INTERVENTION DE LA SECRETAIRE GENERALE DE LA FRANCOPHONIE SE Mme LOUISE MUSHIKIWABO au débat ouvert au Conseil de sécurité des Nations unies sur le rôle de l’Organisation internationale de la Francophonie

INTERVENTION DE LA SECRETAIRE GENERALE DE LA FRANCOPHONIE SE Mme LOUISE MUSHIKIWABO au débat ouvert au Conseil de sécurité des Nations unies sur le rôle de l’Organisation internationale de la Francophonie

Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre des affaires étrangères de l’Arménie, Excellences, Mesdames, Messieurs les Ambassadeurs, Madame la Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique,
Je voudrais avant tout remercier la présidence nigérienne du Conseil de sécurité de la tenue de ce débat ouvert consacré à la Francophonie institutionnelle, qui a été fondée à Niamey, il y a 50 ans.
Pour la première fois, le Conseil de sécurité consacre un débat à la coopération entre l’ONU et l’Organisation internationale de la Francophonie.
C’est l’occasion de redire mon profond attachement à une coopération multilatérale rénovée au service des populations que nous servons ; à un multilatéralisme plus agile, plus solidaire et plus efficace, en particulier en faveur du maintien de la paix et de la sécurité internationales, sujets qui nous
occuperont aujourd’hui.
La Francophonie est une organisation régionale, au sens du Chapitre 8 de la Charte des Nations unies. Mais elle est en réalité transnationale puisqu’elle regroupe 88 Etats et gouvernements – dont 54 membres de plein droit – présents sur
Seul le prononcé fait foi les 5 continents, qui sont réunis par une langue et des valeurs communes.
Creuset de la diversité culturelle, notre organisation a fait de la coopération et de la solidarité les principes directeurs de son action. Cette action s’est particulièrement développée dans les champs politique et diplomatique.
L’un des premiers objectifs de la Charte de la Francophonie, au titre de la solidarité entre les peuples, est en effet d’« aider à l’instauration et au développement de la démocratie, à la prévention, à la gestion et au règlement des conflits, et au
soutien à l’Etat de droit et aux droits de l’Homme ».

La Francophonie dispose pour ce faire d’atouts spécifiques. La connaissance des pays, les liens de confiance établis avec les acteurs locaux et des réseaux d’expertise diversifiés qui lui permettent d’intervenir avec agilité et au plus près des besoins.

Cette action pour prévenir et répondre aux crises et conflits dans les pays de l’espace francophone est conduite en coopération étroite avec nos partenaires internationaux, au premier rang desquels les Nations Unies. L’action de la Francophonie en faveur de la paix et de la sécurité internationales se déploie dans trois domaines principaux que je voudrais vous présenter.

Tout d’abord, le maintien de la paix. Si l’OIF ne déploie pas de personnels sur le terrain, j’ai l’ambition qu’elle soit un acteur de poids du maintien de la paix.
Nos actions dans ce domaine poursuivent trois objectifs :
soutenir l’émergence d’une vision stratégique francophone;
renforcer les capacités de nos États membres et de leurs personnels pour une contribution optimale aux opérations de maintien de la paix; accroître l’usage du français dans ces opérations.

Seul le prononcé fait foi
Aujourd’hui, sur les 13 opérations déployées par l’ONU dans le monde, 7 le sont dans l’espace francophone. Lorsqu’il s’agit de théâtres d’opérations francophones, la maîtrise du français et la connaissance de la culture locale contribuent à la performance globale et à la sécurité de ces opérations.

Malgré de réels progrès, le niveau actuel de participation des personnels francophones aux OMP reste encore relativement limité. En juin 2020, la part du personnel en uniforme des OMP ressortissants des Etats membres de la Francophonie représentait environ 40 %, dont seulement moins de 3% de
personnel féminin.

Au regard des enjeux dans le domaine du maintien de la paix pour les pays francophones, j’ai décidé, en concertation avec le Secrétaire général des Nations unies, de renforcer et de systématiser encore la mobilisation de la Francophonie et de ses Etats membres. L’OIF est ainsi la première organisation internationale à s’être portée volontaire pour assumer formellement le rôle de «champion » de l’initiative « Action pour le maintien de la paix –A4P » du Secrétaire général de l’ONU.

