
Déclaration de M. Aougui NIANDOU, Représentant Permanent Adjoint du Niger auprès des Nations Unies au briefing sur la situation humanitaire en Syrie
Je voudrais, à l’entame de mon propos, remercier M. Mark Lowcock pour son exposé fort édifiant sur la situation humanitaire en Syrie.
Madame la Présidente,
Le Nigersalue les efforts quotidiens des organisations humanitaires qui continuent, sans relâche, à aider les personnes dans le besoin dans toute la Syrie. Les informations que ces organisations nous remontent, dépeignent une situation humanitaire de plus inquiétante, avec pour victimes, beaucoup de femmes et d’enfants.
La détérioration de l’économie syrienne, du fait de la guerre et de la dévaluation de la livre syrienne complique encore plus les conditions de vie déjà précaires de la population. Cela a entrainé la pénurie et la flambée des prix de certains produits de première nécessité, y compris les denrées alimentaires, dont de nombreuses familles syriennes peinent à se les procurer.
A cet effet, permettez-moi de souligner quelques points :
- Premièrement, le Niger réitère que la cessation des hostilités reste une condition essentielle pour réaliser des progrès tangibles dans la résolution de la crise en Syrie. La poursuite des combats, les bombardements et l’usage des engins explosifs improvisés, demeurent pour nous, une réelle source de préoccupation. Nous soutenons les appels du Secrétaire Général et de son Envoyé Spécial, pour un cessez-le-feu national immédiat en Syrie, afin de créer d’une part, les conditions de succès du processus politique, et d’autre part, de rendre efficace, la lutte contre la pandémie du COVID-19, dont la propagation augmente de manière exponentielle dans le pays.
Néanmoins, ma délégation tient à souligner que l’appel au cessez-le-feu et la nécessité d’un effort commun et collectif face à la pandémie COVID-19 ne doivent pas nous détourner de la lutte contre le terrorisme, d’autant plus que les faits montrent que les groupes terroristes tentent de tirer profit de la situation actuelle pour se reconstituer et reprendre le terrain perdu. Toutefois, cette lutte doit se faire dans le respect du droit international humanitaire et en veillant à la protection des civils innocents et à leur accès à l’aide humanitaire.
- Deuxièmement, nous saluons les efforts du gouvernement syrien pour sa collaboration continue avec les Nations Unies et d’autres organisations, ainsi que dans la lutte contre la propagation de la pandémie, mais aussi pour assurer l’acheminement de l’aide humanitaire dans toute la Syrie. À cet égard, nous appelons à une meilleure coordination entre les humanitaires et le gouvernement Syrien dans la distribution de cette aide.
Nous saluons aussi, à leur juste valeur, les autorisations données par les autorités syriennes aux organisations pour leur permettre d’acheminer l’aide humanitaire ; cela doit se poursuivre et même amplifier surtout lorsqu’il s’agit de produits alimentaires et matériels médicaux.
Ma délégation se fait l’écho de l’appel lancé par le Secrétaire général aux belligérants pour permettre et faciliter le passage rapide et sans entrave d’une aide humanitaire impartiale pour tous les civils dans le besoin, où qu’ils se trouvent.
- Troisièmement, nous déplorons la destruction de nombreux camps de personnes déplacées et d’écoles par des vents violents et des inondations. Cette détérioration de la situation a occasionné le déplacement des milliers de personnes déplacés, qui pour certains sont déjà des déplacés internes, en ce temps d’hivers. Nous appelons les autorités syriennes et les organisations humanitaires a plus d’engagement sur ce plan.
Dans le même ordre d’idée, nous déplorons la détérioration de la sécurité et des conditions de vie au camp d’Al Hol. Nous lacons un appel vers les forces en présence et les Nations Unies à renforcer la sécurité des résidents du camp d’Al Hol, et à faire en sorte que cette sécurité soit assurée d’une manière qui ne mette pas davantage en danger les résidents et ne limite pas la fourniture de l’aide humanitaire.
- Quatrièmement, le Niger demeure préoccupé par le sort réservé à de nombreux personnes, dont des travailleurs humanitaires, professionnels des media et même des femmes et enfants, qui sont détenus arbitrairement dans les deux camps.
A ce stade, Nous appelons les parties au conflit, à respecter les droits humains et à partager les informations sur le sort de ces détenus : Rendre compte du sort et du lieu où se trouvent les personnes qu’ils détiennent mais aussi de permettre aux agences humanitaires et des droits de l’homme d’accéder aux lieux de détention. Enfin, ma délégation exhorte les parties prenantes à se conformer aux appels lancés par le Secrétaire général et son Envoyé spécial, qui encouragent une libération massive et unilatérale des détenus, ainsi que des actions significatives sur le cas des personnes disparues.
En conclusion, les conséquences de l’effondrement de l’économie syrienne touchent les Syriens dans les zones contrôlées et non contrôlées par le gouvernement, sans discrimination. Ainsi, ma délégation exhorte les pays concernés à répondre activement à l’appel lancé par le Secrétaire général en mars dernier, pour la suppression ou l’allégement, pour des raisons humanitaires, des sanctions imposées aux pays en crise, afin de garantir l’accès à la nourriture, aux fournitures médicales essentielles entrant dans la lutte contre la pandémie.
Je vous remercie.