Déclaration de M. Abdou ABARRY  Représentant permanent du Niger auprès des Nations unies (Au nom des A3+1) au briefing du Conseil de sécurité sur la MINUSMA

Déclaration de M. Abdou ABARRY Représentant permanent du Niger auprès des Nations unies (Au nom des A3+1) au briefing du Conseil de sécurité sur la MINUSMA

M. le Président,

J’ai l’honneur de faire cette déclaration au nom de l’A3+1, à savoir le Kenya, la Tunisie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines et le Niger.

Je voudrais commencer par remercier M. El-Ghassim Wane, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies au Mali, pour son exposé complet et pour ses efforts en faveur de la stabilisation du Mali. Nos remerciements vont également à Mme Fatima Maiga, Présidente de la Coalition des Femmes Leaders Nord, Sud et Centre du Mali (NSC) pour sa présentation instructive.

Je salue également la présence parmi nous du Représentant permanent du Mali, M. Issa Konfourou.  

M. le Président,

A la veille du renouvellement du mandat de la MINUSMA, l’attention de la communauté internationale a été attirée par des événements à la fois encourageants et parfois inquiétants au cours de la période sous examen. 

Les A3+1 saluent et apprécient la précieuse contribution que la MINUSMA continue d’apporter à la stabilisation du Mali. Nous réitérons notre soutien à son mandat, qui est plus que jamais nécessaire en cette période cruciale de la marche du Mali vers la démocratisation, la stabilisation et la réconciliation.

Nous réaffirmons notre attachement indéfectible à la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale du Mali. 

M. le Président,

J’articulerai mon intervention autour de deux aspects : les observations majeures et les recommandations du A3+1.

Tout d’abord, en ce qui concerne les principales observations :

Sur le plan politique:

Nous saluons les efforts des Maliens pour avoir pu surmonter les récentes turbulences et remettre le processus de transition sur les rails, dont l’un des derniers actes a été la formation d’un gouvernement dirigé par un Premier ministre civil, M. Chogel Maiga.

Nous appelons le nouvel exécutif à ne ménager aucun effort pour poursuivre, avec détermination, la mise en œuvre de la feuille de route transitoire, dont le calendrier électoral a déjà été publié.

À cet égard, il est plus que jamais nécessaire que la communauté internationale maintienne son soutien au processus de transition jusqu’à l’organisation d’élections crédibles, inclusives et transparentes en février 2022. Ce processus doit garantir la participation pleine, égale et significative des femmes et des jeunes.

Nous saisissons cette occasion pour saluer l’engagement soutenu de la CEDEAO et le rôle crucial de médiation joué par son Envoyé spécial, et l’Union africaine.

Les A3+1 saluent également les bons offices et les efforts de réconciliation de la MINUSMA, qui ont constamment contribué à amener les Maliens à des positions conciliantes, tant au niveau national que local.

Par ailleurs, nous prenons note de la création du « Cadre Stratégique Permanent (CSP) » par la CMA et la Plateforme, afin d’optimiser les efforts de mise en œuvre de l’Accord de Paix et de rendre opérationnels les mécanismes conjoints pour mieux faire face à la détérioration de la sécurité et de la situation humanitaire au Mali. Nous les encourageons à se concentrer sur l’Unité Nationale et le Dialogue afin de faire avancer le programme de réconciliation nationale.

Sur le plan de la sécurité :

Le Mali, ainsi que d’autres pays du Sahel, continue d’être exposé aux horreurs du terrorisme. De plus, l’impact du départ incontrôlé de combattants étrangers et de mercenaires, couplé à la prolifération d’armes en provenance de Libye, souligne le besoin urgent d’une solution durable et holistique pour le Sahel.

L’extrémisme violent, la violence intercommunautaire et le crime organisé transnational sont en hausse et méritent une plus grande attention de la part du Conseil de sécurité. Nous restons préoccupés par les attaques continues contre les civils, la MINUSMA et les forces armées maliennes, régionales et internationales. 

A cet égard, l’annonce de la suspension de la coopération militaire des partenaires du Mali, y compris la réduction progressive de Barkhane, suscite des inquiétudes pour le Mali qui se trouve à la croisée des chemins.

En ce qui concerne le plan d’adaptation de la MINUSMA, les résultats de la mise en place et de l’opérationnalisation de la Mobile Task Force (MTF) ont été convaincants et encourageants.

