Allocution de S.E.M Kalla Ankourao,  Ministre des Affaires Étrangères, de la Coopération,  de l’Intégration Africaine et des Nigériens à l’Extérieur Session Ministérielle du Conseil de Sécurité sur la MINUSMA

Allocution de S.E.M Kalla Ankourao, Ministre des Affaires Étrangères, de la Coopération, de l’Intégration Africaine et des Nigériens à l’Extérieur Session Ministérielle du Conseil de Sécurité sur la MINUSMA

Monsieur le Président,

Permettez-moi de saluer, à l’entame de mon propos, M. Antonio Guterres, Secrétaire Général des Nations Unies et M. Pierre Buyoya, Haut représentant de l’Union Africaine pour le Sahel et le Mali, pour la qualité de leurs exposés ainsi que pour les efforts personnels qu’ils déploient pour la stabilisation du Mali en particulier et du Sahel en général.

Je voudrais remercier très sincèrement M. Jean Yves Le Drian, Ministre français des Affaires Etrangères, pour avoir pris si opportunément l’initiative d’organiser cette session sur la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA) pendant la présidence française du Conseil.

Je voudrais également me réjouir de la participation de mes homologues ministres à cette session si importante pour la région du Sahel. Cette marque d’intérêt révèle toute l’importance que nous accordons à la MINUSMA.

Il est indéniable que les efforts déployés par la MINUSMA ont fortement contribué à la stabilisation progressive du Mali, mais hélas au prix fort de pertes en vies humaines de son personnel, notamment du fait des lâches attaques des groupes armés terroristes (GAT) qui n’ont même pas daigné observer une trêve internationale du fait de la COVID 19, suite à l’appel lancé par le Secrétaire Général des Nations Unies.

Je souhaite à cet égard, rendre un vibrant hommage aux pays contributeurs de troupes et présenter mes condoléances les plus émues aux familles éplorées. 

Monsieur le Président,

Malgré la présence de la violence due aux attaques continues des groupes armés terroriste et aux conflits intercommunautaires, des progrès tangibles ont été réalisés dans le processus de paix au Mali, en particulier depuis la tenue du Dialogue national inclusif en décembre 2019, qui a constitué un grand moment pour le peuple malien et une étape importante dans l’établissement d’un consensus national sur les principales réformes politiques et institutionnelles.

De plus, l’organisation des élections législatives, le 29 mars dernier, dans ce contexte de menace croissante, a clairement démontré au monde l’attachement du peuple malien à la démocratie, au retour de la paix et de stabilité dans le pays. Les avancées se remarquent même dans la promotion du genre puisque près de 30% de sièges de députés ont été remportés par les femmes.

Toujours au chapitre des avancées obtenues, je voudrais saluer celles enregistrées dans le transfert, graduel certes, des services déconcentrés de l’Etat aux autorités locales. Cependant, nous notons que d’autres reformes primordiales connaissent un retard dans leur mise en œuvre. Il s’agit de la remise en place de la police territoriale, de la restructuration administrative et territoriale, ainsi que le redéploiement des unités reconstituées de l’armée vers le Nord. Ces réformes, dont le retard dans la mise en œuvre constitue un obstacle important à l’application résolue de l’Accord de paix, doivent faire l’objet d’une attention soutenue.

Monsieur le Président,

Le Niger salue le soutien déterminent apporté par la MINUSMA dans le cadre de la stabilisation et du rétablissement progressif de l’autorité de l’Etat dans le centre du Mali. Nous sommes également encouragés par l’élaboration du plan d’adaptation de la MINUSMA, pour le Mali central, conformément à la résolution 2480 (2019).

Par ailleurs, nous notons avec inquiétude la mise en ceuvre de ce Plan sans les ressources adéquates. A cet égard, nous demandons instamment au Conseil d’envisager favorablement l’appui en ressources financières supplémentaires, indispensable pour soutenir la mise en œuvre effective dudit Plan.