L’OIF sera pleinement associée à l’organisation, par le Maroc et la France, en lien avec les Nations Unies, de la deuxième conférence ministérielle sur le maintien de la paix dans l’espace francophone prévue en 2021. D’ici là, nous organiserons à
Paris un événement de haut niveau sur les questions de langue française et d’interculturalité dans les OMP, permettant de fédérer les efforts des acteurs francophones. Sur le plan programmatique, les équipes de l’OIF et de l’ONU,
en partenariat avec la France et d’autres Etats membres, vont poursuivre le travail engagé sur le renforcement des capacités des troupes francophones, mais également sur la traduction des manuels opérationnels en français, et sur l’enseignement Seul le prononcé fait foi du français aux troupes non-francophones. Des actions vont également être engagées en direction des officiers militaires féminins afin de promouvoir l’effectif des femmes francophones,
civiles et militaires, dans les opérations de paix.

Notre deuxième domaine d’action, par lequel nous contribuons également aux grandes missions de l’ONU et de son Conseil de sécurité, est la prévention et la gestion des crises. Face à des situations de tensions, je conduis des actions
politiques et diplomatiques, soit directement, soit en mobilisant des Représentants et Envoyés spéciaux, pour prévenir l‘aggravation de tensions ou faciliter le dialogue entre les parties.

L’OIF est ainsi très mobilisée en République centrafricaine pour accompagner la dynamique de paix impulsée par l’Accord politique pour la paix et la réconciliation de février 2019. La Francophonie inscrit délibérément ses efforts de prévention
et de gestion des crises dans des dynamiques collectives, pour plus d’efficacité.
Cette approche concertée que nous privilégions est en parfaite cohérence avec le développement d’un « multilatéralisme en réseau » voulu par le Secrétaire général des Nations Unies. Dans cet esprit, j’ai mobilisé, en novembre 2019, le Président
de la Commission de l’Union africaine et la Secrétaire générale du Commonwealth pour effectuer une visite tripartite au Cameroun afin d’encourager et accompagner les partenaires camerounais dans la recherche d’une solution à la crise dans
les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest du pays. Ces efforts concertés se poursuivent, avec les Nations unies.

Enfin, nous sommes également aux côtés de nos pays qui sont confrontés à des crises majeures, comme actuellement au Seul le prononcé fait foi Mali. Comme je l’ai indiqué devant le Conseil permanent de la Francophonie le 25 août, j’ai pris l’engagement de dépêcher rapidement, en concertation avec les partenaires internationaux avec qui nous sommes en contact étroit, une délégation de
haut niveau à Bamako. Je vais nommer les membres de cette délégation dans les prochains jours. L’OIF prendra toute sa part dans les efforts de sortie de crise et de rétablissement de l’ordre constitutionnel et démocratique au Mali. Cette mobilisation s’inscrit dans le cadre d’un investissement croissant de la Francophonie au Sahel, aux côtés des partenaires internationaux et régionaux. Cet investissement se traduit notamment par une coopération avec le Secrétariat
Permanent du G5 Sahel au profit de la gouvernance, de la stabilité et de la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violents.

J’ai souhaité que cette coopération avec le G5 Sahel prenne une nouvelle dimension avec la mise sur pied dans les prochains mois, d’une Radio pour la jeunesse au Sahel. Nous y avons travaillé ardemment au plus haut niveau, et je tiens à saluer ici l’engagement des chefs d’Etat de la région, du Secrétaire exécutif du G5 Sahel et des partenaires techniques et financiers, notamment l’Union européenne. Enfin, et c’est notre troisième domaine d’action, la Francophonie accompagne les processus démocratiques de ses Etats membres.

