
Allocution de M. Aougui NIANDOU, Représentant Permanent Adjoint du Niger auprès des Nations Unies au briefing du Conseil de Sécurité sur la situation politique et humanitaire en Syrie
Je tiens à remercier tous les présentateurs pour leurs exposés et saluer par la même occasion la participation des représentants de la Syrie, de l’Iran et de la Turquie à cette séance.
M. Le Président,
Le dénouement de la crise syrienne ne saurait venir de la seule force des armes, et on ne le dira jamais assez, mais plutôt, qu’à travers une solution politique négociée, impliquant les différentes composantes de la société syrienne, sans exclusive.
Nous déplorons, à cet égard, la poursuite des hostilités, faites des frappes aériennes et autres tirs de roquettes sur des zones habitées par des civiles, notamment au Sud et dans le Nord-ouest. Cette escalade continue d’occasionner, comme nous venons de l’entendre encore ce matin, des pertes en vies humaines, des blessures et de destruction, et ce malgré l’accord Russo-turque de mars 2020, créant la zone de désengagement. Les populations qui s’y trouvent piégées, dont beaucoup déplacées à plusieurs reprises, doivent être protégées. Nous appelons toutes les parties au conflit au respect de leurs obligations en vertu du droit international humanitaire.
Le Niger lance un appel aux parties pour un cessez-le-feu général en Syrie comme demandé par le Secrétaire Général et son Envoyé Spécial pour créer les conditions de succès du processus politique et à rendre possible, et une lutte efficace contre la pandémie du COVID-19.
Monsieur le Président,
Au plan Politique, ma délégation regrette que le processus politique syrien peine à enregistrer des avancées réelles, malgré la mise en place du Comité Constitutionnel et les multiples rounds des négociations qu’il a conduites, avec l’appui des Nations Unies. Il est grand temps que les parties en présence se ressaisissent et fassent montre d’un minimum de compromis pour briser cette impasse afin de mettre véritablement le processus politique sur les bons rails.
Au plan humanitaire, permettez-moi de saluer les efforts quotidiens des organisations humanitaires qui continuent, sans relâche, à venir en aide aux populations syriennes dans le besoin, partout en Syrie. Ces sont eux les vrais héros des populations syriennes.
Le Niger est profondément préoccupé par le fait que les populations syriennes continuent de souffrir sous les effets conjugués des difficultés économiques, sécuritaires et de la pandémie de la COVID-19. La fourniture sûre, sans entrave et impartiale de l’aide et du soutien humanitaires, conformément au droit humanitaire international, est plus importante que jamais.
Nous appelons aussi le gouvernement syrien à continuer de renforcer sa coopération avec les Nations unies et ses partenaires en vue d’améliorer et de renforcer l’acheminement de l’aide humanitaire au-delàs des lignes de démarcation.
Par ailleurs, la baisse du niveau d’eau et le faible débit de l’Euphrate constitue une sérieuse source de préoccupation. Cette situation risquerait de complexifier davantage les conditions déjà précaires pour les populations, qui n’auront d’autre choix que de se déplacer à nouveau.
Enfin, ma délégation appelle à l’allègement ou à la suspension des sanctions économiques unilatérales qui pèsent lourdement sur la capacité de la Syrie à faire face à la pandémie et à la crise économique actuelle. Ces sanctions constituent un facteur aggravant de la situation humanitaire, non seulement pour la Syrie, mais aussi pour ses voisins et les organisations internationales qui travaillent sur le terrain.
Pour terminer, nous appelons tous les acteurs externes impliqués dans la crise syrienne à respecter la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale du pays. Les progrès réels et tangibles dans les travaux la Commission constitutionnelle ainsi qu’en ce qui concerne la cessation des hostilités, sont aussi fonction du niveau de ces ingérences.
Je vous remercie.