ALLOCUTION DU PRÉSIDENT DE L’UNION AFRICAINE, S.E.M LE PRÉSIDENT CYRIL RAMAPHOSA, À L’OCCASION DE LA JOURNÉE DE L’AFRIQUE

ALLOCUTION DU PRÉSIDENT DE L’UNION AFRICAINE, S.E.M LE PRÉSIDENT CYRIL RAMAPHOSA, À L’OCCASION DE LA JOURNÉE DE L’AFRIQUE

Chers frères africains,
Il y a 57 ans, jour pour jour, l’Organisation de l’unité africaine est née. Dès le départ,
cette organisation a fermement souscrit à l’idée que seule l’unité peut permettre à
l’Afrique de garantir son indépendance et de réaliser son plein potentiel.
Aujourd’hui, nous rendons hommage à nos pères fondateurs de l’OUA dont le rêve
d’une intégration et d’une unité africaines plus grandes a perduré.

Nous rendons également hommage aux nombreux dirigeants révolutionnaires
africains qui ont repris le flambeau du panafricanisme et se sont battus pour
l’intégration économique et politique de l’Afrique.

Ils ont laissé un héritage précieux à notre continent et à tous ses peuples. Ils
continuent de nous inspirer et ne cesseront de le faire pour les générations à venir.
Les fondateurs de l’OUA avaient pour mission de libérer le continent des griffes de
l’oppression coloniale, de récupérer la fortune de l’Afrique et de rendre sa dignité à
chaque homme, femme et enfant africain.

Cette Journée de l’Afrique nous rappelle les difficultés que ces aïeux ont dû
surmonter et la résistance que leur ont opposée les puissances étrangères qui
avaient beaucoup à gagner à exploiter les divisions du continent.
Malgré cela, ils nous ont appris la puissance de la persévérance et du sacrifice ainsi
que le dévouement à un idéal. Ils nous ont fait comprendre qu’une Afrique unie peut surmonter même les plus grands des défis.

Nous célébrons cette Journée de l’Afrique sous le spectre de la pandémie de
Coronavirus, qui a déferlé sur la planète et n’a laissé aucune partie de notre
continent intacte. À ce jour, environ 96 000 personnes ont été infectées et près de
3 000 ont perdu la vie.

Cette pandémie de COVID-19 aura un impact durable sur notre capacité à répondre
à l’aspiration de l’Agenda 2063 de l’Union africaine pour un continent pacifique, uni
et prospère.

En outre, ce virus a mis à nu les profondes inégalités qui prévalent sur notre
continent et dans le monde entier. Il a montré à quel point nous sommes loin de réaliser nos objectifs de développement et nos responsabilités envers les citoyens de notre continent. Néanmoins, cette crise mondiale devrait permettre à une nouvelle Afrique de revenir sur le devant de la scène.

Ce serait une Afrique des actes héroïques de solidarité, une Afrique connue pour sa
collaboration transfrontalière et son partage des connaissances et des ressources,
une Afrique unie par un objectif commun.

Le défi que cette pandémie a posé montre à quel point l’Afrique est capable
d’œuvrer de concert pour résoudre ses propres problèmes. Jour après jour, dans tout le continent, l’unité qui fait notre force est mise à contribution pour sauver des vies et soutenir ceux qui sont vulnérables. Nous saluons les porte-étendards de l’unité panafricaine d’aujourd’hui, qui ne sont autres que les agents de santé et le personnel médical, ainsi que les scientifiques et les épidémiologistes. Nous remercions les Centres africains de contrôle et de prévention des maladies pour avoir mené la riposte de notre continent à la pandémie. Nous rendons également hommage aux travailleurs communautaires et aux ONG, ainsi qu’aux dirigeants de gouvernements et d’entreprises qui ont apporté leur plein soutien à la riposte de l’Afrique au Coronavirus.

L’Union africaine et ses divers organes ont fait preuve de leadership en agissant
avec célérité pour faire face à cette crise. Nous remercions notre frère Dr Tedros Ghebreyesus, Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, d’avoir fait preuve d’un leadership fort et perspicace pendant cette crise mondiale.

