
Assurer la protection, la sûreté et la sécurité des travailleurs humanitaires dans les conflits armés…
La 2ème réunion thématique tenue au Conseil de Sécurité a été marquée par les discussions portant sur le thème « Assurer la protection, la sûreté et la sécurité des travailleurs humanitaires et médicaux dans les conflits armés ». Elle a enregistré la participation de l’ambassadeur de l’union européenne, du représentant permanent du Niger à l’ONU et de plusieurs autres personnalités.
En effet, l’environnement dans lequel travaillent les acteurs humanitaires devient de pus en plus dangereux. Ces acteurs ont fait l’objet de plusieurs attaques ces deux dernières décennies, attaques qui ont occasionné des morts et des blessés.
Les emblèmes et drapeaux humanitaires, qui constituaient traditionnellement un bouclier pour les travailleurs humanitaires et médicaux dans le cadre de leurs activités, ne le sont plus, les acteurs sont désormais la cible des parties au conflit. La pandémie de COVID-19 a entraîné une augmentation des besoins et exacerbé l’insécurité dans de nombreux pays et zones de conflit.
Plusieurs défis majeurs doivent être relevés pour améliorer la sûreté et la sécurité des travailleurs humanitaires et du personnel médical, en particulier dans les zones des conflits armés. Une meilleure compréhension de la situation actuelle et des risques est nécessaire. Les données et les mécanismes de suivi des incidents de sécurité sont essentiels pour fournir une image claire de ce qui se passe sur le terrain, en particulier dans les zones les plus dangereuses où les organisations locales sont principalement actives.
En plus de la collecte des données appropriées, l’analyse de ces données doit aider la communauté humanitaire et les décideurs politiques à adopter les réponses afin de prévenir e les attaques.
Il est important de comprendre comment le DIH protège le personnel humanitaire et médical et les principes de la protection des travailleurs humanitaires et la mise en œuvre de l’aide humanitaire. En même temps, il est crucial d’explorer les défis existants liés à la mise en œuvre du DIH, des résolutions du Conseil de sécurité et des mécanismes pertinents mis en place pour dégager la responsabilité des auteurs de ces violations. La question de l’impunité doit être abordée de toute urgence. L’application de mesures et de sanctions antiterroristes d’une manière qui n’est pas conforme au DIH peut réduire l’espace humanitaire et avoir des effets négatifs sur la sécurité du personnel humanitaire et médical.
À l’heure où les besoins humanitaires atteignent des niveaux sans précédent, la communauté internationale a la responsabilité de veiller à ce que les travailleurs et partenaires humanitaires et médicaux travaillent dans un environnement plus sûr pour accomplir leurs missions et le cas échéant que les auteurs des actes de violence soient identifiés et sanctionnés.
Dans son discours à cette occasion, l’Ambassadeur Abdou Abarry a indiqué que « ces dernières années ont non seulement vu un pic dans le nombre d’attaques majeures contre les travailleurs humanitaires, avec l’attaque du 9 août 2020 contre les travailleurs humanitaires locaux et étrangers au Niger faisant partie de cette tendance, mais la nature changeante de ces mêmes conflits oblige les États et les pays à réévaluer leur rôle et à réfléchir à de nouvelles façons d’assurer la protection, la sûreté et la sécurité des travailleurs humanitaires et du personnel médical, en particulier dans le nouveau type de guerre asymétrique.
En outre, les mesures de confinement qui ont résulté de la pandémie actuelle ont mis en évidence le rôle essentiel des acteurs humanitaires locaux et la nécessité pour les acteurs étatiques de leur offrir un environnement opérationnel propice ».
Le diplomate nigérien n’a pas manqué de faire des propositions pour traiter de manière adéquate la protection des travailleurs humanitaires. Il s’agit entre autres de prendre en charge la question au niveau de la politique nationale. L’une des conséquences involontaires des opérations de sécurité nationale est qu’elles ont créé un ensemble de contraintes pesantes, entraînant ainsi de nombreuses tensions entre les acteurs humanitaires et les acteurs étatiques.
En intégrant la question de la protection au niveau de la politique nationale, cela permettra aux travailleurs humanitaires, en particulier les locaux, qui ont une meilleure connaissance et compréhension des contextes, d’avoir accès aux populations et aux forces de sécurité afin qui leur prêtent main forte dès lors la question de leur protection fait partie d’un engagement systémique obligatoire du pays.
Deuxièmement, nous devons avoir à l’esprit que l’objectif n’est pas seulement de promulguer des politiques, mais plutôt de pouvoir diffuser ces politiques et ces directives afin qu’elles soient connues de tout le personnel de l’État et mises en œuvre. À cet égard, je pense que les acteurs présents, aujourd’hui, ont un rôle important à jouer dans la formation et le renforcement des capacités de nos fonctionnaires et de notre appareil de sécurité, ainsi que dans l’élaboration de manuels et de programmes d’études sur les normes professionnelles de protection des travailleurs humanitaires.
Nous devons promouvoir la complémentarité entre les acteurs de la protection et les travailleurs humanitaires. Ceci est particulièrement important au Sahel, où la présence de multiples acteurs militaires, avec des mandats différents, peut parfois compliquer la réponse humanitaire ».
Auparavant l’Ambassadeur de l’Union Européenne Olof Skoog a souligné que « les séries de discussions que l’Union européenne, en collaboration avec la France, l’Allemagne, le Mexique, le Niger, la Norvège et la Suisse, compte organiser entre mars et juin de cette année, visent à identifier les principaux défis en matière de sûreté et de sécurité des travailleurs humanitaires et médicaux et à explorer des solutions pratiques détaillées et les meilleures pratiques que la communauté internationale peut adopter à court et à long terme. Chaque session se concentre sur une discussion thématique spécifique. L’objectif du processus est d’élaborer un document de synthèse comprenant les pistes d’action identifiées, adressé aux EM, aux Nations Unies et aux organisations humanitaires ».
Pour le diplomate européen, “la sécurité du personnel est l’un des plus grands défis auxquels sont confrontés les acteurs humanitaires, grands et petits, car ils sont confrontés à une insécurité, des menaces et une violence croissante.
Les statistiques montrent que les membres du personnel local sont plus susceptibles d’être victimes d’incidents graves que leurs homologues internationaux. C’est pourquoi nous devrions nous pencher particulièrement sur les défis de la protection du personnel recruté localement dans le cadre de l’agenda actuel de la localisation ».
En conclusions, l’Ambassadeur de l’Union Européenne a réaffirmé que « la protection du personnel humanitaire à travers la planète est une tâche extrêmement ardue, nous devons tous saluer le travail de l’UNDSS à cet égard. Nous devons nous rappeler que nous ne pouvons avoir aucun impact sur les crises si le personnel humanitaire n’a pas les moyens de d’accomplir sa mission.
Tous les acteurs humanitaires, quelle que soit leur taille, ont un devoir de diligence envers leur personnel et devraient sérieusement investir et renforcer leurs pratiques de gestion des risques de sécurité.
Les défis sont de taille mais ils peuvent être surmontés. Mais pour cela, il est essentiel que nous nous efforcions tous, et en particulier les États membres, à mettre en place un système qui garantisse activement la sécurité, justifie leur statut de travailleurs essentiels et demande des comptes en cas de menaces et d’attaques à leur encontre. Nous aurons l’occasion de continuer à discuter de la manière de le faire au cours des deux prochaines séries de rencontres.
Par la Cellule de communication du conseil de sécurité/Niger.