Nous proposons un soutien structurel aux institutions de nos Etats membres qui concourent à la démocratie, à l’Etat de droit et à la bonne gouvernance. L’expertise mise à la disposition de nos Etats membres s’appuie sur un dispositif unique, celui des Réseaux institutionnels de la Francophonie. Au sein de ces structures –
Seul le prononcé fait foi qui regroupent des institutions judiciaires, des institutions de régulation et de médiation, ou encore des institutions de promotion et de protection des droits de l’Homme- l’OIF mobilise les meilleures compétences et les met à disposition de ses Etats dans un esprit de « partage de bonnes pratiques ».
Ce travail de fond contribue à consolider les cadres institutionnels indispensables au développement démocratique.

Nous sommes également très engagés en appui aux processus électoraux eux-mêmes. Les échéances électorales cristallisent encore, dans nombre de nos Etats membres, des tensions latentes et peuvent générer des crises majeures. L’OIF a donc développé un programme dédié pour accompagner et renforcer les capacités des acteurs impliqués dans la préparation et la tenue des scrutins : commissions électorales, cours constitutionnelles, autorités de régulation des médias, acteurs
politiques ou encore la société civile. Nos actions visent à renforcer le professionnalisme et les capacités de ces acteurs, sur des enjeux clés des processus électoraux, comme par exemple la gestion du contentieux, la
consolidation des fichiers électoraux ou encore l’observation nationale des élections. Nous contribuons ainsi à favoriser la tenue d’élections libres, sincères et transparentes.

Cette année, l’OIF est ainsi particulièrement mobilisée pour accompagner la préparation des scrutins prévus d’ici à la fin de l’année en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, en RCA ou encore au Niger.

Monsieur le Président,
Le 25 septembre dernier, j’ai lancé, conjointement avec le Ministre des affaires étrangères de la Côte d’Ivoire, la « Plateforme francophone au Conseil de sécurité ». Cette plateforme inédite constitue le cadre d’un dialogue régulier sur
Seul le prononcé fait foi les questions de paix et de sécurité internationales afin
d’amplifier la voix francophone dans l’enceinte du Conseil de sécurité, ainsi que de développer les convergences entre Francophones sur des sujets inscrits à l’agenda du Conseil de sécurité. Actuellement, ce sont 7 des 15 membres du Conseil
qui sont membres de la Francophonie. C’est également via cette plateforme que nous allons poursuivre notre mobilisation pour la promotion de la langue française et de la diversité linguistique dans les travaux du Conseil. Cette diversité qui nous est chère a été mise à mal au cours des derniers mois et a contribué à créer, de fait, une situation inéquitable dans la participation des différents membres du Conseil, mais aussi des intervenants et du public qui suit les travaux du Conseil. C’est pourquoi je souhaite aujourd’hui tout particulièrement saluer l’utilisation, pour la
première fois, du nouveau dispositif de vidéoconférence multilingue du Conseil de Sécurité qui permet aux participants d’accéder à la traduction simultanée des travaux dans les 6 langues officielles des Nations unies, dont le français. Il s’agit
d’une avancée très importante pour que l’ensemble des délégations puissent participer pleinement, équitablement et efficacement aux travaux du Conseil organisés à distance.

Nous formons le vœu que le débat de ce jour participe d’une prise en compte plus systématique des enjeux tant linguistiques que culturels dans les mandats des opérations de maintien de la paix décidés par le Conseil. Plus largement, je lance un
appel à la mobilisation de tous pour que la diversité culturelle et linguistique soit vraiment considérée comme une valeur cardinale du système multilatéral.
Monsieur le Président, Seul le prononcé fait foi.

La crise sanitaire mondiale a révélé encore davantage le besoin de coopération internationale et la nécessité de renforcer – tout en le renouvelant – le système multilatéral. Les 88 Etats et gouvernements membres de la Francophonie –
qu’ils viennent du Nord ou du Sud – sont profondément attachés aux principes du multilatéralisme. Ils ont placé la solidarité et la coopération au cœur de l’action de la Francophonie. Et je veux vous assurer de notre engagement déterminé à participer aux côtés des Nations unies à la consolidation et au renforcement d’un multilatéralisme vraiment démocratique au service de nos populations.
Je vous remercie.

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