
Discours de Mlle Hadiza à l’occasion de la célébration de la journée internationale de l’attaque contre l’éducation…
Monsieur le Président, Excellences, Mesdames et Messieurs, Permettez-moi de remercier le gouvernement nigérien pour avoir initié la présente rencontre entre les enfants et les décideurs. Je remercie également la représentante spéciale pour les enfants et les conflits armés, la Mission du Niger à New-York, le Bureau-Pays de Save the Children Niger pour leurs engagements pour le bien-être des enfants.
Je m’appelle Hadiza, je suis élève, en 2019, j’ai reçu le prix d’excellence en littérature appelé « Miss littérature régionale », je suis fortement engagée dans la lutte pour l’accès à l’éducation des enfants en milieu de conflit. Je suis convaincu que lorsque l’éducation est prise pour cible, il devient impossible d’assurer une scolarisation sans danger pour tous les enfants. Cela est surtout plus difficile pour ceux vivants déjà dans des situations difficiles avant les conflits.
Mesdames et Messieurs
Chers décideurs
Née dans la région affectée par la crise où le taux de scolarisation est le plus faible du pays, c’est dans cette même région que voit le jour le conflit au Niger. Je suis particulièrement touchée par la situation de ces milliers d’enfants arrachés des bancs de l’école pour des déplacement incessants parfois sans leurs parents. Parmi eux, certains sont actuellement à leur 5ème ou 6ème déplacement.
Au-delà des exactions causées, la pandémie du Covid-19 vient compliquer davantage la vie des enfants. Cette complication se traduit par le stresse créant chez eux différentes réactions : l’anxiété, plus collant, renfermés, agités ou souffrant d’incontinence nocturne. C’est ainsi que la situation est devenue encore plus difficile avec la fermeture des écoles, la distanciation physique qui ne permet pas aux enfants de trouver leurs loisirs librement entre eux.
Mesdames et Messieurs,
Chers décideurs
Je suis témoins de plusieurs cas de difficultés dont ont fait face les enfants. Je me souviens de ce village où mon père a créé une école tout au long de la KOMADOUGOU très hostile à l’école. Mais, à travers des séances de sensibilisation qu’il a organisé au sein de la communauté, mon père m’a appris que l’éducation est l’arme la plus efficace pour changer le monde. En 2006, tous les enfants qu’il a formés sont passés en classe supérieur. Malheureusement, avec la survenue de l’insécurité, le village a été attaqué, pillé, brulé et les écoles ont été attaquées. Le plus grand nombre de ces enfants ont été emportés et intégrés dans les groupes armés. Monsieur le Président, vous constaterez avec moi que quand une école est attaquée et que les enfants sont obligés de fuir leurs villages, tous les systèmes s’effondrent injustement. Pour moi, réclamer le droit à l’éducation pour les enfants vivant dans les situations de crises, c’est défendre les droits des adultes à la survie. Comme on le dit chez moi en Haoussa « YARA MAYAN GOBE » qui veut dire « les enfants sont l’avenir de demain ».
Mesdames et Messieurs,
Chers décideurs
Ce qui est déplorable dans tout ça, ce sont ces mêmes enfants détournés de leur avenir qui reviennent nuitamment égorgés leurs parents et enlevé leurs frères et sœurs ; certains cas pour des rançons et d’autres à des fins sexuelles. Je me rappelle aussi d’un enfant de 12 ans appelé ARI, très intelligent, plein d’espoir pour ses études, qui fut enlevé par son oncle membre du groupe armé. Depuis lors, nous ne l’avons plus revu. Cependant nous n’oublierons jamais son engagement et ses rêves de réussir à l’école. Tous ces actes ont été posés par les antagonistes parce qu’ils ne veulent pas que les enfants de la zone fréquentent l’école formelle.
D’un fait à l’autre Mesdames et Messieurs, je ne me fatiguerai pas ici de vous raconter nos vécus sans cesse difficile. Le 6 février 2015 alors que j’avais seulement 13 ans, la ville où j’habite a été attaquée et toutes nos écoles ont été fermées. Je me souviens aussi d’une fille de 9 ans du nom de FATIMA, déplacée interne qui a vu son père égorgé devant elle. Imaginez-vous-vous un peu tout le traumatisme qui pèse sur elle et quant à sa mère, elle, continue à souffrir injustement du vide laissé par son mari. Cette situation de vulnérabilité fait de FATIMA un enfant qui aujourd’hui n’a ni le sentiment de contrôle, ni celui d’appartenance. Alors, chacun de vous, souhaitez-vous voir souffrir vos enfants d’une telle manière ? Non, quelque chose doit être fait !
Monsieur le Président, au vu de l’étendu du conflit dans le Sahel, il doit falloir mettre en place une stratégie qui garantie l’accès des enfants et particulièrement les filles à l’école.
C’est pour toutes ces raisons, que je demande :
Au Conseil de Sécurité :
- Exiger la sécurité des écoles contre les attaques des parties en conflit à travers le monde ;
- Protéger les droits et devoirs des enfants
Aux entités des Nations Unies :
- Mobiliser la coopération internationale pour lutter contre le risque accru d’attaques contre les écoles par les parties à un conflit armé ;
- Renforcer l’effort internationale de prévention de violence contre les enfants notamment en mobilisant les jeunes et les enfants et en luttant contre l’utilisation des technologies par les parties en conflit ;
Au gouvernement du Niger :
- Créer des cours à distance, un site où tous les enfants du Niger qui sont surtout déscolarisés ont accès à une éducation de qualité ;
- Doter ces enfants des moyens informatiques adaptés à la situation (ordinateur solaire, lampe solaire, radio solaire…etc) ;
- Réaffirmer leurs engagements pour protéger l’éducation contre les violences et les conflits et éviter l’utilisation des écoles à des fins militaires.
Je vous remercie !