
Déclaration de M. Abdou ABARRY, Représentant permanent du Niger auprès des Nations Unies a la Réunion en formule Arria sur le « renforcement d’une approche intégrée de la paix et de la sécurité au Sahel à travers un prisme genre ».
Madame la Secrétaire Générale Adjointe,
Les Membres du Conseil Consultatif,
Les Co-Présidents du Groupe des Amis des Femmes du Sahel,
Excellences, Mesdames et Messieurs,
J’ai l’honneur et le plaisir de vous souhaiter la bienvenue à cette réunion, organisée selon la formule Arria, qui vise à étudier comment renforcer une approche intégrée de la paix et de la sécurité au Sahel à travers le prisme du genre. Le Niger est heureux de co-organiser cette réunion avec le Tchad, le Mali et la Mauritanie, conjointement avec les représentations permanentes de l’Union africaine et de l’Union européenne, ainsi que les co-organisateurs, à savoir les missions permanentes de l’Estonie, de la France, de l’Irlande, du Kenya, du Mexique, de la Norvège, de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, de la Tunisie, du Royaume-Uni, des États-Unis et du Viet Nam.
Votre présence et le soutien manifesté par les membres du Conseil de sécurité autour de la réunion d’aujourd’hui est une indication claire de votre engagement à soutenir le Sahel et, avec lui, les femmes en tant qu’acteurs centraux dans cette marche vers la prospérité et la stabilité.
La participation pleine, égale et significative des femmes, à tous les niveaux, est un élément essentiel pour une paix durable, la prévention des conflits et le développement économique. C’est aussi une question de justice et d’équité. Partout où les femmes ont été effectivement impliquées dans les processus de paix, les accords qui en ont résulté ont été plus durables. Malgré le rôle essentiel des organisations de femmes et des défenseurs des droits de l’homme, les femmes sont souvent absentes lors de la signature des accords de paix : seuls 6 % des signataires des processus de paix sont des femmes.
Aucune société ne peut espérer prospérer, aujourd’hui au XXIe siècle, si elle exclut systématiquement la moitié de sa population. Si la paix est une question collective, pourquoi devrait-elle être discutée et consolidée sans les femmes ?
Chers collègues,
Les grands défis qui affectent le Sahel, qu’il s’agisse de l’insécurité, de l’impact du changement climatique ou des enjeux de développement économique, ont un impact disproportionné sur les femmes et les filles, et amplifient les inégalités existantes.
Sur le plan de la sécurité, une réalité malheureuse dans toutes les situations de conflit et de post-conflit est l’augmentation de la violence à l’égard des femmes et des filles. Pourtant, seuls 22% des accords de paix signés entre 1995 et 2019 contiennent des dispositions particulières pour les femmes.
En ce qui concerne le développement économique, bien qu’elles soient endémiquement sous-financées et qu’elles ne reçoivent que 0,2 % de l’aide bilatérale totale, les organisations de femmes dans les zones fragiles et de conflit ont joué un rôle essentiel et ont introduit des changements institutionnels dans les politiques gouvernementales. Elles sont également le pouls de l’économie informelle de la région.
Dans leurs communautés, si les femmes et les filles sont les premières victimes des crises humanitaires, de l’insécurité et autres catastrophes, elles sont aussi à l’origine de changements majeurs et sont souvent les premières à réagir.
Ce n’est donc pas une hyperbole de dire que les femmes portent aussi l’Afrique et surtout le Sahel, malgré les obstacles structurels auxquels elles sont confrontées.
L’objectif de la création du Groupe des amies des femmes du Sahel et de soutenir et amplifier les efforts des femmes et des organisations dirigées par des femmes. Le groupe fournira également un espace de discussion sur les questions de paix, de sécurité et de développement liées au Sahel avec un regard sensible au genre. Le conseil consultatif de leadership multipartite du groupe, codirigé par ONU Femmes et le Bureau du coordinateur spécial pour le Sahel, informera la direction stratégique du groupe. Ce conseil est composé du secrétariat du G5 Sahel, de l’UNFPA, de l’UNICEF, de la Banque mondiale, d’organisations de femmes de la région ainsi que de pays sélectionnés.
Chers collègues,
La sécurisation du Sahel nécessite une approche holistique et intégrée qui s’attaque aux causes profondes des problèmes de sécurité et de développement. La feuille de route qui a émergé du Sommet du G5 Sahel tenu en février 2021 démontre que la paix, la sécurité et le développement se renforcent mutuellement dans la quête d’un développement durable et inclusif.
Je reste optimiste quant à l’avenir du Sahel et au rôle crucial des femmes dans cet avenir partagé. Lorsque nous excluons les femmes, en particulier les jeunes, nous les réduisons au silence et nous négligeons de nouvelles façons de relever des défis apparemment insolubles. Nous croyons au rôle essentiel de l’éducation pour tous, en particulier pour les filles dans les zones de conflit, en tant que droit fondamental, mais aussi en tant que pilier de la prévention des conflits et en tant que moyen de garantir que les femmes acquièrent le capital nécessaire pour occuper la place qui leur revient dans la prise de décision et le leadership.
Chers collègues,
Nous serons attentifs à vos recommandations concernant la mise en œuvre effective des actions de ce groupe d’amis, notamment la priorité accordée aux investissements dans les organisations locales et communautaires, le renforcement des mesures juridiques et institutionnelles, y compris les législations nationales, afin d’obtenir un changement durable, ainsi que des données ciblées et des analyses de genre pour l’élaboration des politiques et la prise de décision.
J’ai maintenant l’honneur de donner la parole à la Secrétaire générale adjointe des Nations Unies, Madame Amina Mohammed, dont l’engagement en faveur de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes est clairement établi. Ses récentes missions de solidarité au Sahel et la désignation d’un coordinateur spécial pour le développement du Sahel ont encore souligné l’engagement de l’ONU envers le Sahel dans sa marche résiliente vers le progrès.
Je vous remercie.