Au niveau sous régional, nous saluons les efforts constants déployés par la Force Conjointe du G5 Sahel en collaboration avec les forces internationales, y compris les forces de l’opération Barkhane.

Il est heureux de constater, comme cela a été reconnu par le Conseil de Sécurité la semaine dernière, que le rythme des opérations de la Force Conjointe s’est amélioré avec d’importantes victoires remportées contre les terroristes.

Ainsi, depuis sa création en 2017, la Force Conjointe a mené plusieurs opérations d’envergure selon son mandat. C’est le lieu de reconnaître la nécessité d’un soutien adéquat, prévisible et pérenne à cette force pour réaliser son importante mission.

Le Niger se félicite de l’évolution de la posture et du format actuel de la Force Conjointe.

L’harmonisation des actions, à travers le Mécanisme de Commandement Conjoint (MCC) des opérations au Sahel, basé à Niamey, est à n’en point douter, une excellente option. Celle-ci confortera le prochain déploiement, par l’Union Africaine, de 3 000 militaires qui appuieront les pays du Sahel dans leur combat contre le terrorisme.

Monsieur le Président,

La situation au Sahel, en particulier au Mali, plaide en faveur de la poursuite de l’action de la MINUSMA. En ce sens, le Niger souhaite voir un consensus des membres du Conseil, au sujet de son mandat, de son budget, de sa taille et de sa capacité opérationnelle.

Le Niger continue de croire que cette force devrait être plus forte et plus robuste, au regard des attaques terroristes d’une rare cruauté, qui n’épargnent ni nos Forces de Défense et de Sécurité, ni les forces de nos partenaires de Barkhane, encore moins les populations civiles y compris les femmes et les enfants.

Le Niger appelle tous les Etats membres à fournir les capacités requises et à mobiliser les ressources adéquates pour la MINUSMA, conformément à leurs engagements au titre de l’initiative « Action pour le maintien de la paix » du Secrétaire Général.

En outre, nous estimons que la création de la Brigade d’intervention rapide, au sein de la MINUSMA, à l’image de celle créée au sein de la MONUSCO, pourrait accroitre son efficacité.

Monsieur le Président,

Pour le Niger, la mobilisation de tous est nécessaire pour la survie des Etats du G5 Sahel et des 80 millions d’habitants. Tout aussi nécessaire, est la poursuite de l’appui déterminant que la MINUSMA apporte à la Force Conjointe du G5 Sahel.

Nous estimons qu’avec l’engagement de la communauté internationale, il est possible de faire plus et mieux, au nom du Bien Public Mondial, qu’est la Paix.

A ce stade de mon propos, permettez-moi de réitérer ici, notre demande, maintes fois exprimée, de voir la Force Conjointe du G5Sahel, inscrite sous le chapitre VII de la Charte des Nations Unies. Ce qui lui donnerait plus de légitimité et lui assurerait un financement prévisible.

À la veille du renouvellement du mandat de la MINUSMA, nous remercions le Secrétaire Général, pour avoir soumis au Conseil des options, en vue du renforcement de l’appui qu’elle apporte à la Force Conjointe du G5-Sahel.

Pour ma délégation, la meilleure option serait celle qui, tout en assurant le maintien des acquis actuels, permettrait la prévisibilité des financements, les appuis multiformes au plus près des bataillons et la valorisation des capacités locales en matière de fourniture de services, entre autres.

Monsieur le Président,

La région du Sahel est aujourd’hui confrontée à de nombreux défis, qui comportent des risques susceptibles de compromettre la paix et la sécurité internationales.

C’est donc le moment indiqué, pour le Conseil de Sécurité, à travers le renouvellement du mandat de la MINUSMA, d’envoyer un signal fort de solidarité avec les populations du Sahel et un ferme avertissement aux terroristes, que le monde ne restera pas inactif face à leurs desseins criminels.

Je vous remercie.

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