sahel ; au recours aux nouvelles technologies de l’information et de la communication par les terroristes, pour faire la propagande de leur idéologie et recruter de nouveaux combattants ; à la collusion entre les groupes terroristes et la criminalité transnationale organisée ; l’instrumentalisation des conflits intercommunautaires ou ethniques par les terroristes ; à la radicalisation dans les prisons et la réintégration ou réinsertion sociale des anciens prisonniers terroristes.

Pour faire face à tous ces défis, les Etats affectés, comme le Niger, ont besoin du savoir-faire et de l’expertise des organes pertinents de l’Organisation des Nations Unies.

Monsieur le Président,

Pour terminer je voudrais réaffirmer, que la menace transnationale du terrorisme impose aux États, de coopérer sans réserve, dans cette lutte, conformément aux obligations qui leur incombent en vertu de la Charte. Pour qu’elle soit efficace, notre lutte doit allier à la fois des mesures préventives et répressives, en veillant à répondre aux besoins des populations à travers des actions de développement.

A cet égard, j’en appelle à une plus grande solidarité internationale pour soutenir les États les plus affectés par ce fléau, à s’attaquer aux sources de son financement ainsi qu’aux causes profondes qui favorisent l’émergence et l’acceptation de son Idéologie, je nomme ici : la corruption, le blanchiment d’argent, l’extrême pauvreté, la faim, le chômage des jeunes et l’ignorance.

Je vous remercie.