Intervention de M. Abdou ABARRY Représentant Permanent du Niger auprès des Nations sur la situation au Moyen Orient, y compris la question Palestinienne

Intervention de M. Abdou ABARRY Représentant Permanent du Niger auprès des Nations sur la situation au Moyen Orient, y compris la question Palestinienne

Merci Monsieur le Président,

Je voudrais, tout d’abord, remercier Monsieur Tor Wennesland, pour son exposé détaillé décrivant la situation qui prévaut au Moyen-Orient.

Je tiens, également, à remercier la présidence chinoise pour le dynamisme et l’efficacité dont elle a su faire montre, tout au long de ce mois, dans l’organisation de nos différentes sessions sur la situation au Moyen-Orient dont celle qui donne l’opportunité, aujourd’hui, de nous réunir physiquement.

Monsieur le Président,

Le Niger a suivi avec un grand intérêt les derniers développements dans la région notamment le cessez-le-feu, du 21 Mai dernier, auquel israéliens et Palestiniens sont parvenus, mettant ainsi fin à l’une des escalades de violence les plus meurtrières de ces dernières années.

Même si les armes se sont tues, depuis bientôt une semaine, la situation sécuritaire sur le terrain reste encore précaire. La recrudescence des incidents entre palestiniens et force de l’ordre israélienne, les discours provocateurs ou d’incitation à la haine, ainsi que les tensions observées en Cisjordanie doivent exiger de notre part la plus grande vigilance afin d’éviter des dérapages et garantir le respect global du cessez-le-feu.

A cet égard, nous saluons la tournée dans la région du Secrétaire d’État Américain, Anthony Blinken, en vue de consolider, auprès des parties, la trêve si durement acquise.

Nous appelons les parties à la plus grande retenue en s’abstenant de poser tout acte pouvant mettre en péril le cessez-le-feu ainsi que l’apaisement et le retour de la confiance entre elles. C’est en effet une étape essentielle pour la reprise des pourparlers de paix. 

La cessation des hostilités entre israéliens et palestiniens ainsi que le retour au calme, dont nous nous félicitons aujourd’hui, demeurent les fruits d’intenses efforts diplomatiques, déployés tant au plan régional qu’international. Toute chose qui démontre, une fois de plus, l’efficacité d’un engagement collectif dans la résolution des conflits, y compris le conflit israélo-palestinien.

A cet égard, nous saluons les efforts de l’Égypte, du Qatar, des États-Unis, des Nations-Unies ainsi que tous les autres acteurs dans le cadre des médiations qui ont permis d’aboutir au cessez-le-feu entre Israéliens et palestiniens.

Monsieur le Président,

Les évènements de ces dernières semaines, tout comme les autres épisodes sanglants ayant jalonné l’histoire tumultueuses des relations entre israéliens et palestiniens, nous apprennent que l’accompagnement de la communauté internationale est crucial pour amener les parties à s’engager dans le dialogue. 

C’est pourquoi, nous appelons la communauté internationale, le Quartet, les membres du Conseil ainsi que les acteurs régionaux ayant une influence sur les parties à continuer d’exercer la pression nécessaire en vue de parvenir à la relance du processus de paix interrompu depuis plusieurs années. La réalisation de la solution à deux États, l’unique solution à ce conflit, à laquelle nous avions renouvelé tout notre attachement au cours des semaines écoulés, ne doit désormais souffrir d’aucune paralysie, elle doit s’inscrire comme une priorité afin de permettre à ces deux peuples si longtemps exposés aux affres de la violence et de l’incompréhension de coexister pacifiquement. Mais pour que cela réussisse, il faut commencer par résoudre le nœud du problème, c’est-à-dire l’arrêt de la politique de colonisation des territoires palestiniens par Israël, comme il est clairement demandé par la résolution 2334 (2016).

Du reste, c’est la poursuite de la colonisation et de l’injustice à l’égard du peuple palestinien qui sert de terreau au mécontentement et à la révolte qui à leur tour, engendrent la radicalisation et la violence. 

Monsieur le Président,

Ma délégation tient à déplorer les pertes considérables en vies humaines, occasionnées par la récente l’escalade des violences entre israéliens et palestiniens.

Des chiffres publiés par le Bureau de coordination humanitaire des Nations-Unies (OCHA), les violences de ce mois auront entrainé la mort d’au moins 242 palestiniens, dont 230 tués par les frappes israéliennes, et environ 12 israéliens victimes des tirs de roquettes palestiniennes. On dénombre également près de 1948 blessés, dont 610 enfants et 400 femmes, du côté palestinien et 710 blessés du côté israélien. Nous osons espérer que les fouilles des ruines n’ajouteront pas à ce tableau macabre.

En cette douloureuse circonstance, mon pays adresse ses condoléances émus aux peuples palestiniens et israéliens ainsi qu’à l’ensemble des familles endeuillées et souhaite prompt rétablissement aux blessés.

Les bombardements israéliens ont laissé Gaza dans une situation humanitaire, des plus critiques. Bien avant le déclenchement des récentes tensions, la bande de Gaza, véritable prison à ciel ouvert, croupissait sous le poids d’un blocus illégal qui dure depuis 15 ans, avec près de 43% de sa population au chômage, une densité qui avoisine 5.500 habitants au Km2, un système de santé au bord de l’effondrement et un taux de contamination très élevé au Covid-19. C’est à cette triste réalité qu’est venu s’ajouter la destruction totale ou partielle des infrastructures civiles, encore existants, sur lesquelles comptait la population de Gaza. Au nombre des infrastructures touchées l’on note, des écoles, des centres de santé, y compris le laboratoire central d’analyse Covid-19, des lignes électriques, des canalisations d’eau potable, des bâtiments commerciaux ainsi que des maisons d’habitation.

Malgré la fin des combats, la conjugaison de tous ces éléments explique les nombreux défis humanitaires qui exigent des mesures urgentes afin de permettre à Gaza de se relever et à ses populations de connaitre un semblant de vie normale. Nous lançons un appel pressant pour une grande générosité internationale à l’endroit de la population de Gaza tant éprouvée. La reconstruction et le redressement de Gaza ne sauraient être retardés car de milliers de vies innocentes en dépendent, tout comme dépend le succès des efforts en vue d’un apaisement durable des tensions.

Nous saluons l’acheminement des convois humanitaires vers Gaza, notamment à partir de l’Égypte et les aides financières déjà annoncées par certains pays.

Pour sortir de cette situation particulièrement préoccupante, il est tout aussi urgent qu’Israël, puissance occupante, prenne les mesures effectives que lui impose, le droit international humanitaire, pour veiller au bien-être et à la survie de la population sous son contrôle.

Le Niger salue les efforts inlassables de Tor Wennesland et réaffirme son plein engagement à soutenir l’ensemble des efforts de la communauté internationale en vue d’un règlement global et durable du confit israélo palestinien.

Je vous remercie.