
Intervention de M. Aougui NIANDOU, Représentant permanent adjoint du Niger auprès des Nations unies au débat du Conseil de sécurité sur la situation humanitaire en Syrie
Je voudrais commencer par remercier M. Mark Lowcock, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordinateur des secours d’urgence, et Mme Amany Qaddour, Directrice régionale de Syria Relief & Development pour leurs exposés. Je souhaite également une chaleureuse bienvenue aux représentants de la Syrie et de la Turquie.
Monsieur le Président,
L’augmentation des hostilités et des incidents violents observés ces deux dernières semaines, en particulier dans le nord-ouest de la Syrie, est une source de préoccupation pour nous. Les frappes aériennes, les bombardements et l’utilisation d’explosifs ont fait plusieurs victimes civiles, dont des femmes et des enfants. Ce nouveau type de menace ajoute une couche supplémentaire au traumatisme psychologique de la population vivant dans ces régions.
Ma délégation condamne fermement ces récentes attaques à l’aide d’engins explosifs improvisés (IED). Nous appelons toutes les parties au conflit syrien et les acteurs extérieurs à prendre des mesures tangibles en vue d’une cessation totale des hostilités, conformément à l’appel du Secrétaire général sur la nécessité d’observer un cessez-le-feu humanitaire global.
Toutefois, le Niger tient à rappeler que la lutte contre le terrorisme est tout aussi importante que la lutte contre la pandémie COVID-19. Que ce soit au Sahel ou en Syrie, nous ne devons pas permettre aux groupes terroristes de profiter de la situation actuelle pour renforcer et reprendre leurs activités meurtrières, après les énormes sacrifices consentis par la coalition internationale pour les vaincre en Syrie et en Irak.
Monsieur le Président,
Au fil des jours, la situation humanitaire en Syrie est de plus en plus préoccupante. La combinaison des effets d’un conflit prolongé, de la pandémie COVID 19 et du ralentissement économique actuel rend la situation encore plus difficile pour les populations, qui vivent déjà dans des conditions difficiles. Le Niger salue les efforts quotidiens des agences humanitaires pour apporter l’aide indispensable à la population la plus vulnérable de toute la Syrie et leur capacité à s’adapter aux conditions changeantes sur le terrain.
D’après les briefings que nous venons d’entendre, le travail des agences humanitaires en Syrie est plus que jamais crucial alors que la pandémie COVID-19 se propage maintenant dans tout le pays. Au 27 juillet, l’OCHA avait signalé quelques 650 cas en Syrie, dont 23 dans les gouvernorats d’Idlib et d’Alep. Nous saluons l’excellent travail des agences humanitaires qui ont aidé à mettre en place la capacité critique minimale pour le dépistage et le traitement des cas de cette maladie dans les centres de santé de ces régions résilientes.
Même si elles sont difficiles à mettre en œuvre dans un tel environnement, des mesures de précaution telles que l’éloignement social et l’hygiène seront essentielles pour contenir la propagation du virus. Pour conclure, Monsieur le Président, le ralentissement économique actuel et la dévaluation de la livre syrienne ont entraîné une forte hausse du prix des denrées alimentaires, des médicaments et d’autres biens. Selon l’OCHA, le prix d’un mois de nourriture pour une famille a augmenté de 120 % entre mars et juin 2020.
Cette volatilité des prix a exacerbé le pouvoir d’achat déjà faible de nombreuses familles syriennes. Nous réitérons notre appel à une aide humanitaire et à la levée de toutes les mesures économiques unilatérales qui pourraient entraver la capacité du gouvernement à lutter efficacement contre cette pandémie et qui compliqueront l’acheminement de l’aide humanitaire.
Les conséquences dévastatrices de l’effondrement de l’économie syrienne touchent les Syriens sans discrimination et pourraient alourdir encore les efforts de secours, car de plus en plus de familles se tourneront vers cette aide pour satisfaire leurs besoins fondamentaux. Alors que la crise humanitaire s’aggrave, il est urgent de prendre les mesures nécessaires pour garantir l’accès à la nourriture, aux fournitures médicales essentielles et à l’assistance médicale dans tout le pays, conformément à la résolution 2533 (2020).
Je vous remercie.