
Déclaration de M. Abdou ABARRY, Représentant Permanent du Niger auprès des Nations Unies sur la situation politique et humanitaire en Syrie
M. le Président,
Dans les différentes présentations qu’ils ont eu à faire à notre conseil, Mr. Geir Pederson et Mr. Lowcock, nous ont fidèlement présenté la situation qui prévaut en Syrie dans ses aspects d’espoir mais aussi de contrariété voire de déception. Les communications qu’ils viennent de nous faire ne dérogent pas à cette tradition.
M. Le Président,
La position de mon pays, le Niger, concernant la crise syrienne reste constante : pour nous, le dénouement de cette crise doit se faire sur une base politique et non militaire, selon un processus inclusif, conduit par les syriens eux-mêmes. Nous estimons de ce fait nécessaire d’apporter notre ferme soutien à l’envoyé spécial, dans ses efforts inlassables en vue de promouvoir le dialogue et la confiance mutuels entre les parties concernées et de remettre le processus politique sur la bonne voie, conformément à la Résolution 2254.
C’est pourquoi, ma délégation se réjouit de la reprise des travaux du Comité constitutionnel, après plusieurs mois d’interruption. Nous espérons que lors des prochaines rencontres, tous les membres du Comité s’investiront dans les négociations, de bonne foi en recherchant les compromis nécessaires, de façon à mettre la Syrie dans une dynamique de paix et de sécurité.
La cessation des hostilités reste une condition essentielle pour réaliser des progrès tangibles dans la résolution de la crise en Syrie. La poursuite des combats, les bombardements et l’usage des engins explosifs improvisés, demeurent pour nous, une réelle source de préoccupation.
Aussi, ma délégation appelle-t-elle, les parties concernées, au respect des engagements pris dans le cadre des différents accords, pour parvenir à un cessez le feu national et complet.
Nous soutenons également les appels du Secrétaire Général des Nations Unies et de son Envoyé Spécial, pour un cessez-le-feu national immédiat en Syrie, afin de créer d’une part, les conditions de succès du processus politique, et d’autre part, de rendre efficace, la lutte contre la pandémie du COVID-19, dont la propagation augmente de manière exponentielle dans le pays.
Monsieur le Président,
Sur le plan humanitaire, il est clair qu’une amélioration substantielle doit être apportée au mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire sur toute l’étendue du territoire syrien.
Au moment où les populations syriennes continuent de souffrir des effets conjugués des difficultés économiques et de l’augmentation des cas du COVID-19, les procédures au point de passage de Bab al Hawa et entre la ligne de contrôle, doivent être fluidifiées de façon à permettre l’accélération de la livraison de l’aide humanitaire, y compris les fournitures et équipements médicaux, dont le système de santé syrien a tant besoin, pour faire face à la pandémie.
Ma délégation réitère son appel à toutes les parties pour qu’elles respectent leurs obligations, en termes de protection des civils et à permettre un accès rapide, sûr et sans entrave à tous les travailleurs humanitaires soucieux de venir en aide à des millions de personnes dans le besoin, souvent, au péril de leurs vies.
Dans le même ordre d’idée, le Niger demeure préoccupé par le sort réservé à de nombreuses femmes et même à des enfants qui sont détenus arbitrairement, dans les deux camps. Nous appelons les parties au conflit, à respecter les droits humains et à partager les informations sur le sort de ces détenus.
Nous soutenons les appels lancés par le Secrétaire général et son Envoyé spécial, qui encouragent une libération massive et unilatérale des détenus, ainsi que des actions significatives sur le cas des personnes disparues. Cela contribuera, à n’en pas douter, à une décrispation de l’ensemble de la situation, et pourrait largement contribuer à promouvoir les progrès que nous attendons tous, en vue du dénouement heureux de la crise syrienne.
En conclusion, ma délégation exhorte les membres du conseil, à toujours garder à l’esprit, les conditions difficiles du peuple syrien, dans l’examen des multiples facettes de cette crise qui n’a que trop duré.
A l’instar de toutes les nations confrontées au terrorisme, la République arabe syrienne est en droit de protéger sa souveraineté, et de combattre sans relâche les groupes terroristes qui cherchent à profiter de la crise sanitaire actuelle, pour se reconstituer et reprendre le terrain perdu ignorant ce faisant, l’appel du Secrétaire Général à un cessez-le-feu à cette période de pandémie. Bien évidemment, cette lutte doit se faire dans le respect du droit international humanitaire, en veillant notamment à la protection des civils innocents et à leur accès à l’aide humanitaire.
Je vous remercie.