Déclaration de l’Ambassadeur Abdou ABARRY,  Représentant permanent du Niger auprès des Nations unies au nom de l’A3+1 au  briefing du Conseil de sécurité sur la situation au Mali

Déclaration de l’Ambassadeur Abdou ABARRY, Représentant permanent du Niger auprès des Nations unies au nom de l’A3+1 au briefing du Conseil de sécurité sur la situation au Mali

M. Président,

Je voudrais, au nom des A3+1, à savoir, le Kenya, les Saints Vincent et les Grenadines, la Tunisie et le Niger, adresser un vibrant hommage à M. Mahamat Saleh Annadif, Représentant Spécial du Secrétaire General au Mali, chef de la MINUSMA pour la qualité de son exposé ainsi que pour les efforts personnels qu’il déploie pour la stabilisation durable du Mali.

Presque 4 mois après l’installation des autorités de la transition, l’heure est venue de jeter un regard rétrospectif sur ce qui a pu être fait et ce qu’il reste à faire dans ce pays frère qui, il n’est pas exagéré de dire que les autorités de la transition ont œuvrés avec réussite à l’amélioration du climat politique qui il n’y a pas si longtemps de cela nous avait fortement préoccupé.

Il y a deux jours de cela, lors de l’examen du rapport du Secrétaire Général sur l’Afrique de l’ouest et le sahel, le représentant spécial, chef du bureau des Nations Unies pour l’Afrique de Ouest et le Sahel nous avait présenté sans complaisance, la situation dans la région faite d’espoir, s’agissant des processus politique et de fortes inquiétudes en ce qui concerne la situation sécuritaire.

Les progrès enregistrés sont, il convient de le dire, à mettre à l’actif des pays qui ont organisé des élections paisibles mais aussi des institutions comme la CEDEAO et l’UNOWAS qui les ont soutenus.

S’agissant tout particulièrement du Mali, je voudrais au nom des A3+1, saluer les efforts consentis par les autorités de la Transition dans la mise en œuvre de l’Accord de Paix dans le processus s’organisation des élections devant marquer le retour du pays à un ordre constitutionnel normal.

Les A3+1 se félicite également :

  • du parachèvement de la mise en place des organes de la Transition
  • La situation, le 18 décembre 2020, par les parties à l’Accord de la Feuille de route actualisée des actions prioritaires de la mise en œuvre de l’Accord
  • De la fixation des échéances (révision de la constitution, relecture des textes sur les collectivités territoriales, la police territoriale, clarification prévue du concept de « Forces de défense et de sécurité reconstitué »
  • Des mesures prises et celles prévues dans le cadre de la zone de développement des régions du nord du Mali ;
  • Des mesures relatives à la réconciliation et la justice
  • Des avancées fortes dans le cadre de la lutte contre l’impunité la situation sécuritaire au Centre du pays ainsi que du rôle du G5 Sahel et de sa force Conjointe.

Au nom des A3+1, je voudrais remercier l’Union Européenne et ses États membres pour le précieux soutien qu’elle apporte à la mise en œuvre du cadre de conformité sur les droits de l’homme, à travers le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’homme, de même que pour son « soutien additionnel ». La mise à disposition de la Force Conjointe, depuis le 3 juin 2020 d’un Poste de Commandement à Bamako, est une autre réalisation que nous saluons, compte tenu de son importance.

M. le Président,

En cette phase cruciale de sa Transition, le Mali a besoin du soutien de tous, pour rendre irréversibles les avancés que je viens de citer.

Aussi, comme prôné jusque-là par les nouvelles autorités, tout devrait être fait pour que les prochaines élections soient libres, transparentes et inclusives, dans la mesure où ces dernières années, les contestations électorales ont, régulièrement, été à la base des crises qui ont durement secoué la nation malienne.

C’est notre espoir, que la récente visite au Mali, de Monsieur Goodluck Jonathan, Haut Représentant de la CEDEAO pour le Mali, contribuera à paver le chemin devant conduire à l’organisation de ces élections.

Sans nul doute, le Sommet de la CEDEAO, prévu à Abuja, en Février prochain, se penchera sur l’accompagnement de la transition au Mali.  

Nous saluons également la volonté affichée par les autorités maliennes de redynamiser l’armée malienne afin qu’elle puisse assurer au mieux, son rôle régalien de défense de la souveraineté et de l’intégrité du territoire malien. D’ores et déjà, elle remporte des victoires face aux forces du mal. Elle participe aussi à toutes les opérations conjointes avec ses alliés.

M. Président,

Je voudrais également, au nom des A3+1, saluer les efforts probants que continue de déployer la MINUSMA, et déplorer les pertes en vies humaines dans ses rangs, soit du fait de lâches attaques des groupes armés terroristes ou du fait de la pandémie du COVID 19, dont la seconde vague s’annonce encore plus préoccupante pour les États de la région. 