Nous sommes reconnaissants envers tous les patriotes de notre continent et nos
amis de la communauté internationale pour leur solidarité en ces temps difficiles.
Nous savons qu’aucun pays ne peut à lui seul surmonter ce problème. Nous appelons les pays développés, les institutions multilatérales et la communauté
des bailleurs de fonds à apporter aux pays vulnérables du monde entier, en
particulier ceux de notre continent, un appui indispensable sous la forme
d’équipements médicaux de diagnostic et de soins, ainsi que le soutien financier
nécessaire pour soutenir les moyens de subsistance des personnes vulnérables.
Nous réitérons notre appel en faveur d’un plan de relance économique complet et
robuste pour l’Afrique, y compris l’allégement de la dette ainsi que d’autres mesures
d’appui aux besoins humanitaires immédiats du continent et à sa reprise
économique. Alors que nous nous attaquons à l’impact de cette pandémie, nous
demandons une fois de plus que les sanctions imposées au Zimbabwe et au Soudan soient levées sans conditions.

En tant qu’Africains, nous nous engageons à gérer au mieux cette pandémie.
Nous disposons d’une stratégie globale formulée par l’Union africaine et avons
nommé des envoyés spéciaux pour mobiliser les ressources financières et autres
nécessaires à sa mise en œuvre.

La COVID-19 ne connaît ni frontière, ni nationalité, ni couleur de peau. Pour faire face à cette crise humanitaire qui ne cesse de s’aggraver, nous devons être d’autant plus solidaires. Nous devons nous assurer que la pandémie ne compromet pas nos acquis en matière de développement. Nous devons aller de l’avant pour répondre aux aspirations de l’Agenda 2063.

Nous devons poursuivre la création de la Zone de libre-échange continentale
africaine, aujourd’hui l’étape la plus ambitieuse vers l’intégration panafricaine, et
veiller à ce qu’elle soit opérationnelle dans les meilleurs délais. Nous ne devons pas relâcher nos efforts pour réaliser le programme africain visant à assurer la sécurité, la paix et la stabilité, la démocratie et les droits de l’homme, l’émancipation des femmes et la protection de l’environnement. Nous ne devons en aucun cas permettre à cette urgence sanitaire mondiale de faire échouer nos efforts pour faire taire les armes à feu sur le continent.

Les conflits tragiques qui favorisent l’instabilité dans plusieurs pays de notre
continent ont fait d’innombrables victimes et doivent cesser. Nous devons continuer d’affirmer que le dialogue prime sur l’intervention militaire. En tant qu’Africains, nous n’aurons de cesse de défendre la justice et de soutenir le
peuple du Sahara occidental dans la lutte qu’il continue de mener pour la liberté et
l’autodétermination. Par ailleurs, nous demandons que cesse l’oppression du peuple palestinien et l’occupation de sa patrie.

Chers frères africains,
L’Afrique a connu bien des tourments et des difficultés tout au long de son histoire.
Nous avons subi les pires excès de l’humanité, de l’esclavage au colonialisme, en
passant par l’apartheid et les conflits militaires prolongés. Mais, tout comme nos ancêtres ont réussi à surmonter les horreurs de leur temps, notre foi, notre courage et notre résilience en tant qu’Africains nous aideront aussi à traverser cette rude épreuve. Aussi, j’emprunterais ces mots du chef zoulou Albert Luthuli, le tout premier Africain à obtenir le prix Nobel de la paix : « Jetons nos regards au-delà du passé. » Fixons fermement nos yeux sur l’avenir qui brille à l’horizon.

Si nous restons unis, nous vaincrons cette pandémie. Nous allons redresser et relancer nos économies. Nous améliorerons les conditions de vie de notre peuple et serons les dignes héritiers de ces illustres Africains qui se sont réunis à Addis-Abeba en 1963 pour créer l’OUA.

Si nous puisons profondément dans l’unité et la solidarité africaines, nous vaincrons.

Que Dieu bénisse l’Afrique et protège son peuple.
Je vous remercie.

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