
Allocution de M. Abdou ABARRY, Représentant Permanent du Niger auprès des Nations Unies au brifieng du Conseil de Sécurité sur la situation politique en Syrie
Madame Présidente,
Je vous remercie et je remercie Geir Pederson et Bernard Duhaine pour leurs présentations.
Le 9 février dernier, lors du briefing sur cette même question, il était évident que dans les propos de Geir, on sentait une certaine frustration, voire un certain agacement face au peu de progrès accompli dans le dialogue politique.
Je voudrais vous rassurer que nous partagions votre frustration, car après 10 ans de conflit et des milliers des morts, la Syrie doit cesser d’être un laboratoire des horreurs où tout a été essayé et où, rien, ou très peu a été réussi.
Ma délégation est profondément inquiète face à la poursuite de la violence qui a vu une augmentation des violations du cessez-le-feu et un regain des hostilités dans le nord de la Syrie. L’utilisation d’engins explosifs improvisés, de mines terrestres et la présence de munitions non explosées, ainsi que l’augmentation de la cadence des frappes aériennes et des bombardements, contribuent à accroitre le nombre de morts et de blessés parmi les civils, dont des femmes et des enfants.
Madame la Présidente,
Nous sommes convaincus que des progrès réels et tangibles dans les travaux de la Commission constitutionnelle ainsi qu’en ce qui concerne la cessation des hostilités, doivent se nourrir d’une évolution dans les autres volets comme la fin des ingérences extérieures, y compris en termes de soutien apporté aux groupes armés et le pillage des ressources syriennes entre autres.
La souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Syrie doivent être respectées par tous.
Nous encourageons l’Envoyé Spécial à poursuivre ses bons offices en vue de créer une dynamique politique qui intègre les parties syriennes, les acteurs régionaux ainsi que tous les acteurs susceptibles de l’aider à faire avancer ce processus.
En effet, Comment peut-on réussir la rédaction d’une constitution consensuelle dans un contexte où certains groupes qualifiés de terroristes par les uns et d’amis par les autres mènent des actions qui, pour le moins qu’on puisse dire contrarient l’objectif poursuivi ?
Comment, peut-on réaliser des avancées, dans un contexte de suspicion entre les parties et où, quoi qu’on dise, les sanctions, loin d’altérer la légitimité des autorités syriennes, imposent des sacrifices insoutenables aux populations syriennes, dont des femmes et des enfants ?
Comme tous les peuples, les syriens ont droit á la paix, ils ont droit à la sécurité, ils ont le droit de choisir librement leurs dirigeants.
Comme partout ailleurs, les négociations entre les parties syriennes, ne peuvent pas ne pas être le reflet des rapports de force entre elles et ces rapports de force ne pourraient être modifiés qu’à travers un dialogue porté par les syriens, sans exclusive.
Il est évident aujourd’hui, qu’aucune des parties en conflit en Syrie ne pourrait avoir ce qu’elle veut par la seule action militaire. Il est donc grand temps que le Gouvernement et l’opposition, avec l’appui de la communauté internationale, se résolvent définitivement à poursuivre un dialogue franc et sincère pour aboutir à une résolution durable de la crise, dans l’intérêt, bien compris, de leur pays.
Madame la Présidente,
Un autre aspect très important de la progression du processus politique est la nécessité de prendre des mesures de confiance, y compris la libération des civils, en particulier les femmes, les enfants, les personnes âgées et celles avec un handicap. Ces mesures peuvent contribuer grandement à instaurer la confiance et encourager les compromis nécessaires dans tout processus de négociation.
En ce mois de Mars, dédié aux femmes, leur inclusion des femmes et celle des jeunes dans le processus de paix, doit prendre en compte leurs conditions de vie et d’existence à travers des actions de renforcement de leurs capacités à intervenir à tous les stades du processus de négociation et non pas par la simple réaffirmation des principes.
Pour conclure, notre devoir est d’accompagner les parties syriennes à s’engager dans le dialogue, non pas à nous substituer à elles.
A cet égard, j’invite les membres du Conseil à faire bon usage des fenêtres d’opportunités qui semblent s’ouvrir aujourd’hui, et à changer leur regard sur la Syrie dans les différents volets de la crise qu’elle traverse.
C’est, du reste, de cette manière qu’on pourra soutenir l’envoyé Spécial dans sa difficile mission.
Je vous remercie