À cet égard, la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent doit rester une priorité, non seulement pour le Mali mais dans toute l’Afrique, où les tendances du terrorisme sont une grande préoccupation. En particulier, l’utilisation des Engins Explosifs Improvisés sur les routes principales de ravitaillement est préoccupante.

Les A3 + 1 comptent donc sur le soutien continu du Conseil de sécurité pour appuyer les autorités nationales, afin que les progrès engrangés ne soient pas perdus au profit d’éléments extrémistes. C’est dans ce contexte que nous soutenons la Force Conjointe du G5 Sahel et cherchons à lui demandons qu’elle continue à recevoir l’appui adéquat, notamment financier, qui lui est indispensable pour mener à bien ses tâches et son mandat.

Aussi, le soutien déterminant de la MINUSMA dans le cadre de la stabilisation et du rétablissement progressif de l’autorité de l’État dans le Centre et dans le Nord du Mali, est à saluer. Il en va de même pour son appui déterminant, qui a permis le redéploiement des unités reconstituées malgré quelques difficultés résiduelles.

les A3+1 estiment qu’à l’image du programme socioéconomique, relatif aux combattants non intégrés, mis en œuvre avec l’appui de la MINUSMA et de la Banque Mondiale, le programme de DDR devrait s’articuler, de façon à faire de l’armée, un acteur majeur de développement. À cet effet, les formations que les militaires et les anciens combattants intégrés reçoivent, devraient aller au-delà du seul aspect sécuritaire. Des compétences additionnelles dans le domaine du génie civil, de l’agriculture et de l’élevage permettront, nous en sommes convaincus, à ces anciens combattants, à valablement contribuer au redressement des zones affectées et à l’édification d’un Mali de prospérité, de paix et justice.

En outre, les A3 + 1 sont profondément préoccupés par la situation humanitaire qui a été exacerbée par la pandémie de coronavirus. Nous saluons les partenaires bilatéraux et multilatéraux pour avoir intensifié leurs efforts en vue de répondre aux besoins humanitaires.

Compte tenu de cette seconde vague de la pandémie, de la détérioration de la situation en matière de sécurité et du contexte politique tendu, l’assistance aux populations vulnérables, en particulier aux femmes, aux enfants, aux personnes âgées et aux personnes handicapées, doit rester sans entraves et à la mesure de leurs besoins.

C’est dans cette optique que nous saluons les actions de médiation et d’aide humanitaire de la MINUSMA qui ont facilité, dans plusieurs localités, l’accès à l’aide humanitaire, mais surtout la désescalade de la violence entre les communautés. Nous saluons l’apaisement des tensions liées à la gestion de la commune d’Aguelhok, suite au récent accord des 7 et 8 janvier 2021, à Anéfis, entre les dirigeants des ex-rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et la Plateforme du 14 juin.

À cet égard, le Kenya, la Tunisie, les Saints Vincent et les Grenadines et le Niger réitèrent leur appel à accorder une plus grande attention au phénomène déstabilisateur des conflits intercommunautaires, à travers une action coordonnée, qui pourrait consister à la mise sur pied d’un Projet Conjoint G5 Sahel/ONU, en vue d’endiguer les causes profondes et prévenir la récurrence de ces conflits.

M. Président,

En ce jour marquant l’an un, depuis la tenue du sommet de Pau du 13 Janvier 2020, la situation au Mali et dans la sous-région, continue d’être une source de grave préoccupation, même si, les opérations antiterroristes de la Force Conjointe du G5 Sahel, ont permis de réduire de façon significative, la capacité de nuisance des Groupes Armés Terroristes au Sahel central, comme l’a attesté le dernier rapport du Secrétaire Général sur la question, bien évidemment, la nature asymétrique des attaques que nous subissons, y compris celles récemment survenues au Niger et au Nigeria, nous impose une vigilance accrue et permanente.  

Tout en appréciant le soutien des autres partenaires et de la MINUSMA à la Force Conjointe, les insuffisances du mécanisme de soutien répertoriées dans les récentes évaluations du Secrétaire General nous appellent à un effort de réadaptation de nos stratégies d’intervention dans le Sahel.

C’est l’avis des A3+1, que le prochain renouvèlement du mandat de la MINUSMA devrait être l’occasion de retirer la tache supplémentaire de soutien à la Force Conjointe dévolue par la résolution 2391 (2017), afin de lui permettre de mieux se focaliser sur ses priorités stratégiques, eu égard à la situation qui prévaut actuellement sur le terrain. En contrepartie, un Bureau de soutien des Nations Unies dédié à la Force devrait être crée.

L’alternative serait que ledit Bureau de Soutien puisse des contributions volontaires qui serviraient à financer l’appui logistique, opérationnel et tactique à la Force Conjointe.

M. Président,

 Pour conclure, et comme je le disais au début de mon intervention, l’heure doit être au bilan afin d’évaluer et d’ajuster nos actions. Nous devons repenser et harmoniser nos stratégies d’interventions afin de permettre aux maliens d’être les acteurs majeurs de la stabilisation de leur pays. 

JE VOUS REMERCIE !

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