Déclaration de M. Abdou Abarry, Représentant Permanent du Niger auprès des Nations Sur la situation au Moyen Orient, y compris la question Palestinienne

Déclaration de M. Abdou Abarry, Représentant Permanent du Niger auprès des Nations Sur la situation au Moyen Orient, y compris la question Palestinienne

Merci Monsieur le Président,

Je voudrais, tout d’abord, remercier Mesdames Lynn Hastings et Yudith Oppenheimer pour la qualité de leurs exposés sur la situation qui prévaut au Moyen-Orient.

Je salue la présence des Représentants Permanents d’Israël et de la Palestine à ce débat.

Monsieur le Président,

Il y a de cela deux mois, et après d’intenses efforts diplomatiques, un cessez-le-feu a été trouvé pour mettre fin à l’une des escalades les plus meurtrières dans le cycle de violences entre Israël et la Palestine. Conscients de la fragilité de cette trêve, nous avions, également, rappelé la nécessité de renforcer, de part et d’autre, les mesures pouvant contribuer à la consolidation du cessez-le-feu mais aussi au retour de l’apaisement et de la confiance entre Israéliens et Palestiniens, afin de favoriser les conditions d’une reprise du processus de paix.

Au regard de la situation que nous observons dans la région, depuis quelques temps, cette perspective d’une coexistence pacifique entre ces deux peuples et le retour de la paix, semble s’éloigner davantage, laissant toujours planer le spectre de l’instabilité et de la violence.

Les tirs de ballons incendiaires en direction d’Israël, depuis Gaza, sont des actes qui doivent cesser. Cela est aussi vrai pour la politique effrénée de colonisation menée par Israël, depuis plusieurs décennies, dans les territoires palestiniens avec son lot incalculable de souffrances et de désolations.

Les récentes démolitions du 29 juin à Silwan dans le quartier occupé d’Al-Bustan de Jerusalem-Est ainsi que celles du 7 juillet dans le village bédouin de Humsa Al-Baqai’a situé dans la vallée du Jourdain, sont illustratives de cette politique. Au cours de cette dernière opération, plusieurs structures d’habitation et agricoles, y compris celles   financées par la communauté internationale ont été démolies laissant près de 65 personnes, dont 35 enfants, sans eau ni nourriture et dépourvues de tout abris contre les fortes températures de la vallée du Jourdain au cours de cette saison. Très souvent exécutées sur la base de règlements militaires, ces sinistres opérations israéliennes interviennent sans qu’une possibilité de recours soit donnée aux populations palestiniennes qui, de ce fait, ne peuvent que se soumettre au dictat de la puissance occupante, qui, dans le meilleur cas, les conduisent à des transferts forcés, ou pire, à l’abandon total.

Le Niger rappelle, une fois encore, que les destructions et la saisie des propriétés privées, tout comme la confiscation des terres et l’implantation de colonies de peuplement en territoires occupés sont interdites par le droit international ; elles violent les résolutions des Nations-Unies, y compris la résolution 2334 (2016) ; elles sapent les efforts déployés par la communauté internationale pour le dénouement heureux de ce conflit ; et elles augmentent, sans cesse, les risques de confrontations entre ces deux peuples.

Du reste, c’est la poursuite de la colonisation, de l’injustice et de la discrimination à l’égard du peuple palestinien qui engendre le mécontentement, la révolte et la violence. Les tragiques évènements, de mai dernier, tout comme la recrudescence des mouvements de protestation dans les territoires occupés illustrent bien cette réalité et devraient inciter le Conseil de sécurité, de par ses obligations, à tout faire pour y mettre fin.

Monsieur le Président,

A ce stade de mon propos, je voudrais évoquer deux autres aspects, tout aussi affligeants, liés à la poursuite de la politique de colonisation menée par Israël dans les territoires palestiniens occupés. Il s’agit notamment, du traumatisme causé aux enfants palestiniens par la démolition de leurs maisons ainsi que le système d’apartheid découlant des multiples violations des droits humains des palestiniens.

Selon un récent rapport de l’ONG Save the Children, les démolitions des structures palestiniennes ont délogé au moins 6000 enfants au cours des douze dernières années. Quatre enfants palestiniens sur cinq dont les maisons ont été détruites par Israël affirment se sentir « abandonnés » par le monde. La majorité des enfants interrogés présentent également des taux élevés de détresse psychologique, notamment des sentiments de tristesse, de peur, de dépression et d’anxiété.

Toutes ces restrictions, arrestations arbitraires et discriminatoires instaurent pour les populations palestiniennes, un climat d’humiliation, de peur et d’oppression quotidienne. Ces graves atteintes aux droits des palestiniens, dont de milliers de femmes et d’enfants, en raison de l’occupation illégale d’Israël, devraient nous interpeler et nous inciter à plus d’engagement et de fermeté pour mettre fin à la désolation et au drame dans lequel se trouvent ses populations depuis plusieurs décennies déjà.

Du reste, c’est à ce prix que nous pourrions espérer le retour de l’apaisement et de la confiance entre Israéliens et Palestiniens, ainsi que des conditions propices à la reprise des pourparlers en vue de la réalisation de la seule solution qui vaille, c’est-à-dire la solution à deux Etats.

Pour donner toutes ses chances à la réalisation de cet objectif, nous appelons la communauté internationale, le Quartet, les membres du Conseil ainsi que les acteurs régionaux à continuer d’exercer la pression nécessaire en vue de parvenir à l’arrêt de tous les actes et pratiques qui mettent en péril la paix et la coexistence pacifique entre Israéliens et Palestiniens.

Monsieur le Président,

Pour conclure, ma délégation reste préoccupée par la situation dans la bande de Gaza. Après les bombardements, de mai dernier, sur cette enclave, les autorités Israéliennes ont intensifié les restrictions sur l’entrée et la sortie régulière des marchandises aux points de passage vers Gaza. Si ces restrictions se maintenaient davantage, elles auront de graves répercussions sur l’acheminement de l’aide humanitaire, pourtant essentielle pour le redressement et la reconstruction de Gaza, mais aussi sur l’économie de Gaza.

C’est pourquoi nous exhortons Israël à plus de compassion à l’égard de la population de Gaza, tant éprouvée, en assouplissant ses mesures afin d’éviter la catastrophe qui se profile à l’horizon.

La puissance occupante doit assumer ses responsabilités, en vertu du droit international humanitaire, pour protéger les droits des populations sous son contrôle. Le Niger réaffirme que seul le retour aux paramètres internationaux et la reprise du processus de paix devant conduire à la réalisation de la solution à deux Etats viables, souverains et indépendants, vivants côte à côte dans la paix et la sécurité, pourrait conduire à une solution durable de la crise.

Je vous remercie.

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