Déclaration de M. Abdou ABARRY,  Représentant Permanent du Niger auprès des Nations Unies au briefing du Conseil de Sécurité sur la situation en Libye

Déclaration de M. Abdou ABARRY, Représentant Permanent du Niger auprès des Nations Unies au briefing du Conseil de Sécurité sur la situation en Libye

Monsieur le Président,

Je voudrais, à l’entame de mon propos, adresser mes remerciements à M. Ján Kubiš, Envoyé Spécial du Secrétaire-Général pour la Libye et l’Ambassadeur T. S. Tirumurti, Président du Comité de Sanctions 1970, pour leurs exposés édifiants et pour leur engagement soutenu en faveur de la stabilisation de la situation en Libye.

Les informations que vous venez de nous fournir, nous permettent de prendre la mesure de la situation en Libye en termes de progrès accomplis dans la mise en œuvre de la feuille de route de novembre 2020 et de défis qui restent à être surmontés dans le processus politique et de réconciliation nationale.

A six mois des échéances électorales de décembre 2021, la Libye se trouve à un tournant déterminant pour réussir le pari de la réconciliation entre ses filles et ses fils, panser les plaies et jeter les bases d’un avenir démocratique, paisible et prospère, après plus d’une décennie de chaos et de divisions.

C’est pourquoi, les résistances et les lenteurs observées dans la mise en œuvre de certains prescrits du Forum de Dialogue Politique Libyen (FDPL) rappellent la nécessité pour les acteurs politiques Libyens, de faire preuve d’un sursaut patriotique renouvelé, pour transcender les derniers obstacles au bon aboutissement du processus transitionnel en cours.

Au vu de ce qui précède, je voudrais faire les remarques suivantes :

Sur le Plan sécuritaire, après dix ans d’une guerre fratricide, la Libye fait des progrès vers une paix durable grâce aux efforts de réconciliation portés par les Libyens eux-mêmes et à l’accompagnement positif des pays voisins et de la communauté internationale.

Le rôle des Nations Unies, à travers la MANUL y a été prépondérant.  Toutefois, nous craignons que les armes qui se taisent en Libye ne resonnent de façon plus assourdissante au Sahel qui, il faut le dire subit sa deuxième vague d’impacts de la situation en Libye. La récente situation survenue au Tchad en est une parfaite illustration. 

A cet effet nous rappelons l’ultime nécessité de mettre en place un plan ordonné de retrait des combattants étrangers et des mercenaires de la Libye avec un mécanisme d’accompagnement des pays du Sahel, en termes de reformes du secteur de sécurité, mais surtout, de Désarmement, de Démobilisation et de Réintégration.

Face au péril de dissémination des armes sophistiquées et des combattants bien entrainés et aguerris, à travers les frontières poreuses des pays sahéliens voisins de la Libye, le premier défis à relever, s’avère donc être, la sécurisation et la surveillance de ces frontières.

En effet, depuis 2018, le Tchad, le Niger, la Libye et le Soudan essaient de coordonner la sécurité à leurs frontières contre la menace venant du sud de la Libye. Ainsi, nous appelons le Conseil de Sécurité à se pencher davantage sur cette question, avec l’attention requise, en vue de conjurer les éventuelle menace à l’intégrité des pays sahéliens voisins. 

En outre, à l’instar de la réunion ministérielle, tenue le 18 mai dernier par le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine, ma délégation soutient l’importance du respect des clauses du cessez-le-feu et de la cessation des violations de l’embargo sur les armes.  

Aussi, et comme ressort des conclusions de la 961ème réunion du Conseil de Paix et de Sécurité, nous encourageons une bonne coopération entre l’ONU et l’Union Africaine, dans le cadre de la prise de mesure, pouvant soutenir le mécanisme de surveillance du cessez-le-feu en Libye.

Sur le plan politique nous saluons le rôle clé joué par le Forum de dialogue politique libyen.

Cette dynamique doit être maintenue afin de permettre la tenue d’élections nationales le 24 décembre 2021, conformément à la feuille de route du Forum de dialogue politique libyen et comme demandé par la résolution 2570 (2021) du Conseil de sécurité. Nous saluons la MANUL pour ses efforts de facilitation et d’appui à la finalisation des projets de documents constitutionnels et électoraux et fondons l’espoir que le FDPL va se pencher sur la question lors de sa réunion virtuelle prévue les 26 et 27 mai, pour permettre leur adoption, conformément à l’échéance de juillet 2021, fixée par la feuille de route.

Ma délégation salue également les efforts des Co-facilitateurs du Groupe de travail du Comité international de suivi des conclusions de la Conférences de Berlin pour les appuis et les conseils avisés qu’ils prodiguent aux acteurs de la transition, en vue de faire avancer le processus de transition.

Par ailleurs, nous nous félicitons de la tenue d’élections municipales malgré les défis politiques, sécuritaires et ceux liés à la pandémie, ce qui démontre l’attachement des Libyens aux valeurs démocratiques et de paix.   

Je ne saurais terminer mon propos, sans exprimer les inquiétudes de mon pays quant à la situation des migrants et refugiés estimés à 571,000 en Libye et souligner la nécessité de revoir la politique de débarquement, en terre libyenne, des migrants et des réfugiés interceptés en mer. Les mauvaises conditions dans lesquelles se trouvent des femmes et des enfants, dans les centres de détentions arbitraires doivent nous interpeler à plus d’un titre. C’est pourquoi, le Niger entend proposer que le Conseil discute de cette problématique en temps opportun.

Pour leur part, les pays voisins de la Libye, de concert avec l’Union Africaine, devraient sans plus tarder, jeter les bases, pour la tenue du Forum de Réconciliation Nationale, dont l’importance ne plus à démontrer, dans le processus de sortie de crise en Libye.

Je vous remercie.