Allocution de M. Abdou ABARY Représentant Permanent du Niger auprès des Nations Unies au débat de Haut Niveau du Conseil de Sécurité sur « L’action contre les mines et le maintien de la paix : Des partenariats renforcés pour de meilleurs résultats »

Allocution de M. Abdou ABARY Représentant Permanent du Niger auprès des Nations Unies au débat de Haut Niveau du Conseil de Sécurité sur « L’action contre les mines et le maintien de la paix : Des partenariats renforcés pour de meilleurs résultats »

Monsieur le Président,

Permettez-moi, Monsieur le Président, de féliciter, a travers vous, le Vietnam pour son accession à la présidence du conseil de sécurité, pour le mois d’Avril 2021.

Comme l’a si bien mentionné le Secrétaire General, à l’occasion de la Journée internationale pour la sensibilisation au problème des mines et l’assistance au déminage, le 4 avril, le moment est venu de se remémorer du chemin parcouru, dans la sensibilisation aux dangers que représentent les mines et de nous engager à nouveau pour atteindre l’objectif d’un monde débarrassé des mines.

C’est pourquoi, je voudrais remercier le Vietnam, pour avoir initié ce débat de haut niveau, dont l’importance n’est plus à démontrer, tant la problématique de la lutte contre les mines terrestres, les restes d’explosifs de guerre et les engins explosifs improvisés, demeure encore, un sujet de vive préoccupation. Selon le rapport de l’Observatoire des mines, publié en novembre 2020, il a été enregistré 5 554 victimes de mines en 2019 dont, 80 % sont des civils, avec 43 % d’enfants.

En effet, les mines et les engins explosifs improvisés, comme le révèle l’actualité brulante, continuent à faire de nombreuses victimes dans le monde, incluant le personnel civil et militaire participant à des opérations de stabilisation. Elles freinent considérablement l’épanouissement des activités humaines et la mise en œuvre des programmes de développement durables, notamment dans les régions affectées par les conflits.

Permettez-moi de remercier le Secrétaire Général ainsi que Stefano Toscano, et Nguyen Thi Dieu Linh, pour leurs brillantes présentations sur ce sujet.

Monsieur le Président,

Alors que nous rendons hommage aux soldats de la paix de l’ONU, qui  mènent leur mission, malgré la pandémie actuelle, il faut reconnaître que ces missions opèrent dans des conditions difficiles, dans des zones souvent dépourvues de routes ou d’autres infrastructures de transport, et aux frontières poreuses. C’est dans ce contexte que, les acteurs armés non étatiques, ont intensifié leurs attaques au moyen de mines et autres engins explosifs improvisés, menaçant la sécurité des populations, en premier lieu celle des femmes, les enfants, et des travailleurs humanitaires.

Comme l’a si justement relevé, le Secrétaire général des Nations unies, dans son rapport intitulé « Approche globale de l’action contre les mines”, mon pays est aussi d’avis que l’engagement des parties au conflit prenne en compte le nécessité d’atténuer le risque que représentent les engins explosifs pour les civils. Il est dès lors indispensable d’inclure l’élimination des mines dans les cessez-le-feu et les accords de paix, en tant que mesures essentiellespour obtenir des résultats probants.

De même, il est urgent, si l’on voulait atteindre cet objectif, que les États et toutes les parties prenantes s’attèlent à assurer l’universalisation et la mise en œuvre complète de la Convention d’Ottawa sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et de leur destruction.

Monsieur le Président,

Même si le nombre de victimes des mines antipersonnel dans le monde a connu une diminution notable, ce phénomène reste toujours d’actualité. Les récentes attaques contre les casques bleus au Mali, sont là pour rappeler que la prolifération de ces engins, continue de constituer un sérieux danger dans d’autres contrées du monde, notamment le Sahel central, qui est, de nos jours, parmi les zones du monde, les plus touchées, malgré l’adoption de plusieurs conventions et autres instruments, tels que la résolution 2365.

Pour sa part mon pays, le Niger, a ratifié la Convention sur l’interdiction des mines anti-personnelles en mars 1999. Fort de son expérience des rébellions armées qu’il a connues dans les années 1990-2000, il a créé en 1994, une Commission nationale pour la collecte des armes illicites et du déminage humanitaire (CNCAI), pour mettre en œuvre un programme national d’urgence de lutte anti-mines et d’assistance aux victimes.

En outre, avec l’intensification ces dernières années, des activités terroristes dans la région du Sahel et dans celle du bassin du Lac Tchad, le Niger a intensifié ses actions de déminage, ce qui a permis de déceler la présence d’un champ de mines, de type APID 51, autour du poste militaire avancé de Madama, estimé, à 2400m2. Une enquête technique menée en 2014, a redéfini et confirmé d’importants de champs de mines. Dans le même temps, une zone juxtaposée à la première a révélé un minage mixte, de mines anti personnel et anti-véhicules. C’est ainsi qu’en 2014, la Commission a déployé ses équipes, qui ont lancé le processus de dépollution.

C’est du fait de ces mines, qu’un véhicule transportant les membres d’un bureau de vote, pour les élections qui viennent de se tenir dans mon pays, a sauté sur une mine, tuant sept (07) de ses occupants

Au vu de ce qui précède, ma délégation voudrait faire les recommandations suivantes :

  • Tout comme nous l’avons fait pour d’autres questions thématiques, nous devons nous engager pour un renforcement des capacités et pour  une action plus soutenue de ce Conseil, à travers une intégration systématique de l’action contre les mines, dans les mandats des opérations de maintien de la paix, ainsi que dans la planification des opérations humanitaires et de développement au niveau national mais aussi international ;
  • Nous devons aussi nous atteler à mettre en œuvre les recommandations issues des différents rapports du Secrétaire General sur le sujet, notamment l’amélioration du partage de l’information et des technologies, l’amélioration de la capacité à répondre aux urgences, le soutien des capacités nationales de lutte contre les mines, et un plaidoyer accru en faveur de la mise en œuvre des instruments juridiques pertinents, mais aussi et plus particulièrement, répondre à la question du sous financement persistant, en matière d’aide aux pays en proie à ces problèmes, y compris l’indemnisation des survivants.

Pour conclure, il est indispensable de renforcer la coopération et la coordination régionale et internationale, compte tenu de la multiplicité des acteurs, pour obtenir plus d’efficacité dans l’action anti-mines, afin de mieux répondre aux besoins des communautés et des pays les plus touchés. Tout aussi important, est le renforcement des capacités des États à fournir le niveau adéquat de soins, physiques comme psychosociaux, et à assurer la réinsertion des soldats et des populations touchées par les mines, comme cela a été mentionné dans le rapport de 2019, du Secrétaire Général, sur cette question.

Je vous remercie

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.