Déclaration de M. Abdou Abarry Représentant permanent du Niger auprès des Nations unies au débat de haut niveau sur les implications de COVID-19  sur la paix et la sécurité internationales…

Déclaration de M. Abdou Abarry Représentant permanent du Niger auprès des Nations unies au débat de haut niveau sur les implications de COVID-19 sur la paix et la sécurité internationales…

Le Niger félicite la délégation Allemande, Monsieur le Président, pour son accession à la présidence du Conseil de sécurité pour le mois de juillet.

La participation de nombreux honorables ministres, aujourd’hui pour ce débat public, témoigne de l’opportunité de choix du thème, portant sur les impacts de la pandémie de la COVID-19, sur la paix et la sécurité internationales.

Je tiens également à remercier le Secrétaire général et M. Maurer pour leurs exposés.

Monsieur le Président,

Nous avons vu comment, en peu de temps, la pandémie de la COVID-19 a dépassé les capacités des pays, dont ceux ayant des systèmes de santé les plus avancés. À ce jour, dix (10) millions de personnes ont été infectées, et un demi-million sont malheureusement décédées. Nous tenons à exprimer notre profonde gratitude à tous les travailleurs de première ligne, dans la lutte contre ce fléau et présentons nos condoléances, à tous ceux qui ont perdu des êtres chers.

L’une des conséquences inévitables de la propagation de la covid-19, est son impact sur le mécanisme international de résolution des conflits et le secteur de l’aide humanitaire. Même le privilège conféré à ce Conseil, en tant qu’entité la plus importante au monde, investie de la responsabilité de la gestion de crise, avec le pouvoir de prendre des décisions exécutoires, contraignantes pour tous les États membres, a beaucoup été impacté. Cependant, malgré le retard de trois mois, nous pouvons nous féliciter de l’adoption, hier, d’une résolution de soutien à l’appel du Secrétaire général, en faveur d’un cessez-le-feu humanitaire mondial, dans le cadre de la lutte contre la pandémie. Merci à la France et à la Tunisie de nous y avoir conduits.

Malheureusement, sur le terrain, l’appel au cessez-le-feu lancé par le Secrétaire général n’est pas, pour la plupart, entendu par des parties belligérantes, comme c’est le cas au Sahel, où des groupes terroristes tentent de profiter de la pandémie pour déstabiliser des gouvernements, en multipliant leurs attaques sur des cibles civiles et militaires, à la fois. Ces actes ont causé la perte de vies innocentes et des perturbations majeures dans la fourniture de services sociaux de base à la population.

Dans ce contexte, les médiateurs, les envoyés spéciaux et les représentants se trouvent, eux aussi, dans l’impossibilité de voyager et de rencontrer les parties, qu’ils tentent d’amener à un terrain d’entente, dans différentes zones de conflit. L’acheminement de l’aide humanitaire tant attendue est ralenti par la fermeture des frontières et les nombreuses restrictions imposées par les États membres dans leurs efforts pour contenir la propagation de la pandémie.

Les opérations de paix sont fortement affectées par le gel des rotations et le risque de propagation de la maladie parmi les troupes et la population qu’elles protègent. Nous félicitons les Nations Unies pour avoir mis en place des mesures strictes et efficaces visant à minimiser et à atténuer l’impact de la pandémie dans les différentes opérations de paix.

Monsieur le Président,

Comme nous le savons tous, même dans les meilleurs moments, les personnes vivant dans des zones de conflit sont confrontées à des vulnérabilités qui restreignent leurs moyens de subsistance. Dans le Sahel, une région où le changement climatique, les conflits armés et les systèmes de santé fragiles se conjuguent, la pandémie vient s’ajouter à une situation déjà désastreuse et a rendu les populations particulièrement vulnérables à l’apparition de maladies et à la faim. 3,5 millions de personnes devraient être confrontées à une insécurité alimentaire aiguë à grave ; 3,1 sont des personnes déplacées à l’intérieur du pays, des rapatriés et des personnes menacées d’apatridie.

Outre son lourd bilan humain et sanitaire, la pandémie affecte gravement les économies déjà fragiles des pays du G5-Sahel, avec le risque d’une grave contraction du Produit Intérieur Brut (PIB) qui pourrait atteindre 7 à 8% en 2020 pour certains pays, comme le mentionne le communiqué final du Sommet France – G5-Sahel, qui s’est tenu à Nouakchott le 30 juin 2020. La crise sanitaire mondiale, est devenue une crise économique et sociale, qui génère des crises sociopolitiques et sécuritaires, qui peuvent s’aggraver si une deuxième vague devait se concrétiser.