Sur le plan humanitaire:

La situation actuelle au Mali et au Sahel est une source de grande préoccupation. Les effets de la COVID-19 et l’insécurité alimentaire nécessitent un financement urgent du Plan de réponse humanitaire 2021, dont seulement 14,3% des 563 millions de dollars nécessaires ont été financés. 

Nous devons agir de toute urgence pour sauver les 5,9 millions de personnes vulnérables qui ont besoin d’aide au Mali, car une mauvaise saison des pluies risque d’être lourde de conséquences, si l’aide nécessaire n’est pas fournie à temps.

Cette situation humanitaire, exacerbée par les conflits intercommunautaires et l’insécurité alimentaire induite par les effets du changement climatique, est un facteur qui entrave les efforts de stabilisation et de consolidation de la paix au Mali.

Par conséquent, les A3+1 estiment que l’analyse et l’intégration des risques sécuritaires liés au changement climatique sont nécessaires dans le mandat de la MINUSMA.

M. le Président,

À la lumière de ce qui précède, je souhaiterais formuler les recommandations suivantes au nom des A3+1 :

Nous pensons que le soutien dont les Maliens ont tant besoin, à ce stade, doit répondre aux aspirations des Maliens eux-mêmes, qui devraient s’approprier et être les acteurs centraux du processus de stabilisation et de réconciliation dans leur pays. A ce titre, il est important de réajuster l’intervention internationale, y compris le rôle de la MINUSMA.

Nous appelons à une meilleure coordination et à plus de cohérence dans ces interventions pour en maximiser les effets et donner ainsi plus de chances de succès à la transition et à l’installation d’institutions démocratiques stables, gage de stabilité et de prospérité pour le pays.  

Dans ce contexte, les A3+1 encouragent les autorités maliennes à capitaliser sur les progrès réalisés dans la première phase de la transition, en veillant au respect du calendrier des élections et de la durée de 18 mois de la transition, conformément à la Feuille de route et aux recommandations de la CEDEAO.

Nous les encourageons également à accélérer la mise en œuvre des dispositions de l’accord de paix, la protection des civils et le processus de dialogue dans le centre du pays.

En outre, les A3+1 sont d’avis que les sanctions compliqueront davantage la situation sécuritaire et humanitaire déjà préoccupante au Mali ; ils soutiennent à cet égard les recommandations et décisions du dernier Sommet de la CEDEAO sur le Mali.

De même, les décisions que les partenaires pourront être amenés à prendre ne devraient pas aggraver, ni la situation au Mali, ni porter atteinte aux acquis de la lutte contre le terrorisme dans la région

Pour conclure, les A3+1 souhaitent que le prochain mandat de la MINUSMA accorde une attention particulière au soutien de la transition malienne. Pour sa reconstruction, le pays aura également besoin d’un soutien économique conséquent afin de consolider les acquis de la paix.

Ainsi, les A3+1 invitent tous les partenaires du Mali et les institutions financières de Breton Wood à soutenir le peuple malien dans cette phase critique.   

Tout en appréciant le soutien des autres partenaires et de la MINUSMA à la Force conjointe du G5-Sahel, les insuffisances du mécanisme de soutien identifiées dans les récentes évaluations du Secrétaire général et la suspension de la coopération militaire avec le Mali appellent, d’une part, à ce qu’une attention soit accordée à l’octroi d’un mandat plus robuste à la MINUSMA et, d’autre part, à retirer la tâche supplémentaire de soutien à la Force conjointe assignée par la résolution 2391 (2017), afin de lui permettre de mieux se concentrer sur ses priorités stratégiques, compte tenu de la situation qui prévaut actuellement sur le terrain. La création du Bureau d’appui des Nations unies dédié à cette Force régionale ou toute autre formule opérationnelle et efficace, revêt une grande importance et pertinence à cette fin. 

Enfin, les A3+1 soutiendront la prolongation d’un an du mandat de la MINUSMA, qui devra être réadapté aux réalités du terrain, où il n’y a pas de paix à maintenir, tout en permettant à la Force d’assurer une meilleure protection des civils et d’avoir un meilleure implication dans le règlement des conflits intercommunautaires dans le pays.

JE VOUS REMERCIE !

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