Allocution de M. Aougui Niandou Représentant Permanent Adjoint du Niger auprès des Nations Unies sur   la: « Menaces à la paix et à la sécurité internationales causées par les actes terroristes »

Allocution de M. Aougui Niandou Représentant Permanent Adjoint du Niger auprès des Nations Unies sur la: « Menaces à la paix et à la sécurité internationales causées par les actes terroristes »

Je vous remercie M. le président pour l’organisation de ce débat. Je voudrais également remercier M. Vladimir Voronkov, Madame Michele Coninsx et M. Davood Moradian pour la richesse et la clarté de leurs exposés. Enfin mes remerciements vont au Secrétariat général pour l’élaboration du 13eme rapport sur la menace que représente DAECH à la paix et à la sécurité internationales et sur l’action menée par l’Organisation des Nations Unies pour aider les Etats membres à contrer cette menace.

M. le Président,

Il y a six (06) mois, lorsque nous débattions du 12eme rapport du Secrétaire général sur l’évaluation de la menace terroriste internationale, ma délégation exprimait sa satisfaction des développements positifs observés en 2020, dans le cadre de la lutte antiterroriste mondiale qui s’étaient traduits par la neutralisation de plusieurs hauts cadres de commandement des organisations terroristes en Irak, en Syrie mais aussi en Afrique.

Aujourd’hui, très malheureusement, la situation est alarmante. Mon pays est préoccupé par la résilience et la capacité d’adaptation dont fait montre, l’organisation terroriste DAECH qui, ayant perdu tout contrôle territoriale en Irak et en Syrie, a réussi à exporter ses atrocités dans plusieurs autres régions du monde, dont l’Afrique. En effet, le continent est devenu l’épicentre des activités terroristes mondiales comme l’indique si clairement le 13eme rapport sur la question, du Secrétaire général. Les statistiques montrent que depuis la fin 2019, plus de deux tiers d’attaques terroristes commises par les combattants de DAECH dans le monde, ont lieu sur le continent africain, en majorité dans les régions du sahel et du bassin du lac Tchad.

Cette expansion rapide de la menace de DAECH en Afrique, s’est opérée par le biais de plusieurs groupes locaux affiliés à l’organisation terroriste et dont les principaux sont : l’Etat Islamique au Grand Sahara (EIGS), Jama’at Nasr al-Islam wal Muslimin (JNIM), Boko Haram, Province de DAECH en Afrique de l’Ouest (ISWAP) qui opèrent en Afrique de l’Ouest et au Sahel, Al Shabab et Province de DAECH en Afrique centrale (ISCAP) qui sévissent à l’Est et au Centre du Continent.

Mon pays, le Niger, confronté à des menaces terroristes depuis quelques années dans au moins trois de ses frontières, à l’ouest, au sud et au nord, connait depuis le début de cette année 2021, une hausse d’atrocités commises par des groupes terroristes essentiellement affiliés à DAECH et dans une moindre mesure à Al Qaida. Une dizaine d’attaques armées enregistrées au cours du premier semestre de l’année, a fait près de 500 morts, dont la plupart sont des personnes civiles. La majorité de ces attaques a été perpétrée dans l’ouest du pays, dans la zone dite de trois frontières (Mali-Niger-Burkina Faso).

M. le Président,

Cette recrudescence d’attaques terroristes dans les pays africains intervient à un moment où presque toute l’attention de la communauté internationale est tournée vers la lutte contre la pandémie du Covid-19. Une calamité ne doit pas en cacher une autre. Les efforts que nous consentons pour éradiquer la propagation du coronavirus ne doivent pas nous faire oublier la menace du terrorisme international. Cela est d’autant vrai que les multiples défis auxquels font face depuis toujours les gouvernements et les populations des régions africaines affectées par ce fléau, les rendent encore plus vulnérables. Ces défis ont pour noms : pauvreté, famine, précarité, ignorance, chômage des jeunes, porosité des frontières, conflits intercommunautaires. Tous ces défis ont facilité l’expansion rapide de la menace terroriste que j’évoquais plus haut. La faiblesse des systèmes de défense de ces pays, ainsi que les instabilités politiques sont des facteurs aggravants.

Devant une situation aussi dramatique, la communauté internationale a le devoir de prendre urgemment des mesures pour aider, avant qu’il ne soit trop tard, les gouvernements des pays africains affectés. Car il faut le souligner, DAECH n’a jamais caché son ambition de retrouver la capacité de planifier et de fomenter des attaques internationales, même à travers le biais de l’un de ses affiliés régionaux, devenu puissant.

M. le Président,

Ma délégation est d’avis que le combat contre le terrorisme ne se gagne pas uniquement au moyen des forces militaires. Il se gagne aussi à travers la mise en œuvre des programmes de développement et des mesures visant à éradiquer les comportements sous-jacents qui facilitent l’émancipation du terrorisme. Il s’agit notamment de la corruption, du commerce illicite des ressources naturelles et du blanchiment d’argent, pour ne citer que ceux-là. Les Etats doivent, à cet effet, œuvrer au respect des recommandations formulées dans la résolution 2462 (2019) relative à la lutte contre le financement du terrorisme ainsi que de toutes les résolutions pertinentes du Conseil visant à prévenir et à lutter contre l’extrémisme violent, l’émergence et la diffusion en ligne des idées et discours terroristes.

C’est à ce niveau que je voudrais saluer les efforts remarquables de toutes les entités compétentes des Nations Unies et particulièrement, l’Office des Nations Unies contre le Terrorisme (ONUCT), la Direction Exécutive du Comité contre le Terrorisme (DECT) et l’Organisation des Nations Unies contre les Drogues et le Crime (ONUDC) qui, en dépit des contraintes liées à la pandémie du Covid-19, ont su trouver les voies alternatives nécessaires pour assurer la continuité du renforcement de capacité des Etats membres, aux moyens des procédures innovantes d’évaluation à distance, de formation en ligne et d’organisation d’évènements virtuels.

M. le Président,

Je voudrais pour terminer mon propos, réaffirmer la conviction de mon pays que la lutte contre le terrorisme requiert l’engagement de tous. Et pour qu’elle soit efficace, notre approche doit être globale, prenant en compte les raisons sociales, économiques et politiques de la radicalisation. Les actions militaires doivent nécessairement être accompagnées par des actions softs de développement et de bonne gouvernance.

Je vous remercie.  

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