Nous pensons toujours qu’une approche de compassion est nécessaire pour surmonter la crise actuelle, une approche qui implique un assouplissement ou une suspension des sanctions économiques, afin de permettre aux pays de maintenir leur réponse médicale et économique à l’épidémie.

Monsieur le Président,

Une crise comme celle-ci, appelle notre conscience collective à s’inspirer de notre expérience récente, pour trouver des solutions. Aussi néfaste que l’épidémie d’Ebola de 2014-2016 ait été pour l’Afrique, les leçons tirées de cette épidémie auraient pu nous montrer comment faire face à la pandémie actuelle.

Le mot d’ordre, semble avoir été « investir dans la préparation », car comme nous l’avons vu avec le virus Ebola, que les maladies virales évoluent plus rapidement que les mécanismes d’urgence et de financement. L’Union africaine et le Centre africain pour le contrôle et la prévention des maladies ont travaillé très tôt, avec les gouvernements de tout le continent, pour mettre en place une intervention globale et fondée sur des faits, afin de réduire et de ralentir la transmission du virus, d’aider les systèmes de santé à mieux gérer l’afflux de patients et les communautés à mieux s’adapter à la perturbation des activités sociales, culturelles et économiques.

Au niveau national, le Niger continue à appliquer et à promouvoir les protocoles approuvés par l’Union africaine et l’Organisation mondiale de la santé. Malgré la baisse du nombre de cas, nous restons vigilants et avons intensifié la surveillance, la communication des risques, l’engagement communautaire et la coordination entre les États membres de la CEDEAO, actuellement présidée par le Niger.

En outre, l’utilisation des médias sociaux pour la diffusion de fausses informations et de la propagande sur la pandémie est une source de préoccupation majeure. Ces fausses nouvelles entravent la réponse des gouvernements à la COVID-19, en propageant des théories conspirationnistes sur la maladie, en stigmatisant des groupes de populations et en suscitant la haine. Nous saluons le lancement par les Nations unies de la campagne « Vérified », qui vise à contrer cette désinformation, à l’aide de faits et de données scientifiques.

Par conséquent, comme ce fut le cas lors de l’épidémie d’Ebola en Afrique, les gouvernements doivent établir la confiance, être honnêtes avec la population et s’assurer que le public reçoit des informations exactes, opportunes et appropriées, afin de ne pas répéter des erreurs qui nous ont coûté cher, en termes de propagation de la maladie.  Dans ces deux crises, il était prioritaire de s’assurer que la plupart des informations soient contextualisées au niveau local et qu’elles soient partagées par les experts de la santé, en prenant en compte les coutumes et pratiques locales.

Monsieur le Président,

Alors que nous célébrons le 20e anniversaire du l’Agenda « Femmes, paix et sécurité », je ne peux pas terminer mon intervention sans rendre hommage et souligner le rôle important que jouent les femmes dans tout effort de réponse viable. Non seulement elles constituent la majorité des travailleurs de la santé, ce qui les place en première ligne face à l’infection, mais elles sont aussi des victimes, chaque fois que des crises comme celles-ci surviennent. La crise actuelle de Covid-19 a également conduit à une autre pandémie, à savoir la violence domestique contre les femmes et les enfants.

C’est un domaine dans lequel nous pouvons et devons faire mieux.

Je vous remercie

Déclaration de M. Abdou Abarry Représentant permanent du Niger auprès des Nations unies au debat de haut niveau sur les implications de COVID-19  sur la paix et la sécurité internationales…

« Le Niger continue à appliquer et à promouvoir les protocoles approuvés par l’Union africaine et l’Organisation mondiale de la santé. Malgré la baisse du nombre de cas, nous restons vigilants et avons intensifié la surveillance, la communication des risques, l’engagement communautaire et la coordination entre les États membres de la CEDEAO, actuellement présidée par le Niger »…

Nous pensons toujours qu’une approche de compassion est nécessaire pour surmonter la crise actuelle, une approche qui implique un assouplissement ou une suspension des sanctions économiques, afin de permettre aux pays de maintenir leur réponse médicale et économique à l’épidémie.