
Déclaration de M. Abdou ABARRY, Représentant Permanent du Niger auprès des Nations Unies sur la situation en Libye
Monsieur le Président,
Je voudrais vous présenter les excuses de votre homologue, S.E.M. Hassoumi Massoudou qui, pour un empêchement de dernière minute, n’a pas pu se joindre à vous aujourd’hui.
Je voudrais, remercier M. Ján Kubiš, Envoyé Spécial du Secrétaire-Général pour la Libye, pour la qualité de son exposé, qui nous a permis de prendre la mesure de la situation en Libye, en termes de progrès accomplis et de défis qui restent à être relevés.
L’engagement constant de la Mission des Nations Unies en Libye ( MANUL) aux côtés des libyens a indéniablement contribué à la création de la dynamique positive qui prévaut actuellement en Libye.
Ma délégation se réjouit tout particulièrement de la participation à nos travaux du Premier Ministre, Abdelhamid Dabaiba, du Ministre des Affaires étrangères de l’Allemagne, Heiko Maas, et des autres Ministres, ainsi que du Secrétaire Général de la League Arabe, Ahmed Aboul Gheit, ce qui montre, si besoin est, de l’importance du débat d’aujourd’hui.
Monsieur le Président,
Après dix ans d’un conflit fratricide, les récentes avancées encourageantes constatées en Libye ont été portée par les Libyens eux-mêmes, résolus à se réconcilier pour aller de l’avant avec l’accompagnement constructif des pays voisins et de la communauté internationale.
C’est le lieu ici de saluer l’Allemagne pour la tenue des deux Conférences Internationales de Berlin, dont les importantes conclusions ont pavé le chemin de la paix en Libye. Nous saluons également les incessants pourparlers qui ont permis à tous les acteurs concernés par la crise en Libye, de se parler et de prendre des engagements pour aboutir à la fin de toutes les formes d’ingérence étrangères, qui, on le sait bien, ont constitué un véritable frein à l’avancement des différents volets du processus de réconciliation entre les factions libyennes. Nous saluons également la Tunisie, dont l’hospitalité a permis les consultations directes entre les acteurs politiques libyens.
Les initiatives que je viens d’évoquer et bien d’autres, ont grandement contribué à la dynamique positive actuelle que connait la Libye et que nous saluons tous aujourd’hui.
Il est heureux de constater que le cessez-le-feu du 23 octobre, voulu par les parties en conflit, tient toujours. Nous appelons le nouveau Gouvernement d’Union Nationale de Transition à veiller à la mise en œuvre scrupuleuse de la feuille de route politique convenue par le Forum de dialogue politique libyen, à Tunis en novembre 2020.
D’ores et déjà, la création par le Conseil de la Présidence, de la Haute Commission de Réconciliation Nationale est un acte éminemment positif qu’il convient de saluer.
Les Libyens s’étant engagés à organiser des élections nationales d’ici le 24 décembre 2021, un accompagnement technique, logistique et financier serait nécessaire, de même qu’il est indispensable que le Conseil garde une voix unie, pour lancer le message approprié, en vue de dissuader les éventuels fauteurs de troubles, dont les actes pourraient compromettre ce rendez-vous de la libye avec l’histoire. Ces élections doivent répondre à l’immense aspiration du peuple libyen en vue de renforcer et de consolider l’indépendance, la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’identité nationale du pays.
Monsieur le Président,
Sur le plan sécuritaire, il est primordial que des mesures soient prises pour éviter que le Sahel voisin ne subisse une deuxième vague de conséquences directes du conflit.
Les dramatiques évènements que le Tchad a connu, nous interpellent et nous rappellent combien il est urgent de prendre en considération, les impératifs de paix, de stabilité et de sécurité des pays voisins de la libye.
C’est à cet égard que ma délégation estime que le retrait des combattants étrangers, voulu à juste titre par les Libyens et la communauté internationale, devra se faire de façon structurée et ordonné, en collaboration avec les pays d’origine et sous la supervision des Nations Unies.
Monsieur le Président,
Dans ce pays jadis stable et prospère, environ 1,3 million de personnes dépendent aujourd’hui de l’aide humanitaire, une augmentation de 400 000, depuis l’année dernière. A cela s’ajoutent les effets de la pandémie de la COVID-19 qui exacerbent davantage la situation humanitaire.
Au Niger, notre ferme espoir est de revoir la Libye se reconstruire, une libye où les filles et les fils de ce riche pays, pourront enfin bénéficier en toute quiétude de leurs immenses ressources.
Je ne terminerai pas mon propos sans évoquer la dramatique situation dans laquelle se trouvent les migrants et les réfugiés africains en Libye du fait du mauvais traitement auxquels les soumettent les différentes factions.
Il est dès lors nécessaire, comme l’a dit le Secrétaire Général, que la politique de débarquement en terre libyenne, des migrants interceptés en haute mer soit revue, de façon à éviter les souffrances indicibles que subissent nombre de femmes et d’enfants dans des centres de détention assez souvent hors du contrôle des autorités libyennes.
Je vous remercie.